Vive la joie quand même !

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Mercredi 1er février 2017 : Saint Théophane (Fr. Joseph)

« Vive la joie quand même ! », telle fut la devise puissante de saint Théophane Vénard, qui lui a permis de traverser toutes les épreuves avec une égalité d’humeur qui le rendait très attachant et qui fut un signe non équivoque de sainteté.

Théophane naît en 1829 à Saint-Loup-sur-Thouet dans le diocèse de Poitiers, deuxième d’une famille de quatre enfants. A l’âge de neuf ans, alors qu’il garde la chèvre de son père sur un coteau, il lit la vie du Père Cornay, poitevin comme lui, mort martyr au Tonkin (Viêt-Nam nord). Il s’exclame : « Moi aussi, je veux aller au Tonkin ! Et moi aussi, je veux être martyr ! » Cela mûrit en son cœur.

Bientôt Théophane entre au collège. Voici comment il est apprécié : « Cet enfant a besoin de se défier de l’irascibilité de son caractère à la moindre contrariété. » On voit donc que son égalité d’humeur et sa joie ont été le fruit d’une conquête.

Il entre au grand séminaire à Poitiers et y est très heureux. Il a la tentation de devenir un curé bien installé. Mais il se reprend : « il faut être un saint ». Une pensée le poursuit : Ad qui venisti ? Pourquoi es-tu venu ? Il s’adresse à Dieu en quête de réponse. Cela est de plus en plus clair : Dieu l’appelle à être missionnaire en Asie au Tonkin, où les missionnaires sont d’entrée des condamnés à mort par la loi.

Sa mère étant décédée, il faut en parler à son père. Après bien des allusions, il finit par lui écrire : « C’est le bon Dieu qui le veut. Dites que vous voulez bien que votre fils fasse un missionnaire ! » La réponse du père se fait attendre quelques jours, tant il est bouleversé, mais il écrit : « Si tu vois que Dieu t’appelle, obéis sans hésiter. Que rien ne te retienne, pas même l’idée de laisser un père affligé. »

Il rentre au Séminaire des Missions Etrangères à Paris. Il est ordonné prêtre à 22 ans et on le destine à la Chine. Il est un peu déçu, car à l’époque, la Chine n’est pas autant une terre de martyrs. Mais il obéit : Vive la joie quand même ! Il arrive à Hong Kong et étudie le chinois jusqu’à la nausée : 80 000 idéogrammes. Non sans humour, il écrit : « Je serais tenté de croire que cette langue été inventée par le diable pour rendre l’étude plus difficile aux missionnaires ! ». Finalement, au bout de 14 mois, ses supérieurs abandonnent le projet de la Chine et envoient Théophane au Tonkin, la terre des martyrs. Joie pour Théophane ! Il arrive à Vinh-Tri, centre du Vicariat du Tonkin occidental. Son évêque est Mgr Retord, apôtre courageux, dynamique et surnaturellement joyeux. C’est lui qui a pour devise : Vive la joie quand même ! et Théophane l’adopte. Pour l’heure, la mission est florissante et presque au grand jour. Cela est dû à la bienveillance du vice-roi de la région. Ce dernier perdait la vue et avait été guéri par un chrétien. En reconnaissance, il ne mettait aucun zèle à persécuter les chrétiens.

Quant à Théophane, il ne perd pas son temps, il apprend vite la langue, car les missionnaires du XVII avaient mis au point un système d’écriture romanisée. Son égalité d’humeur, sa joie, sa piété rayonnante lui attirent les sympathies. Il donne volontiers ses pauvres habits.

Il tombe plusieurs fois gravement malade aux portes de la mort (asthme, tuberculose) mais il ne perd pas sa bonne humeur. Son évêque témoignera: « Il avait un zèle immense. Bien qu’il fût le plus faible de santé de tous les missionnaires du Vicariat, il faisait autant d’ouvrage que tous les autres, passant souvent au confessionnal la moitié des nuits, quelquefois même des nuits entières. Sa confiance en Dieu était sans bornes et le rendait hardi dans ses entreprises. »

Cependant la tranquillité relative de la Mission ne dure guère. Le centre de la mission est rasé avec des éléphants. Que s’est-il passé ? Le vice-roi a été dénoncé auprès de l’empereur pour sa bienveillance envers les chrétiens, alors pour se justifier, il redouble de persécution. Désormais, il faut se cacher. Théophane doit passer des journées, des semaines, des mois caché entre 2 cloisons dans des conditions épouvantables. Vive la joie quand même !

Théophane a la certitude intime que Dieu lui accordera la grâce du martyre. Il demande à son évêque la permission de s’offrir à Dieu comme victime pour l’Eglise du Tonkin. Bientôt il est dénoncé par un mauvais chrétien. On l’arrête et on le conduit à Hanoï pour confirmation par l’empereur de sa condamnation à la peine capitale, ce qui ne fait aucun doute. Théophane reste le même, joyeux, affable, bon envers tous. C’est comme à regret que l’on applique la loi à son égard. Il est enfermé, mais on lui accorde une cage de bambou plus spacieuse, on améliore sa nourriture. Le capitaine qui le garde prend la liberté de lui ouvrir sa cage une heure par jour. Beaucoup viennent lui parler, on lui demande pourquoi il est venu d’Europe. Il répond en parlant de Jésus.

Le père de Théophane est mort, mais Théophane ne le sait pas. Il lui écrit : « Tous ceux qui m’entourent m’honorent, un bon nombre m’aime… Tous regrettent que la loi du royaume me condamne à mort ; Je n’ai point eu à endurer de tortures, comme beaucoup de mes frères. Un léger coup de sabre séparera ma tête, comme une fleur printanière que le Maître du jardin cueille pour son plaisir. Adieu. » Et il signe : Th. Vénard M.S. En effet, depuis quelques mois il ajoute MS à sa signature (Mariae Servus), depuis qu’il a recopié l’acte de consécration à Marie de St Louis-Marie en écriture minuscule sur un petit carré papier qu’il porte toujours sur lui.

Par une chrétienne intrépide, il a pu se procurer des vêtements neufs qu’il garde dans sa cage pour le jour de l’exécution : « Je veux, écrit-il, marcher à la mort dans un habit sans tache ». Le 2 février 1861, il a 31 ans, il se rend au lieu de l’exécution en habit de fête et en chantant. Le bourreau demande à Théophane de lui faire remettre une somme d’argent pour une exécution sans souffrance. La réponse est claire : « Pas une sapèque ! Fais ton devoir ». De fait, le bourreau complètement ivre doit s’y reprendre à 5 fois pour le décapiter !

On lira la vie de Théophane au réfectoire du Carmel de Lisieux et Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus sera conquise : « Mon âme ressemble à la sienne » dit-elle. C’est son saint préféré. Laissons-nous toucher, nous aussi, par ce saint si aimable et par sa devise : Vive la joie quand même !

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