Il a écouté la Parole de Dieu et l’a mise en pratique !

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En parcourant l’Écriture... Les homélies d'Origène sur la Genèse (1/8)

Introduction

Nous commençons aujourd'hui une nouvelle série "En parcourant l'Ecriture" : nous voudrions à nouveau vous faire partager les richesses de la littérature patristique et nous vous proposons de découvrir cette fois les écrits d'Origène. Originaire d’Égypte, puis prêtre en Palestine, Origène a consacré sa vie à la Bible ; il a écouté la Parole de Dieu et l’a mise en pratique ! Il en a établi le texte le plus fidèle possible en mettant en parallèle 6 versions de la Bible sur 6 colonnes (en hébreu et en grec) : un travail colossal appelé Hexaples (= 6 colonnes). Puis il a cherché le sens littéral de la Bible, c’est-à-dire ce que voulaient exactement dire les auteurs sacrés. Il ajouta ainsi de nombreuses notes historiques et littéraires. Enfin, il développa le sens spirituel des Écritures qui fait connaître le mystère du Christ. Origène ne se contenta pas d’étudier, il pria : la « Lectio divina » est lecture priante de la Bible !

Pour vous donner un exemple de cette lecture littérale et spirituelle de la Bible, nous vous ferons découvrir tout au long de ces prochaines semaines des extraits de ses homélies sur la Genèse. Mais avant cela, voici la présentation que Benoît XVI fit d'Origène, de son oeuvre et de sa pensée lors de ses audiences générales de 2007 !

Origène, sa vie, son œuvre - Benoît XVI, audience générale du 25 avril 2007

Chers frères et sœurs,

Dans nos méditations sur les grandes personnalités de l'Eglise antique, nous faisons aujourd'hui connaissance de l'une des plus importantes. Origène d'Alexandrie est réellement l'une des personnalités les plus déterminantes pour tout le développement de la pensée chrétienne. Il recueille l'héritage de Clément d'Alexandrie, sur lequel nous avons médité mercredi dernier, et le relance vers l'avenir de manière tellement innovatrice, qu'il imprime un tournant irréversible au développement de la pensée chrétienne. Ce fut un véritable "maître", et c'est ainsi que ses élèves se souvenaient de lui avec nostalgie et émotion : non seulement un théologien brillant, mais un témoin exemplaire de la doctrine qu'il transmettait : "Il enseigna", écrit Eusèbe de Césarée, son biographe enthousiaste, "que la conduite doit correspondre exactement à la parole, et ce fut surtout pour cela que, aidé par la grâce de Dieu, il poussa un grand nombre de personnes à l'imiter" (Hist. Eccl. 6, 3, 7).

Toute sa vie fut parcourue par une aspiration incessante au martyre. Il avait dix-sept ans lorsque, en la dixième année du règne de l'empereur Septime Sévère, la persécution contre les chrétiens fut lancée à Alexandrie. Clément, son Maître, abandonna la ville, et le père d'Origène, Léonide, fut jeté en prison. Son fils désirait ardemment le martyre, mais il ne put réaliser ce désir. Il écrivit alors à son père, l'exhortant à ne pas abandonner le témoignage suprême de la foi. Et lorsque Léonide fut décapité, le petit Origène sentit qu'il devait accueillir l'exemple de sa vie. Quarante ans plus tard, alors qu'il prêchait à Césarée, il fit cette confession : "A rien ne me sert d'avoir eu un père martyr, si je n'observe pas une bonne conduite et ne fais pas honneur à la noblesse de ma famille, c'est-à-dire au martyre de mon père et au témoignage qui l'a rendu illustre dans le Christ" (Hom. Ez. 4, 8). Dans une homélie successive - lorsque grâce à l'extrême tolérance de l'empereur Philippe l'Arabe, l'éventualité d'un témoignage sanglant semblait s'être évanouie - Origène s'exclama : "Si Dieu m'accordait d'être lavé dans mon sang, recevant ainsi le second baptême après avoir accepté la mort pour le Christ, je m'éloignerais certainement de ce monde... Mais ceux qui méritent ces choses sont bienheureux" (Hom. Iud. 7, 12). Ces expressions révèlent toute la nostalgie d'Origène pour le baptême du sang. Et finalement, cette aspiration irrépressible fut, tout au moins en partie, exaucée. En 250, au cours de la persécution de Dèce, Origène fut arrêté et cruellement torturé. Affaibli par les souffrances endurées, il mourut quelques années plus tard. Il n'avait pas encore soixante-dix ans.

