St Jean, le disciple que Jésus aimait
Homélie pour la fête de Saint Jean l'apôtre
27 décembre 2019
Saint Jean le fils de Zébédée, le disciple que Jésus aimait, a eu une intimité particulière avec Jésus et aussi avec la Vierge Marie. Il va nous guider sur ce même chemin.
Le fils de zébédée
L’Evangile nous parle de deux fils de Zébédée, ce sont Jacques et Jean. Jésus les a appelés alors qu’il passait au bord de la mer de Galilée et qu’ils étaient avec leur père Zébédée dans leur barque. Aussitôt laissant leur père et la barque ils ont suivi Jésus. Ils sont ainsi entrés dans la merveilleuse aventure évangélique.
Les deux fis de Zébédée sont donc Jacques et Jean. Il semble que Jacques avait un tempérament qui le mettait plus en relief que Jean, il était très zélé et aussi certainement assez fougueux et même impétueux. La prééminence de Jacques ressort de l’Évangile, où dans la liste des douze apôtres, Jacques est toujours nommé avant Jean. L’évangile selon s. Matthieu et celui selon s. Marc nomment même des deux frères en disant « Jacques, fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques ». Jean est donc nommé en référence à Jacques qui était certainement plus en vue.
Cependant il semble que Jean ait ensuite dépassé Jacques, non pas par une ambition humaine, mais au contraire, en raison de son humilité, de sa douceur, de sa pureté, de son esprit d’enfance. En effet l’évangile selon Saint Luc commence aussi en nommant Jacques avant Jean, mais il termine en nommant Jean avant Jacques. Ainsi lorsque Jésus ressuscite la fille de Jaïre, il ne laisse entrer avec lui que « Pierre, Jean et Jacques » (Lc 8), puis lors de la transfiguration, Luc rapporte que Jésus prit avec lui « Pierre, Jean et Jacques » (Lc 9).
Il y a deux épisodes rapportés dans l’évangile qui semblent indiquer que Jean avait aussi ses défauts. Le premier est rapporté par Saint Luc : Jésus veut entrer dans un village de samaritains et on refuse de le recevoir. Jacques et Jean demandent alors au Seigneur s’ils doivent faire tomber le feu du ciel sur ce village, mais Jésus les reprend sévèrement (Lc 9). Il est à noter que dans ce passage, Luc qui a commencé à mentionner Jean avant Jacques, pour la résurrection de la fille Jaïre et pour la transfiguration, en cette circonstance, nomme à nouveau Jacques en premier. On peut alors se demander si Jacques n’était le principal instigateur de cette demande. Le deuxième épisode se situe peu avant la passion. Les fils de Zébédée (Mc 10) ou leur mère (Mt 20), demandent à siéger l’un à la droite, l’autre à la gauche de Jésus dans son royaume : c’est là une ambition bien humaine. Les 10 autres apôtres sont mécontents de cette demande, et leur mécontentement est sûrement du au fait qu’ils avaient eux aussi de l’ambition humaine. Or Bienheureuse Anne Catherine Emmerich précise que Jean n’était pas d’accord et même très contrarié de cette demande.
Ainsi, l’apôtre Jacques a un côté très attachant : il est fougueux, il a certains défauts, et nul doute qu’il ait bien profité des leçons de Jésus. Quant à Saint Jean, il semble bien qu’il ait été spontanément plus humble, et même le plus humble et le plus confiant de tous les apôtres.
Pierre et Jean
L’évangile selon Saint Luc rapporte aussi que, le Jeudi Saint, Jésus a envoyé 2 disciples faire les préparatifs du repas pascal, ce sont Pierre et Jean (Lc 22). Puis dans les Actes des apôtres, écrits par le même saint Luc, on voit Pierre et Jean agir ensemble, être prisonniers ensemble, aller ensemble en Samarie. Saint Jean a donc certainement eu un lien particulier avec saint Pierre.
Pierre avait l’autorité, c’est lui qui a proclamé avec force ce qui est le fondement de l’Eglise : lorsque Jésus a demandé à ses apôtres qui il était selon eux, c’est Pierre qui a solennellement répondu : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16). Cependant, si Pierre est le rocher, s’il a l’autorité, Jean le dépasse en pénétration du mystère divin, ce qui n’empêche pas à Jean de s’effacer devant Pierre. Cela ressort de l’évangile entendu aujourd’hui (Jn 20). Pierre et Jean courent au tombeau. Jean arrive le premier, mais il attend Pierre avant d’entrer dans le tombeau. Puis, lorsque Pierre est entré, il entre à son tour. Il voit alors le tombeau vide et, nous dit l’évangile, il vit et il crut. Jean a cru tout de suite, il a cru avant de voir Jésus ressuscité, il a cru avant d’avoir le témoignage de ceux qui avaient vu Jésus ressuscité. Tout de suite, à la simple vue du tombeau vide, il a cru en la résurrection. Cela montre la pureté de son cœur et sa belle confiance en Jésus. D’ailleurs Anne-Catherine Emmerich précise qu’au moment de la passion tous les apôtres ont été fortement ébranlés dans leur foi, à l’exception de Jean qui a été très secoué mais a gardé une foi plus forte. Or cela semble confirmé par l’évangile d’aujourd’hui qui nous rapporte la belle foi de l’apôtre Jean.
