Il vous faut naître d'En-haut... Au revoir Fr. André !
Homélie des obsèques de frère André. Samedi 21 octobre 2017 (P. Bernard)
Bien chers amis, nous voulons vivre la Messe des obsèques de frère André dans la fidélité à l’esprit de notre Père Fondateur. Il est bien évident que nous n’avons aucune inquiétude pour le Salut de son âme, mais nous prions afin que sa purification soit la plus brève possible. En ce temps d’apostasie, la doctrine du purgatoire est quasi occultée, voire rejetée ou méprisée. Le CEC enseigne avec autorité (1030-31) : « Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel. L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés ». Frère André, j’en suis bien convaincu, ne peut que désirer que je vous rappelle cet enseignement traditionnel de l’Eglise catholique. Le purgatoire est vraiment une œuvre de la Divine Miséricorde, qui nous permet cette ultime purification avant de voir Dieu face à face et d’entrer dans le bonheur éternel du Ciel.
L’évangile de cette Messe ne fait pas partie des textes proposés pour la liturgie des funérailles. Nous l’avons choisi, parce que c’est ce texte que frère André méditait au moment où son heure avait sonné, ce lundi. Il venait de concélébrer la Messe à 9 heures en cette église et, comme chaque jour, il faisait sa méditation en écrivant ses réflexions. Sa feuille de méditation de ce lundi est restée inachevée. Mais, au moment où il vivait sa pâque, cette phrase de Jésus était inscrite en son âme immortelle : « Il vous faut naître d’en-haut. Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Nicodème, tu es maître en Israël, et tu n’as pas la connaissance de ces choses (naître d’En-haut)». Le dernier verset dont frère André n’a pu écrire que le numéro : 11, avec deux points, était : « En vérité, en vérité, je te le dis : nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu ». Bientôt, nous l’espérons, frère André, vous pourrez voir la réalité de la naissance d’En-haut. Puisse cet évangile nous affermir dans la Foi : le baptême nous a fait vraiment renaître d’En-haut par l’Esprit !
Frère André, après avoir été baptisé, vous avez été ordonné prêtre le 29 juin 1951 à Viviers, puis vous avez professé, en cette église de St-Pierre, les conseils évangéliques de pauvreté, chasteté et obéissance, le 24 septembre 1989. Cette profession religieuse, selon Vatican II, vous a enraciné intimement dans la consécration du baptême et l’a exprimée avec plus de plénitude. Cette célébration de vos obsèques est comme l’accomplissement de votre mort au monde et de votre vie pour Dieu en Jésus.
La première lecture que nous avons choisie fait partie du rituel de la profession religieuse. Il est important de la rappeler, en ce jour. Vous aimiez souligner, frère André, que votre St Patron avait été, avec Saint Jean, l’un des deux premiers appelés. A sa suite, vous avez dit : « Me voici » à l’appel de Jésus. Vous auriez alors aimé réaliser cet appel en entrant dans la communauté que le Père, ce grand frère scout de Privas que vous admiriez, avait fondée ici, à St Pierre, avec l’accord de Mgr Couderc. Les circonstances ont fait que cela n’a pas pu se réaliser. Vous avez célébré votre première Messe en cette église. Vous êtes resté en lien avec la communauté jusqu’à la mort de Mère Marie-Augusta, le Jeudi Saint 11 avril 1963. Puis vous avez pris vos distances pendant une vingtaine d’années. Lorsque vous célébriez la Messe à Laurac et que je vous portais votre flute de pain à Montréal, j’ignorais tout cela. Le 6 septembre 1976, la veille de mon entrée dans la communauté, je suis venu vous dire au-revoir après la Messe que vous aviez célébrée à Largentière, mais vous ne m’avez pas dit que vous connaissiez bien la Famille Missionnaire de Notre-Dame. Pendant 7 années, nous ne nous sommes plus rencontrés. Aucun mot n’a été échangé. La divine Providence, cependant, guidait les évènements. Vous avez décidé de vous inscrire au pèlerinage à Rome, en l’année jubilaire de la Rédemption que nous organisions. Au cours de la Messe que vous célébriez dans la chapelle de Notre-Dame des Neiges à Sainte-Marie Majeure, le 6 octobre 1983, vous avez entendu à nouveau votre premier appel, au moment de la consécration. Une grande émotion vous a envahi, nous en avons été témoins. Quelques mois plus tard, vous en avez parlé au Père, puis à Mgr Hermil. Ce dernier vous a autorisé à rejoindre notre Communauté. Aujourd’hui, s’achève votre mission terrestre : 33 ans de ministère sacerdotal au service du diocèse et 33 ans de ministère sacerdotal au service des apôtres de l’Amour ! Nous ne pouvons que dire, avec émotion : Misericordias Domini in aeternum cantabo ! Puissent de nombreux apôtres de l’Amour, garçons et filles, dire à leur tour : « Me voici».
Le psaume 129, que nous avons chanté, est le psaume du rituel des funérailles.
La deuxième lecture était très brève, mais elle exprime bien ce qu’a été votre pâque, ce lundi : « Heureux désormais les morts qui s’endorment dans le Seigneur » ! A la fin de notre cérémonie, nous chanterons deux hymnes qui ont marqué votre vie scoute : Seigneur Jésus, apprenez-nous à être généreux, et le chant de la promesse. Votre chef scout était le frère de notre Père Fondateur. Mais votre grand modèle, votre grand frère scout, était le Père. Il vous a appris à connaître et aimer Notre-Dame des Neiges et Mère Marie-Augusta. Nous prions afin que vous puissiez bientôt les rejoindre pour nous aider avec la cordée Domini du haut du Ciel. Magnificat !