Nous avons mentionné ce "tournant irréversible" qu'Origène imprima à l'histoire de la théologie et de la pensée chrétienne. Mais en quoi consiste ce "tournant", cette nouveauté si riche de conséquences? Il correspond substantiellement à la fondation de la théologie dans l'explication des Écritures. Faire de la théologie était pour lui essentiellement expliquer, comprendre l'Ecriture ; ou nous pourrions également dire que sa théologie est la parfaite symbiose entre théologie et exégèse. En vérité, la marque caractéristique de la doctrine d'Origène semble précisément résider dans l'invitation incessante à passer de la lettre à l'esprit des Écritures, pour progresser dans la connaissance de Dieu. Et ce que l'on appelle l'"allégorisme", a écrit Urs von Balthasar, coïncide précisément "avec le développement du dogme chrétien effectué par l'enseignement des docteurs de l'Eglise", qui - d'une façon ou d'une autre - ont accueilli la "leçon" d'Origène. Ainsi, la tradition et le magistère, fondement et garantie de la recherche théologique, parviennent à se configurer comme une "Ecriture en acte" (cf. Origène: le monde, le Christ et l'Eglise, tr. it., Milan 1972, p. 43). Nous pouvons donc affirmer que le noyau central de l'immense œuvre littéraire d'Origène consiste dans sa "triple lecture" de la Bible. Mais avant d'illustrer cette "lecture", il convient de jeter un regard d'ensemble sur la production littéraire de l'Alexandrin. Saint Jérôme, dans son Epistola 33, dresse la liste des titres de 320 livres et de 310 homélies d'Origène. Malheureusement, la majeure partie de cette œuvre a été perdue, mais le peu qu'il en reste fait de lui l'auteur le plus fécond des trois premiers siècles chrétiens. Son domaine d'intérêt s'étend de l'exégèse au dogme, à la philosophie, à l'apologétique, à l'ascétique et à la mystique. C'est une vision fondamentale et globale de la vie chrétienne.

La source inspiratrice de cette œuvre est, comme nous l'avons dit, la "triple lecture" de l'Ecriture développée par Origène au cours de sa vie. Par cette expression, nous entendons faire allusion aux trois modalités les plus importantes - qui ne se suivent pas l'une l'autre, mais en réalité le plus souvent se superposent - avec lesquelles Origène s'est consacré à l'étude des Écritures. Il lut tout d'abord la Bible avec l'intention d'en certifier le mieux possible le texte et d'en offrir l'édition la plus fiable. Cela, par exemple, est le premier pas : connaître réellement ce qui est écrit et connaître ce que cette Ecriture voulait intentionnellement et initialement dire. Il a mené une étude importante dans ce but et il a rédigé une édition de la Bible avec six colonnes parallèles, de gauche à droite, avec le texte hébreu en caractères hébreux - il a également eu des contacts avec les rabbins pour bien comprendre le texte original de la Bible -, puis le texte hébreu translittéré en caractères grecs, et puis quatre traductions différentes en langue grecque, qui lui permettaient de comparer les différentes possibilités de traduction. D'où le titre d'Esapla (six colonnes) attribué à cette immense synopse. C'est le premier point : connaître exactement ce qui est écrit, le texte comme tel. En deuxième lieu, Origène lut systématiquement la Bible en l'accompagnant de ses célèbres Commentaires. Ils reproduisent fidèlement les explications que le maître offrait pendant ses leçons à l'école, à Alexandrie comme à Césarée. Origène procède presque verset par verset, de manière minutieuse, ample et approfondie, avec des notes à caractère philologique et doctrinal. Il travaille avec une grande exactitude, pour bien comprendre ce que voulaient dire les auteurs saints.