Il y a un autre événement où l’on voit cette relation entre Pierre et Jean. C’est après la résurrection, les apôtres ont pêché toute la nuit sans rien prendre et, au petit matin, Jésus se tient sur le rivage mais les apôtres ne savent pas que c’est Jésus. Ce dernier leur dit de jeter les filets, ce qu’ils font et c’est une pêche miraculeuse. En cette circonstance, c‘est encore Jean qui reconnaît le premier la présence de Jésus : éclairé par une illumination intérieure, c’est lui qui dit à Pierre : « C’est le Seigneur ». Pierre alors prend les devant, il sort du bateau pour aller à la rencontre de Jésus (Jn 21).
Avant cela, il y a eu le Jeudi Saint. Jésus fut bouleversé en son esprit et annonça que l’un de ses disciples allait le livrer. Ceux-ci se demandaient de qui il voulait parler. Or, en cette circonstance, Jean était très proche de Jésus, reposant sur sa poitrine, il a certainement pénétré la profonde souffrance de Jésus face à la trahison et à la damnation de Judas. C’est Jean qui est le plus proche de Jésus et Pierre, s’adresse à lui pour lui demander de qui Jésus parle. Jean est donc plus proche de Jésus que ne l’est Pierre, mais il respecte humblement l’autorité de Pierre.
Saint Jean a donc une intimité particulière avec Jésus, c’est lui qui comprend le mieux son cœur. Il comprend sa souffrance et aussi son amour. C’est Saint Jean qui nous rapporte les paroles de Jésus donnant le nouveau commandement de l’amour : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés » (Jn 13), c’est lui qui nous rapporte les paroles de Jésus sur le plus grand amour : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime » (Jn15). C’est aussi Jean qui nous rapporte comment le cœur de Jésus a été transpercé. Unissons-nous à Saint Jean pour apprendre de lui à pénétrer le cœur de Jésus, ses désirs insatiables d’amour.
L’union de Jean avec la Vierge Marie
S’il a une union plus intense avec Jésus, Jean est aussi le fils privilégié de Notre Dame. Dans son évangile, il présente la Ste Vierge aux noces de Cana, déjà honorée par Jésus du titre de « femme ». En effet, Marie est la nouvelle femme, la nouvelle Eve, tandis que Jésus est le nouvel homme, le nouvel Adam. A Cana, Jean présente aussi Marie, comme celle qui a une foi parfaite, obtenant le premier signe miraculeux de l’eau changée en vin ; puis, à la suite de Marie, les disciples croient à leur tour, car, après ce premier signe miraculeux, nous dit l’évangile, les disciples crurent en Jésus (Jn 2).
Puis, au calvaire, Jean nous présent encore Marie : elle est debout au pied de la croix (Jn 19). Là encore, elle est honorée par Jésus du titre de « femme », collaborant en plein, comme nouvelle Eve à l’œuvre rédemptrice du nouvel Adam. Plus encore Jean a l’audace, en cette circonstance d’appeler Marie « la mère » ; les traductions disent : « Jésus voyant sa mère au pied de la croix » ; or le texte dit : « Jésus voyant la mère » et non point « sa mère ». Cela est important. Marie est vraiment la mère, elle est la mère universelle, la mère de tous les rachetés. Jean, en cette circonstance, a pleinement accueilli la maternité de la mère. Il nous précède tous en cette voie qui est chemin d’union intense à Jésus.
Nous avons dit que Jean était très humble, très doux, très filialement confiant envers Jésus et envers Marie. Mais cela ne signifie pas qu’il était faible ou mou. Au contraire, il était bien ardent, d’ailleurs Jésus l’a surnommé « fils du tonnerre », tout comme son frère Jacques (Lc 9). Mais la force de Jean vient surtout de son humilité et de sa confiance : c’est parce qu’il a été humble et confiant, qu’il était au pied de la croix. La force d’âme de Jean apparaît à la croix, quand tout s’écroule, quand tout semble échouer ; or là, il suit Jésus au côté de Marie la Mère. Il avait donc une humble force, il était d’autant pus fort qu’il était humble et petit.
Le martyre de Jean
Par la suite, saint Jean a été martyr, même s’il n’en est pas mort, mais il est vraiment martyr dans le sens de témoin. En effet, il a été torturé à Rome, puis plongé dans une cuve d’huile bouillante. Mais ce traitement, au lieu de lui donner la mort, l’a guéri. Il a été ensuite envoyé à l’île de Patmos où il a écrit l’apocalypse, puis son évangile.
Dans quel but a-t-il écrit son évangile ? Il le dit lui-même. Jésus, en effet, a fait de nombreux signes miraculeux et, à la fin du chapitre 20 de l’évangile, Jean écrit : « Jésus a fait beaucoup d’autres signes miraculeux qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là on été rapportés pour que vous croyez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu et que, croyant, vous ayez la vie en son Nom ». Il s’agit bien sûr de la vie éternelle, qui, selon la 1ère lettre de s. Jean, est communion avec Dieu le Père, avec son Fils et l’Esprit Saint. Cela montre bien quel est le but de notre vie, de notre mission : c’est fondamentalement la vie éternelle en Dieu. Tout doit être vu dans cette perspective grandiose, divine.
Conclusion
En fêtant aujourd’hui l’apôtre s. Jean, le fils de Zébédée, le disciple que Jésus aimait, cherchons, désirons et ouvrons-nous à une union plus intense à Jésus et à Marie ; et voyons toute chose en vue de la vie éternelle.