L'amour ne calcule pas, ne mesure pas !

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Lundi saint 10 avril 2017 : (Saint Michel des Saints) (Fr. Jean-Régis)

Avec le Dimanche des Rameaux, nous sommes entrés hier dans la Semaine Sainte, et la liturgie nous fait revivre les dernières journées de la vie terrestre du Seigneur Jésus. Aujourd'hui, il nous conduit à Béthanie, où, précisément "six jours avant la Pâque" Lazare, Marthe et Marie offrirent un repas au Maître. Ce récit porte en lui un écho déchirant, empli d'affection et de dévotion ; un mélange de joie et de douleur : une joie festive pour la visite de Jésus et de ses disciples, pour la résurrection de Lazare, pour la Pâque désormais proche ; une profonde angoisse car cette Pâque pouvait être la dernière, comme le laissaient craindre les intrigues des Juifs qui voulaient la mort de Jésus et les menaces contre Lazare lui-même dont on projetait l'élimination.

Dans cet épisode évangélique, un geste attire notre attention, qui, aujourd'hui encore, parle de façon particulière à nos cœurs : Marie de Béthanie, "prenant une livre de parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux". Quel contraste entre l'amour de Marie pour le Christ, un amour surabondant, et la réaction scandalisée de Judas : la logique de l'amour s'oppose à celle du profit.

En effet, le geste de Marie est l'expression de foi et d'amour immenses pour le Seigneur : pour elle, il n'est pas suffisant de laver les pieds du Maître avec de l'eau, mais elle les oint d'une grande quantité de parfum précieux. L'amour ne calcule pas, ne mesure pas, ne regarde pas la dépense, n'élève pas de barrière, mais sait donner avec joie, et recherche simplement le bien de l'autre, vainc la mesquinerie, l'avarice, les ressentiments, la fermeture que l'homme porte parfois dans son cœur. Et le parfum se répand : « la maison s'emplit de la senteur du parfum ». La signification du geste de Marie, qui est la réponse à l'Amour infini de Dieu, se diffuse parmi tous les convives ; chaque geste de charité et de dévotion authentique au Christ ne demeure pas un fait personnel, ne concerne pas seulement le rapport entre la personne et le Seigneur, mais concerne tout le corps de l'Eglise : il diffuse amour, joie, lumière.

A l'acte de Marie s'opposent l'attitude et les paroles de Judas qui, sous le prétexte de l'aide à apporter aux pauvres, cachent l'égoïsme et la fausseté de l'homme refermé sur lui-même, esclave de l'avidité de la possession, qui ne se laisse pas envelopper par le bon parfum de l'amour divin. Judas calcule là où on ne peut pas calculer, il entre avec une âme mesquine là où l'espace est celui de l'amour, du don, du dévouement total. Et Jésus, qui jusqu'à ce moment était resté en silence, intervient en faveur du geste de Marie : « Laisse-la! Il fallait qu'elle garde ce parfum pour le jour de mon ensevelissement ». Jésus comprend que Marie a eu l'intuition de l'amour de Dieu et il annonce que désormais son « heure » approche, l'« heure » où l'Amour trouvera son expression suprême sur le bois de la Croix.

Aujourd’hui, le martyrologe nous donne d’honorer la mémoire de Saint Michel des Saints (1591-1625), religieux catalan de l'ordre des Trinitaires, appartenant à la branche réformée des déchaussés.

Déjà remarqué par son humilité et son dévouement lors de son noviciat, il fut gratifié de grandes grâces surnaturelles : qu'il célèbre l'eucharistie ou prêche des homélies longuement méditées, il lui arrive de tomber en extase et d'entrer en lévitation, les bras en croix. Il se retrouve cependant victime des fausses accusations de deux confrères jaloux, qui le maintiennent onze mois durant dans le cachot du couvent. Son innocence ayant été reconnue, il est désigné comme supérieur du couvent de Valladolid. À ce titre, il assiste au chapitre général qui a lieu à Tolède, le 13 mai 1623. Il en revient avec mission de fonder un nouveau couvent. Tandis qu'il mène à bien cette entreprise, il est atteint par la fièvre typhoïde et meurt, le 10 avril 1625, au couvent de Valladolid.

Vivons les évènements de ces prochains jours comme s’ils avaient lieu aujourd’hui. Le miracle de la liturgie nous permet de rendre présents ces évènements et ainsi d’y communier. Soyons les contemporains de Jésus et suivons-le avec l’amour fou de Marie Magdeleine et de Saint Michel des Saints : accompagnons-le dans sa souffrance rédemptrice par notre amour et notre ardent désir de le consoler et de réparer, de ne pas le laisser.

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