Enfin, même avant son ordination sacerdotale, Origène se consacra intensément à la prédication de la Bible, s'adaptant à un public très divers. Dans tous les cas, dans ses Homélies également, c'est le maître que l'on retrouve, qui se consacre entièrement à l'interprétation systématique de l'épisode étudié, progressivement divisé selon les versets successifs. Dans les Homélies aussi, Origène saisit toutes les occasions pour rappeler les diverses dimensions du sens de l'Ecriture Sainte, qui aident ou expriment un chemin dans la croissance de la foi : il y a le sens "littéral", mais celui-ci cache des profondeurs qui n'apparaissent pas dans un premier temps; la deuxième dimension est le sens "moral" : que devons-nous faire en vivant la parole ; et enfin le sens "spirituel", c'est-à-dire l'unité de l'Ecriture, qui dans tout son développement parle du Christ. C'est l'Esprit Saint qui nous fait comprendre le contenu christologique et ainsi l'unité de l'Ecriture dans sa diversité. Il serait intéressant de montrer cela. J'ai un peu tenté, dans mon Livre "Jésus de Nazareth", de mettre en évidence dans la situation d'aujourd'hui ces multiples dimensions de la parole, de l'Ecriture Sainte, qui avant tout, doit être respectée, précisément au sens historique. Mais ce sens nous transcende vers le Christ, dans la lumière de l'Esprit Saint, et nous montre la voie, comment vivre. On en trouve, par exemple, la mention dans la neuvième Homélie sur les Nombres, où Origène compare l'Ecriture aux noix : "Ainsi est la doctrine de la Loi et des Prophètes à l'école du Christ", affirme l'auteur de l'homélie; "amère est la lettre, qui est comme l'écorce ; en deuxième lieu, tu parviendras à la coquille, qui est la doctrine morale ; en troisième lieu, tu trouveras le sens des mystères, dont se nourrissent les âmes des saints dans la vie présente et future" (Hom. Nom. 9, 7).

C'est en particulier par cette voie qu'Origène parvient à promouvoir de manière efficace la "lecture chrétienne" de l'Ancien Testament, en réfutant de manière brillante le défi des hérétiques - surtout gnostiques et marcionites - qui opposaient les deux Testaments entre eux, jusqu'à rejeter l'Ancien. A ce propos, dans la même Homélie sur les Nombres, l'Alexandrin affirme : "Je n'appelle pas la Loi un "Ancien Testament", si je la comprends dans l'Esprit. La Loi ne devient un "Ancien Testament" que pour ceux qui veulent la comprendre charnellement", c'est-à-dire en s'arrêtant à la lettre du texte. Mais "pour nous, qui la comprenons et l'appliquons dans l'Esprit et dans le sens de l’Évangile, la Loi est toujours nouvelle, et les deux Testaments sont pour nous un nouveau Testament, non pas en raison de la date temporelle, mais de la nouveauté du sens... En revanche, pour le pécheur et pour ceux qui ne respectent pas le pacte de la charité, les Évangiles eux aussi vieillissent" (Hom. Nom. 9, 4).

Je vous invite - et je conclus ainsi - à accueillir dans votre cœur l'enseignement de ce grand maître de la foi. Il nous rappelle avec un profond enthousiasme que, dans la lecture priante de l'Ecriture et dans l'engagement cohérent de la vie, l'Eglise se renouvelle et rajeunit toujours. La Parole de Dieu, qui ne vieillit jamais et ne s'épuise jamais, est le moyen privilégié pour y parvenir. C'est en effet la Parole de Dieu qui, par l'œuvre de l'Esprit Saint, nous guide toujours à nouveau à la vérité tout entière (cf. Benoît XVI, Aux participants au Congrès international pour le XL anniversaire de la Constitution dogmatique "Dei Verbum", in: Insegnamenti, vol. I, 2005, pp. 552-553) et prions le Seigneur pour qu'il nous donne aujourd'hui des penseurs, des théologiens, des exégètes qui trouvent cette dimension multiple, cette actualité permanente de l'Ecriture Sainte, sa nouveauté pour notre époque. Prions afin que le Seigneur nous aide à lire de façon orante l'Ecriture Sainte, à nous nourrir réellement du vrai Pain de la vie, de sa Parole.

Origène, sa pensée - Benoît XVI, audience générale du 2 mai 2007

Chers frères et sœurs,

La catéchèse de mercredi dernier était consacrée à la grande figure d'Origène, docteur alexandrin des II et III siècles. Dans cette catéchèse, nous avons pris en considération la vie et l'œuvre littéraire du grand maître d'Alexandrie, en trouvant dans la "triple lecture" de la Bible, qu'il a effectuée, le centre vital de toute son œuvre. J'ai laissé de côté - pour les reprendre aujourd'hui - deux aspects de la doctrine d'Origène, que je considère parmi les plus importants et les plus actuels : j'entends parler de ses enseignements sur la prière et sur l'Eglise.

