Ce qui frappe, c'est la simplicité du témoignage...

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Jeudi 5 janvier 2017 : Bienheureux François Peltier, Jacques Ledoyen et Pierre Tessier (Fr. Clément-Marie)

 

Si le sang des martyrs est semence de chrétiens, alors les livres d’Histoire ont raison : la Révolution française a été une période très féconde pour notre Pays… Mais si la mémoire d’une nation forge son identité, alors il faudra guérir certaines amnésies pour que la France soit ce qu’elle doit être…

Le 26 août 1792, tous les prêtres doivent quitter le territoire s’ils n’ont pas prêté le serment constitutionnel demandé deux ans plus tôt. Ce sont alors 30 000 à 40 000 prêtres qui vont s’exiler. Beaucoup d’autres vivront désormais dans la clandestinité, poursuivis et menacés de mort à chaque instant.

Nous fêtons aujourd’hui trois de ces prêtres, qui font partie des 99 martyrs d’Angers. Qui sont ces martyrs d’Angers ? 12 prêtres, 3 religieuses, 84 laïcs. Dans ces 99 martyrs, 83 femmes, ayant de 23 à 85 ans. Pourquoi 99 martyrs ? Le diocèse d’Angers en avait choisi 100 parmi les nombreuses victimes, 100 pour le symbole, pour représenter tous les autres, et pour lesquels il a pu être clairement établi qu’ils ont été mis à mort pour des motifs religieux ; la cause fut introduite, ironie de l’Histoire, en 1905. Mais Pie XI, impressionné par le cas de Noël Pinot, le mit à part pour le béatifier dès 1926 ; revêtu par dérision pour son exécution des ornements sacerdotaux, il s’était arrêté au bas de l’échafaud pour réciter les prières au bas de l’autel : « Je m’avancerai vers l’autel de Dieu… » Les 99 autres seront donc béatifiés par Jean-Paul II en 1984. Ainsi qu’il le souligne, ils sont tout un peuple : des prêtres, des laïcs, hommes, femmes ; jeunes, âgés ; aristocrates, paysans, artisans… Comme le dira Jean-Paul II, « ce qui frappe, c’est la simplicité du témoignage. Ils ne cherchaient pas à passer pour des héros, à étonner, à provoquer ; le martyre est vécu comme par surcroît, requis par la fidélité. » Des réponses pleines de bon sens, simples. À l’un d’eux on demande pourquoi il n’a pas prêté serment. Réponse : « L’Assemblée ayant laissé la liberté des opinions, je ne l’ai pas prêté parce que ce n’était pas la mienne. » Cette réponse lui vaudra un F dans la marge de la relation de son procès. F comme Fusillé. Il y aura en 3 mois 9 journées de fusillades ; le 18 janvier, 250 personnes seront fusillées ; le 1er février, elles seront 400. À Angers, de nombreux détenus sont incarcérés à la prison du Calvaire, réservée aux femmes et aux enfants ; l’hiver est très rigoureux, le chauffage inexistant, la nourriture rare. Des mères emprisonnées avec leurs enfants verront mourir auprès d’elles de froid, de malnutrition, sans pouvoir rien faire, jusqu’à 5 de leurs enfants…Voilà comment la Révolution vivait la belle devise : « Liberté, égalité, fraternité... »

Les trois prêtres que nous fêtons aujourd’hui n’ont pas eu un F dans la marge de la relation de leur procès, mais un G. Ils ont été guillotinés ensemble le 5 janvier 1794 : Le Père François Peltier, 66 ans ; le Père Jacques Ledoyen, 33 ans, et le Père Pierre Tessier, 27 ans, qui avait suivi l’armée vendéenne ; il fut jugé le matin du 5 janvier, et exécuté l’après-midi. Aucun des prêtres arrêtés n’avait porté les armes, mais ils n’avaient pas prêté le serment, ou avaient dit la messe pour des Vendéens, ce qui suffit à prouver la gravité de leur crime. Le martyrologe romain porte simplement cette phrase : « [Ils] furent guillotinés pour être demeurés fidèles à leur sacerdoce. » Ils sont donc tout simplement martyrs à cause de l’exercice quotidien de leur ministère sacerdotal... Certains laïcs seront fusillés aussi, pour avoir seulement assisté à la messe d’un prêtre réfractaire, pour être le père d’un tel prêtre, ou pour en avoir hébergé une nuit.

En recevant les pèlerins français à la béatification, le Pape Jean-Paul II leur résuma le message de ces martyrs : « Ce qu’ils voulaient, c’était rester fidèles à l’Église. (…) Pour eux, la religion comprenait la faculté de puiser librement aux sources de grâce offertes par cette Église, l’Eucharistie, les pèlerinages, le culte du Sacré-Cœur, de la Vierge. L’intuition était qu’en s’écartant de cela, on trahirait vite l’essentiel, et malheureusement l’expérience l’a montré. » Autrement dit, ils étaient des hommes et des femmes de foi, une foi vécue si profondément qu’elle fut en eux indéracinable.

Demandons humblement à ces martyrs, trop oubliés aujourd’hui, mais glorieux, leur foi profonde et leur attachement indéfectible à l’Église.

Terminons par ces autres mots de Jean-Paul II, pour la même occasion, qui prennent actuellement un relief tout particulier : « La béatification de tels martyrs nous plonge dans le monde immense des persécutés de tous les temps et surtout de ceux qui souffrent aujourd’hui pour leur foi. Gardons-nous de les oublier ! ».

 

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