Chaire de Saint Pierre : Qu'est ce que le Magistère ?
Homélie de la Chaire de Saint Pierre, 22 février 2014, forum à Sens
En ce samedi 22 février, l’Eglise universelle fête liturgiquement la Chaire de Saint Pierre. Saint Augustin disait de cette Fête :
« Le Christ a donné à Pierre les clefs du royaume des cieux, le pouvoir divin de lier et de délier; mais l'Apôtre n'a reçu en sa personne un privilège si étonnant et si personnel, que pour le transmettre d'une manière générale, et en vertu de son autorité, à l'Eglise de Dieu. Aussi avons-nous raison de regarder le jour où il a reçu de la bouche même du Christ sa mission apostolique ou épiscopale, comme celui où la chaire lui a été confiée. Celui qui s'y trouve assis, appelle à la foi les futurs croyants; il rend la santé aux malades, donne des préceptes à ceux qui n'en connaissent pas et impose aux fidèles une règle de vie; l'enseignement tombé du haut de cette chaire, de notre Eglise, c'est-à-dire de l'Eglise catholique, nous le connaissons, nous y puisons notre joie; c'est l'objet de notre croyance et de notre profession de foi; c'est sur cette chaire qu'après avoir pris des poissons, le bienheureux Pierre est monté pour prendre des hommes et les sauver ».
Il me semble important, en cette Fête de la Chaire de Saint Pierre, de préciser ce qu’est la fonction du Magistère.
Tous ceux qui ont reçu le sacrement de l’Ordre n’exercent pas le « Magistère » mais tous exercent un « ministère », un service sacramentel pour, dans le Christ, enseigner, sanctifier, gouverner. La fonction du Magistère est, elle aussi, un service, mais le service donné par le Maître qui a autorité. Le Magistère, dans l’Eglise, est exercé d’une double manière :
- par Pierre d’une manière personnelle
- ou par le Collège des évêques d’une manière collégiale.
Le fondement du Magistère de Pierre est le passage évangélique de cette Messe : « Tu es Pierre ». Le fondement du Magistère collégial, Pierre + les 11, se trouve en Mt 18, 18 : « tout ce que vous lierez sera lié, tout ce que vous délierez sera délié ». Les grandes définitions dogmatiques ont été données par le Magistère du Collège des évêques dans les grands Conciles œcuméniques.
Le Magistère personnel du Pape ou le Magistère collégial du Collège des évêques peut être exercé sous la forme extraordinaire ou sous la forme ordinaire. Lorsque le Magistère du Pape ou le Magistère du Collège des évêques promulgue un enseignement infaillible, il exerce le Magistère sous la forme extraordinaire. Lorsque le Pape ou le Collège des évêques enseigne la doctrine et la morale sans faire appel à leur charisme d’infaillibilité, il exerce le Magistère ordinaire.
Face au Magistère, quelle doit être l’attitude des baptisés ? Pour le Magistère extraordinaire, chaque baptisé doit une ferme adhésion. Pour le Magistère ordinaire, le Concile Vatican II demande l’obéissance de l’intelligence et de la volonté pour un motif religieux. Cette obéissance ne supprime pas la liberté personnelle, mais elle permet, au contraire, de ne pas se laisser égarer par les subtiles tentations du père du mensonge qu’est Satan !
Prions la Vierge Marie, Mère de l’Eglise, de nous faire comprendre que le Magistère est un don du Christ pour garder l’Eglise dans la fidélité à la Vérité révélée. L’Edit de Milan en 313 a été une grâce pour l’Eglise : il mis fin aux grandes persécutions. Le christianisme devenait comme religion d’état, mais le risque était grand que l’Empereur veuille protéger le Pape et le dominer. Les évènements historiques et la chute de l’Empire romain ont, d’une certaine manière, « libéré » les Papes de la tutelle de l’Empereur. Mais la tutelle a perduré dans l’Empire d’Orient à Byzance puis à Moscou. Le Pape a été comme contraint, à Rome, d’exercer des fonctions politiques pour gouverner les Etats Pontificaux, défendre les habitants des invasions barbares et préservé leur liberté. Le Vatican est un tout petit Etat : 44 ha, mais il permet au Saint-Père et à l’Eglise d’être libres. Le Saint-Siège a actuellement le statut d’observateur permanent à l’ONU. Ce statut est contesté par des idéologues, mais il a été confirmé en 2004 avec l’appui des Etats-Unis. Les Papes, c’est évident, ne revendiquent aucun pouvoir politique, mais le Saint-Siège, de par le développement historique, a obtenu ce statut qui lui permet de faire entendre aux Nations la voix de la Sagesse et de rappeler la conviction de Jésus : à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. A la mort de Jean-Paul II un responsable politique non-chrétien a déclaré : il était la conscience du monde ! Personne ne peut mesurer l’action du Saint-Siège, mais, aujourd’hui, tous les historiens peuvent dire que l’Encyclique de Jean XXIII, Pacem in Terris, a eu un effet bénéfique pour le monde entier et a probablement évité une horrible guerre mondiale nucléaire. Remercions Jésus pour le Magistère du Pape que nous célébrons en cette Liturgie et prions la Mère de l’Eglise pour notre Pape François afin qu’il ait toutes les grâces d’état pour bien accomplir sa mission pétrinienne en ces temps difficiles pour l’humanité et l’Eglise. Il est convaincu que les temps difficiles peuvent devenir des temps de grâce.