En vérité, Origène - auteur d'un important et toujours actuel traité Sur la prière - mêle constamment sa production exégétique et théologique à des expériences et des suggestions relatives à la prière. Malgré toute la richesse théologique de pensée, cela n'est jamais une approche purement académique ; elle est toujours fondée sur l'expérience de la prière, du contact avec Dieu. Selon lui, en effet, la compréhension des Écritures demande, plus encore que l'étude, l'intimité avec le Christ et la prière. Il est convaincu que la voie privilégiée pour connaître Dieu est l'amour, et qu'il n'y a pas d'authentique scientia Christi sans tomber amoureux de Lui. Dans la Lettre à Grégoire, Origène recommande : "Consacre-toi à la lectio des divines Écritures ; applique-toi à cela avec persévérance. Engage-toi dans la lectio avec l'intention de croire et de plaire à Dieu. Si durant la lectio, tu te trouves devant une porte close, frappe et le gardien t'ouvrira, lui dont Jésus a dit : "Le gardien la lui ouvrira". En t'appliquant ainsi à la lectio divina, cherche avec loyauté et une confiance inébranlable en Dieu le sens des Écritures divines, qui est largement contenu dans celles-ci. Tu ne dois cependant pas te contenter de frapper et de chercher : pour comprendre les choses de Dieu, tu as absolument besoin de l'oratio. Précisément pour nous exhorter à celle-ci, le Sauveur nous a non seulement dit : "Cherchez et vous trouverez" et "Frappez et on vous ouvrira", mais il a ajouté : "Demandez et vous recevrez"" (Ep. Gr. 4). Le "rôle primordial" joué par Origène dans l'histoire de la lectio divina saute immédiatement aux yeux. L’Évêque Ambroise de Milan - qui apprendra à lire les Écritures à partir des œuvres d'Origène - l'introduit ensuite en Occident, pour la remettre à Augustin et à la tradition monastique successive.

Comme nous l'avons déjà dit, le plus haut niveau de la connaissance de Dieu, selon Origène, naît de l'amour. Il en est de même parmi les hommes : on ne connaît l'autre réellement en profondeur que s'il y a l'amour, si les cœurs s'ouvrent. Pour démontrer cela, il se fonde sur une signification parfois donnée au verbe connaître en hébreu, lorsque celui-ci est utilisé pour exprimer l'acte d'amour humain : "L'homme connut Ève, sa femme ; elle conçut" (Gn 4, 1). Il est ainsi suggéré que l'union dans l'amour procure la connaissance la plus authentique. De même que l'homme et la femme sont "deux dans une seule chair", ainsi, Dieu et le croyant deviennent "deux dans un seul esprit". De cette façon, la prière de l'Alexandrin atteint les niveaux les plus élevés de la mystique, comme l'attestent ses Homélies sur le Cantique des Cantiques, et notamment un passage de la première Homélie, dans laquelle Origène confesse : "Souvent - Dieu m'en est témoin - j'ai senti que l'époux s'approchait de moi au degré le plus élevé ; après, il s'en allait à l'improviste, et je ne pus trouver ce que je cherchais. Le désir de sa venue me prend à nouveau, et parfois celui-ci revient, et une fois qu'il m'est apparu, lorsque je le tiens entre les mains, voilà qu'il m'échappe encore, et une fois qu'il s'est évanoui, je me mets encore à le chercher..." (Hom. Cant. 1, 7).

Il me revient à l'esprit ce que mon vénéré Prédécesseur écrivait, en témoin authentique, dans Novo millennio ineunte, où il montrait aux fidèles "comment la prière peut progresser, comme un véritable dialogue d'amour, au point de rendre la personne humaine totalement possédée par le Bien-Aimé divin, vibrant au contact de l'Esprit, filialement abandonnée dans le cœur du Père... Il s'agit - poursuivait Jean-Paul II - d'un chemin totalement soutenu par la grâce, qui requiert toutefois un fort engagement spirituel et qui connaît aussi de douloureuses purifications, mais qui conduit, sous diverses formes possibles, à la joie indicible vécue par les mystiques comme "union sponsale"" (n. 33).

