Homélie de la saint Martin 2011
Saint Martin, homélie du 11 novembre 2011
En ce 11 novembre 2011, en union avec tous nos compatriotes, nous prions pour tous les soldats morts pour la France au cours du vingtième siècle, mais aussi au début de ce troisième millénaire. Nous n’oublions pas de prier également pour toutes les victimes des guerres, du terrorisme et des violences dans le monde. Notre prière s’élève vers Dieu en la Fête de Saint Martin. Pourquoi en cette fête ?
Les circonstances historiques sont connues de tous : parce que c’est le jour de l’armistice signé entre la France et l’Allemagne et mettant fin à l’horrible première guerre mondiale. Nous avons la conviction que Dieu dirige tous les événements du monde. Cela ne signifie pas qu’Il veut le malheur des hommes. Dieu n’est pas responsable des horribles guerres mondiales et des actes terroristes, ce sont les hommes qui le sont ! Mais Dieu a entendu la prière des petits qui criaient vers Lui en Le suppliant de donner la paix aux hommes. La Fête de la Saint Martin a donc été voulue par Dieu pour le don de la paix.
La divine Providence veut ainsi nous faire redécouvrir l’importance de ce Grand Saint qu’est Saint Martin pour la France. Les lectures choisies par l’Eglise pour sa Fête révèlent déjà les caractéristiques de sa sainteté : il a mis en pratique la prophétie de Michée : il ne s’est pas contenté de donner à Dieu un culte sans valeur en offrant des centaines de béliers ou de taureaux ou même, comme chez certains païens, en offrant son fils. Ce n’est pas ce culte là que Dieu attend de l’homme, disait le prophète Michée, mais ce qu’Il attend ce n’est rien d’autre que pratiquer la justice, aimer la miséricorde et marcher humblement avec Ton Dieu. L’officier romain Martin, puis l’évêque Martin a vécu cela à la perfection.
Il a mis en application le psaume 1 avec lequel nous venons de prier : servir le Seigneur a été toute sa joie ! Il a vraiment réalisé ce que Jésus demandait à ses disciples : ce que vous aurez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères c’est à moi que vous l’aurez fait !
Par ses vertus éclatantes et sa grande charité, Saint Martin est devenu le Grand Protecteur de la France et pourtant il n’était pas né Français. Son père, de l’Italie du Nord, était officier supérieur de l’armée romaine. Martin est né en Hongrie en 316. A l’âge de 10 ans, il est conquis par le christianisme, mais son père en fut très irrité. Il l’obligea à entrer dans l’armée à l’âge de 15 ans ! Martin ne s’opposa pas à son père. Il fut envoyé en Gaule et c’est à Amiens, un soir de l’hiver 338 qu’il partagea son manteau avec un pauvre transi de froid. Jésus lui apparut, la nuit suivante, sous les traits de ce pauvre avec la moitié de son manteau sur les épaules.
En 354, il révèle sa grandeur d’âme à l’occasion d’une bataille : pour ne pas verser le sang des Alamans, il s’offre comme bouclier humain. Les Alamans, non seulement, ne le tuent pas, mais, contre toute attente, demandent la paix ! Il restera encore 2 ans dans l’armée.
En 356, à l’âge de 40 ans, il reçoit le baptême et devient disciple de Saint Hilaire à Poitiers. Grâce à ce grand défenseur de la Foi, il gardera la vraie Foi en la divinité de Jésus. Il va s’installer à Ligugé où des disciples se mettent à son école. Il en fait des moines missionnaires pour l’évangélisation des campagnes de la Gaule. Sa renommée grandit à cause des grands miracles que Dieu lui permet d’accomplir pour convertir les païens et les libérer du culte des idoles.
Le 4 juillet 371, l’humble moine Martin est contraint d’accepter l’évêché de Tours. Evêque, il ne changera rien à son style de vie. Il vivra à Marmoutier une vie la pauvreté évangélique et continuera d’éduquer des moines évangélisateurs. Son œuvre missionnaire a été décisive pour l’évangélisation des campagnes de notre pays. Jusqu’à lui, en effet, seules les villes de la Gaule avaient été évangélisées. Saint Martin, le grand évangélisateur de nos campagnes, mourut le 8 novembre 397 à Candes et il fut enterré le 11 novembre à Tours. Son tombeau est devenu un grand lieu de pèlerinage pour notre pays. Clovis est venu prier Saint Martin.
Ce n’est donc pas, par hasard, que l’armistice de la première guerre mondiale ait été signé le jour de la Saint Martin. Prions le grand Saint Martin de nous aider à exercer, à sa suite, l’amour envers tous ! En ce temps de grave crise mondiale, économique, morale et spirituelle, qu’il inspire les dirigeants des Nations en leur rappelant la parole de l’évangile de ce jour : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères c’est à moi que vous l’avez fait ».
Qu’il leur fasse découvrir également ce que Benoît XVI leur a rappelé en Angleterre ou en Allemagne : il ne peut pas y avoir de vraie justice humaine sans respect de la Loi naturelle dont le seul fondement est Dieu. L’Eglise, certes, comprend la complexité des questions économiques et politiques, mais elle sait qu’un monde sans Dieu est un monde inhumain. Puisse St Martin aider les hommes de bonne volonté à comprendre que la vraie religion n’est pas une menace pour les démocraties, mais la solution. Le retour de Dieu dans le cœur des hommes permettra de rejeter toute violence et d’édifier la paix, fondée sur la justice, la vérité et l’amour.