Marie Reine : Dieu élève les humbles !
Homélie du mercredi 22 août 2012. Marie Reine.
La première lecture de la Fête de Marie Reine est celle de la Nuit de Noël. Elle concerne la Royauté de Jésus, le Fils de la Vierge Marie qui sera le Prince de la Paix et qui établira la paix sur le droit et la justice. Le choix de cette première lecture révèle déjà comment l’Eglise conçoit la royauté de la Vierge Marie : c’est une participation à la Royauté de son Fils, le Roi des rois et Seigneur des seigneurs ! La magnifique mosaïque dans le chœur de la Basilique Sainte Marie Majeure à Rome décrit bien cette participation de la Vierge Marie à la Royauté de son Fils. Cette mosaïque est du 13e siècle. Elle transmet donc la tradition qui existait à Rome en ce temps-là. On voit Jésus couronnant sa Mère et lui partageant son Trône. Lorsque je faisais visiter la Basilique, j’insistais toujours sur ce fait : il n’y a pas deux trônes : celui de Jésus et celui de la Vierge Marie mais un trône sur lequel sont assis le Christ Roi et sa Mère, qui devient de par la volonté de Dieu, Reine des anges et de tous les sauvés.
Le psaume 112 parle encore de la Royauté du Seigneur : elle s’étend du soleil levant au soleil couchant, elle concerne tous les peuples, elle est universelle et pas seulement réservée à Israël. En outre, cette Royauté garantit les droits des petits qu’elle élève au rang de princes. C’est la réalisation de la prophétie du Magnificat : Dieu élève les humbles et détrône les orgueilleux !
L’évangile de ce jour nous est bien connu, trop bien connu, peut-être : celui de l’Annonciation. Savons-nous encore nous émerveiller devant ce mystère de l’Incarnation que nous méditons trois fois par jour à l'angélus ? Demandons, en cette Fête de Marie Reine la grâce d’un cœur jeune et enthousiaste qui sait s’émerveiller ! Dieu le Père a ce cœur jeune ! Il est émerveillé par le cœur si humble et si pur du chef d’œuvre de la création : Marie. Eve, qu’il avait comblée, de beaucoup de dons, s’était laissée séduire par le tentateur et avait cru ses mensonges. La petite Marie, pleine de grâce, n’a pas écouté la voix du Tentateur, elle n’a jamais péché. Son Cœur immaculé est toujours demeuré la Demeure du Saint-Esprit. Dieu le Père peut donc envoyer au Chef d’œuvre de la Création son ange de confiance, l’ange des plus grandes missions, l’archange Gabriel, pour demander à son humble petite servante si elle accepte cette mission inouïe : être la Mère du Messie !
La Vierge Marie connaissait les prophéties, mais elle ne savait pas que le Christ attendu était le Fils de Dieu en Personne et qu’Il serait conçu d’une manière tout à fait miraculeuse, non par un homme mais par l’Esprit Saint. Elle ne doute pas, comme Zacharie, le père de Jean-Baptiste, mais, dans sa prudence, elle pose une question : « comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme ? » Nous savons, par la Tradition, que la Sainte Vierge a accepté, par obéissance à la Volonté de Dieu, de se marier à Saint Joseph. Ils ont décidé, d’un commun accord, d’un mariage virginal. Après avoir reçu sa réponse, la Vierge Marie donne son plein consentement : « Voici la Servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ». Demandons à l’Esprit Saint de nous faire mieux comprendre la confusion de l’humble Vierge Marie. Jamais, elle n’avait envisagé une telle mission. Dans son magnificat, en toute vérité, elle peut dire : le Seigneur a regardé l’humilité de sa servante, toutes les générations me diront bienheureuse, le Puissant a fait pour moi des merveilles ! La Vierge Marie n’a pas cessé de grandir dans l’humilité, malgré sa maternité divine. Notre Père fondateur nous a souvent redit que l’on ne parlait pas beaucoup d’elle dans les évangiles. Elle a vécu, bien mieux que nous, ce dicton que le Père aimait et vivait : le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas de bien !
Pendant les premiers siècles, l’Eglise ne parlait pas beaucoup d’elle. La Tradition, cependant, gardait dans sa mémoire le testament de Jésus : « voici Ta Mère » ! Les apôtres avaient une grande vénération pour Celle qui était, si humblement et si discrètement, la Mère de l’Eglise. La divine Providence a conduit les évènements pour que les apôtres puissent être réunis à Ephèse autour de leur Mère, vivant sa pâque. Un seul, cependant, n’a pas pu recevoir les dernières consignes de la Vierge Marie : Saint Thomas, qui est arrivé trop tard ! Mais la divine Providence va tirer un plus grand bien de ce retard : Thomas voulait voir le corps de la Vierge Marie. Le tombeau a été ouvert et tous ont pu constater que son corps n’était plus là. Cette constatation du tombeau vide est inscrite dans l’art, tant en Occident qu’en Orient. L’Assomption a donc été un mystère cru par les apôtres dès ce moment et il a été transmis dans la Tradition. Mais pour éviter la confusion, la dévotion mariale a été très discrète pendant les premiers siècles. La Sainte Vierge, en effet, n’est pas une déesse ! Après le Concile d’Ephèse et la proclamation de Marie, Mère de Dieu, la dévotion mariale pouvait davantage se développer au grand jour.
Nous ne pouvons que rendre grâce, en cette Fête de Marie Reine, de son développement prodigieux !Oui, la dévotion populaire est la preuve que la Vierge Marie est bien Mère et Reine des anges, des saints et de tout l’univers! Nous continuons à la prier en ce jour pour la Syrie mais aussi pour tous les autres peuples qui souffrent dans le monde. Nous la prions, bien évidemment, pour la France et pour l’Europe et nous nous confions à elle car pour éduquer nos cœurs à la ressemblance du Cœur de Jésus nous avions nécessairement besoin d’être encordés à Notre-Dame des Neiges. Remercions notre Mère et notre Reine de sa patience et de son amour maternel dans l’éducation de nos cœurs ! Demandons-lui les grâces qui nous permettront de l’imiter : humilité, douceur et miséricorde. Qu’elle nous aide aussi à exercer les trois vertus sans cesse rappelées par le Père : patience, persévérance et confiance. Qu’elle nous fasse mieux découvrir enfin ce qu’a souvent répété Jean-Paul II : Jésus et la Vierge Marie n’exercent pas leur royauté à la manière des puissants de ce monde, mais c’est par le service qu’ils règnent : servir c’est régner ! Jésus a voulu laver les pieds de ses disciples avant d’instituer l’Eucharistie. C’est ainsi qu’Il veut exercer sa Royauté et c’est ainsi que la Vierge Marie l’exerce.
Ô Notre-Dame des Neiges, notre Mère et notre Reine, apprenez-nous à nous donner sans compter en exerçant le plus grand service : le service de la charité !