Nous arrivons, enfin, à un enseignement d'Origène sur l'Eglise, et précisément - à l'intérieur de celle-ci - sur le sacerdoce commun des fidèles. En effet, comme l'Alexandrin affirme dans sa neuvième Homélie sur le Lévitique, "ce discours nous concerne tous" (Hom. Lev. 9, 1). Dans la même Homélie Origène - en faisant référence à l'interdiction faite à Aaron, après la mort de ses deux fils, d'entrer dans le Sancta sanctorum "à n'importe quel moment" (Lv 16, 2) - admoneste ainsi les fidèles : "Cela démontre que si quelqu'un entre à n'importe quelle heure dans le sanctuaire, sans la préparation due, ne portant pas les vêtements pontificaux, sans avoir préparé les offrandes prescrites et s'être rendu propice à Dieu, il mourra... Ce discours nous concerne tous. Il ordonne, en effet, que nous sachions comment nous présenter à l'autel de Dieu. Ou ne sais-tu pas que le sacerdoce t'a été conféré à toi aussi, c'est-à-dire à toute l'Eglise de Dieu et au peuple des croyants? Ecoute comment Pierre parle des fidèles: "Race élue", dit-il, "royale, sacerdotale, nation sainte, peuple que Dieu s'est acquis". Tu possèdes donc le sacerdoce car tu es une "race royale", et tu dois donc offrir à Dieu le sacrifice... Mais pour que tu puisses l'offrir dignement, tu as besoin de vêtements purs et différents des vêtements communs aux autres hommes, et le feu divin t'est nécessaire" (ibid.).

Ainsi, d'un côté, les "flancs ceints" et les "vêtements sacerdotaux", c'est-à-dire la pureté et l'honnêteté de vie, de l'autre, la "lumière toujours allumée", c'est-à-dire la foi et la science des Écritures, se présentent comme les conditions indispensables pour l'exercice du sacerdoce universel qui exige pureté et honnêteté de vie, foi et science des Écritures. A plus forte raison, ces conditions sont indispensables, bien évidemment, pour l'exercice du sacerdoce ministériel. Ces conditions - une conduite de vie intègre, mais surtout l'accueil et l'étude de la Parole - établissent une véritable "hiérarchie de la sainteté" dans le sacerdoce commun des chrétiens. Au sommet de ce chemin de perfection, Origène place le martyre. Toujours dans la neuvième Homélie sur le Lévitique, il fait allusion au "feu pour l'holocauste", c'est-à-dire à la foi et à la science des Écritures, qui ne doit jamais s'éteindre sur l'autel de celui qui exerce le sacerdoce. Puis, il ajoute : "Mais chacun de nous a en soi" non seulement le feu, mais "aussi l'holocauste, et de son holocauste il allume l'autel, afin qu'il brûle toujours. Quant à moi, si je renonce à tout ce que je possède prenant ma croix et suivant le Christ, j'offre mon holocauste sur l'autel de Dieu ; et si je remets mon corps pour qu'il brûle, en ayant la charité, et que j'obtiens la gloire du martyre, j'offre mon holocauste sur l'autel de Dieu" (Hom. Lév. 9, 9).

Ce chemin éternel de perfection "nous concerne tous", à condition que "le regard de notre cœur" soit tourné vers la contemplation de la Sagesse et de la Vérité, qui est Jésus Christ. En prêchant sur le discours de Jésus de Nazareth - lorsque "tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui" (Lc 4, 16-30) -, Origène semble s'adresser précisément à nous : "Aujourd'hui aussi, si vous le voulez, dans cette assemblée, vos yeux peuvent fixer le Sauveur. En effet, lorsque tu tourneras le regard le plus profond de ton cœur vers la contemplation de la Sagesse, de la Vérité et du Fils unique de Dieu, alors tes yeux verront Dieu. Heureuse assemblée, celle dont l'Ecriture atteste que les yeux de tous étaient fixés sur lui ! Combien je désirerais que cette assemblée reçoive un tel témoignage, que les yeux de tous, des non baptisés et des fidèles, des femmes, des hommes et des enfants, non pas les yeux du corps, mais les yeux de l'âme, regardent Jésus !... La lumière de ton visage est imprimée sur nous, ô Seigneur, à qui appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen!" (Hom. Lc. 32, 6).

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Dans la même série : 

Introduction : il a écouté la Parole de Dieu et l'a mise en pratique

1 - Mesurons la grandeur de l'homme !

2 - Il en rencontre trois mais n'en adore qu'un

3 - Prenez Sara, c'est-à-dire la vertu, pour épouse !

4 - Perdre quelque chose pour Dieu, c'est le retrouver plusieurs fois

5 - En aucun cas on ne s'éloigne des puits, en aucun cas on ne cesse de puiser de l'eau !

6 - Si la philosophie n'est pas en opposition en tout avec la Loi de Dieu, en tout non plus elle n'est pas en accord avec elle

7 - Il ne doit pas craindre d’affronter les luttes de ce monde, ni les combats avec les démons ennemis, celui avec qui Dieu descend au combat.

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