Histoire de la Chapelle Sainte Croix, notre foyer à Lyon

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Le Monument des Brotteaux : mémorial des victimes du Siège de Lyon en 1793

La Chapelle Sainte Croix, grande chapelle de notre foyer de Lyon, que nous desservons depuis 1979, est appelée aussi Monument religieux des Brotteaux. Elle témoigne d’une douloureuse histoire.

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1793 : le peuple de Lyon se soulève contre la Révolution jacobine

Lyon avait salué 1789 comme l’aurore de sages et libérales réformes depuis longtemps promises ; mais bientôt, dans les excès et les destructions de la révolution, apparaît le danger de l’abandon des principes et des institutions sur lesquels repose l’ordre social.  Dès 1791, les lois d’exception, les attentats contre la royauté, la persécution contre l’Eglise et contre le clergé, inquiètent les esprits. La journée du Dix Août, les massacres de septembre à Paris, l’assassinat des officiers du régiment de Royal-Pologne à Pierre-Scize, l’exécution du Roi, le 21 janvier 1793, alarment le peuple lyonnais. A Lyon, le 8 mars 1793, un comité jacobin prend le pouvoir dans la main du sinistre Chalier. Menaces des clubs, visites domiciliaires, arrestations, exécutions se succèdent. Le peuple de Lyon, alors, se soulève et organise une levée de volontaires où, parmi de nombreux et courageux lyonnais, Louis- Antoine et François-Marie, frères de Sainte Claudine Thévenet, s’engagent.

Le siège de Lyon

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Le 29 mai 1793, l’Hôtel de Ville, bien défendu, est pris d’assaut au prix de lourdes pertes. Challier et ses complices sont arrêtés. Le calme revient. A Paris, la Convention, aux mains des Jacobins, ordonne à l’armée des Alpes de faire le siège de la ville rebelle. Lyon se prépare à résister. Le comte de Précy, ancien colonel de la garde royale, est chargé d’organiser la défense. Les hostilités commencèrent le 8 août. Hélas, Lyon ne pourra tenir longtemps, écrasée par la puissante artillerie des armées révolutionnaires qui reçoit d’importants renforts. Mr de Précy, avec sept cents soldats, décide de quitter la ville espérant que l’ennemi ne s’acharnera pas sur la population s’il n’y a plus de défenseurs. C’est le 29 septembre que l’assaut final est donné.

La Terreur

Le 9 octobre 1793, les troupes de la Convention pénètrent dans la ville. Les commissaires Collot d’Herbois et Fouché apportent de Paris le fameux décret qui ordonne la destruction de Lyon et l’ordre de rayer son nom de l’histoire. C’est la Terreur. D’ignobles bandes cernent les quartiers, enfoncent les portes, fouillent, pillent les maisons. Les condamnés sont entassés dans des geôles et l’on voit errer une foule angoissée d’hommes, de femmes, d’enfants qui tentent de retrouver, de voir, de sauver, un père, une mère, une épouse, un enfant…Ceux qui demandent grâce pour un parent, un ami, sont condamnés eux-mêmes à l’échafaud. Sans relâche, les dénonciateurs, payés trente, soixante francs pour chaque victime livrée pourvoient à ces tueries.

Pardonne comme nous pardonnons !

Dénoncés, les frères de Sainte Claudine Thévenet sont arrêtés et condamnés à mort. Claudine, 19 ans, assiste impuissante à leur exécution où, comble de l’horreur, ils sont achevés à coup de crosse et de sabre. Dans la dernière lettre qu’ils adressèrent à leur famille, tous deux ont demandé le pardon pour leurs bourreaux, sans chercher à se venger :

Pardonnez comme nous pardonnons !

Par la suite, il eut pourtant été possible d’obtenir réparation auprès des tribunaux contre le dénonciateur ; mais les Thévenet n’en firent rien et la famille pardonna !

Les massacres de la plaine des Brotteaux

Pendant six mois, jour après jour, la guillotine frappe sans trêve sur la place des Terreaux. On mitraille par dizaines, chaque jour, dans la plaine des Brotteaux. Là, les corps sont enfouis dans de grandes fosses, près du lieu même de leur exécution. On recense plus de deux milles exécutés. Dans cette liste, bien sûr, ne figurent pas les défenseurs de Lyon, ni ceux qui sont morts dans les prisons.

La chapelle expiatoire

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Après la Terreur, Lyon respire. Pour rendre un suprême hommage aux victimes, les lyonnais élèvent un monumental cénotaphe, aux Brotteaux, sur les lieux mêmes des exécutions. Il est inauguré avec grande solennité, le 29 mai 1795.  Mais, une nuit de janvier 1796, il est brûlé, saccagé. En 1819, une commission formée des familles des victimes, entreprend la construction d’une église.

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Cette chapelle expiatoire, selon le goût de l’époque, rappelle les monuments funéraires de l’Egypte. Sous le vocable de la Sainte Croix, elle est inaugurée le 28 mai 1819. Dans sa crypte, sont rassemblés les ossements des victimes exécutées aux Brotteaux et retirés des fosses. Un aumônier est désigné pour célébrer chaque jour la messe, ainsi que les services fondés par les familles des victimes, et assurer les services anniversaires du 29 mai (soulèvement de la population lyonnaise) et du 29 septembre (assaut final). Vers 1833, un Père Capucin assure cette fonction. D’autres Pères le rejoignent en 1835 et en 1854, les Pères Capucins reçoivent officiellement la mission d’assurer désormais le service du Monument.

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Les anticléricaux veulent détruire la chapelle

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En 1886, la municipalité anticléricale de Lyon décide de prolonger les rues Louis Blanc et de Créqui, ce qui nécessite la destruction de la Chapelle, suscitant dans toute la ville une indignation profonde. Après d’âpres et longues discussions, la construction d’une nouvelle chapelle est décidée, à côté de la précédente où les offices peuvent se poursuivre, le temps des travaux. Commencée en 1898, elle est inaugurée le 2 août 1906, après le transfert des ossements des victimes, déposés dans une crypte. Les Pères Capucins continuent d’assurer les services liturgiques.

1979 : l'arrivée de la Famille Missionnaire de Notre-Dame

Dans les débuts de l’année 1979, les Pères Capucins manifestent le désir d’être remplacés. C’est ainsi que des sœurs et des frères de la Famille Missionnaire de Notre-Dame, assurent, depuis le lundi de Pâques 1979, une présence permanente et une animation spirituelle, messes, offices, activités diverses selon leur charisme. Les services religieux en mémoire des victimes du siège de Lyon continuent à être célébrés au mois de mai (soulèvement) et d’octobre (début de la répression).

La crypte

La crypte abrite l’ossuaire, témoin visible de ces massacres.

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Cette crypte peut faire l’objet d’une visite guidée ; il suffit de prendre rendez-vous auprès des frères Domini au numéro : 04 28 29 56 35.

Sources de l'article

L’essentiel de ce bref historique est extrait du livre édité par l’Association : « Le Monument religieux des Brotteaux », Editions Lyonnaises d’Art et d’Histoire, 2013

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