Que ta volonté soit faite, sur la terre comme au Ciel !

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En parcourant l'Ecriture... La prière du Notre Père (4/8)

Que ta volonté soit faite, sur la terre comme au Ciel !

La troisième demande du Notre Père est dans le prolongement logique des deux premières : quand la volonté de Dieu est faite, son règne arrive et son nom est sanctifié.

Accomplir la volonté de Dieu est au cœur de la vie chrétienne, à l’imitation de Jésus- Christ, qui déclare : " Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé." (Jn 5, 30) En tant que Dieu, Jésus n’a qu’une seule et même volonté avec son Père. En tant qu’homme, Il a une volonté distincte : c’est de celle-ci, qu’Il parle ici. Dans Sa Passion, Il nous a laissé un exemple incomparable d’acceptation de la Volonté divine : obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la Croix (Ph 2, 8).

 I- Ce que Dieu veut pour nous

Dieu a créé l’homme en vue du bonheur éternel. Il veut que nous entrions en possession de cette vie merveilleuse qui est notre fin ; telle est la volonté de mon Père : que quiconque voit le Fils et croit en Lui ait la vie éternelle (Jn 6, 39). A notre tour, nous prions Dieu pour que son dessein d’amour et de salut se réalise.

Quel est le moyen voulu pas Dieu pour y parvenir ? L’obéissance à ses commandements !

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force (…) et ton prochain comme toi-même (Mc 12, 30-31). Faire la volonté de Dieu et obéir à ses commandements sont une seule et même chose. Au jeune homme riche qui Lui demande : Que dois-je faire de bon pour avoir en héritage la vie éternelle ? Jésus répond : Garde les commandements (Mt 19, 17) Par cette troisième demande du Notre Père, nous demandons à Dieu la force d’observer les commandements.

Prêtons cependant attention aux mots utilisés par Jésus. Jésus ne nous fait pas dire à notre Père : Faites votre volonté, ni non plus : que nous fassions votre volonté ; mais que Votre volonté soit faite ! Car ces deux choses sont nécessaires pour parvenir à la Vie éternelle : à savoir la grâce de Dieu et la volonté de l’homme. Benoît XVI : « Il existe une volonté de Dieu avec nous et pour nous qui doit devenir le critère de notre vouloir et de notre être. »

II- Dieu veut notre libre coopération

On connaît le mot de St Augustin : "Celui qui t’a créé sans toi ne te justifiera pas sans toi". Nous rencontrons ici le grand mystère de la liberté de l’homme face à Dieu. La volonté de l’homme peut s’opposer à la volonté de Dieu. Nous lui demandons ici de nous aider à ajuster notre volonté à la sienne, à renoncer à l’égoïsme de nos petits désirs.

Dieu ne sauve pas l’homme sans sa libre coopération, mais nos plus grands efforts seraient inutiles sans la grâce divine. "C’est pourquoi Jésus ne nous fait pas dire : que nous fassions votre volonté, autrement il semblerait que la grâce de Dieu n’a rien à faire. Et il ne nous prescrit pas non plus de dire : faites votre volonté, sinon il semblerait que notre volonté et notre effort ne servent à rien. Mais Jésus nous fait dire : que la volonté de Dieu soit faite, par la grâce de Dieu, à laquelle nous joignons notre travail et notre effort." dit St Thomas d’Aquin

Ni fatalisme, ni volontarisme. Le fatalisme nous conduit à nous résigner devant le mal et la douleur. Le volontarisme surestime l’importance de nos actions et sous-estime celle de la grâce.

Accepter que la volonté de Dieu soit faite en moi est parfois héroïque. Une maman qui voit son tout-petit mourir peut être tentée par la révolte. Les épreuves ne manquent pas dans nos vies : peines de cœur, échecs professionnels, calomnies, déceptions, maladies, disparitions d’êtres chers….

Pourtant, peu de temps avant sa décapitation, St Thomas More écrivait en prison à sa fille : « Rien ne peut arriver que Dieu ne l’ait voulu. Or, tout ce qu’il veut, si mauvais que cela puisse paraître, est cependant ce qu’il y a de meilleur en nous. » Ce que St Thomas d’Aquin expliquait autrement : « Il en est de nous comme d’un malade, qui accepte quelque remède amer, prescrit par son médecin ; il ne le veut pas absolument, mais dans la mesure où le médecin le veut ; autrement, s’il ne voulait de sa seule volonté, il serait un insensé. Nous de même, nous ne devons rien demander à Dieu, si ce n’est la réalisation de ses vouloirs sur nous, c’est-à-dire l’accomplissement de sa volonté en nous. »

et Benoît XVI : « Dans cette troisième demande du Notre-Père, nous demandons de pouvoir nous approcher de plus en plus de Lui pour que la volonté de Dieu l’emporte sur la force de gravité de notre égoïsme et qu’Il nous rende capable de la hauteur à laquelle nous sommes appelés. »

III- Sur la terre comme au ciel

Par cette invocation, nous demandons que, comme la volonté de Dieu est déjà faite au Ciel, elle le soit aussi sur la terre.

Au sens le plus fort, les cieux sont les Anges et les élus jouissant déjà du bonheur céleste, dans une liturgie magnifique dont l’Apocalypse nous livre quelques aperçus. Déjà l’observation des cieux visibles nous plonge dans l’admiration. Que dire des cieux invisibles ? Tel est bien le premier objet de la troisième demande du Notre Père : « Nous désirons que, comme la volonté divine s’est accomplie dans les Bienheureux qui sont au Ciel, elle s’accomplisse aussi en nous, qui sommes sur la terre. Et notre désir, nous en demandons la réalisation au Père céleste par cette prière : que votre volonté soit faite en nous, qui sommes sur la terre, comme elle est faite avec les Saints, qui sont au Ciel. »

En un sens dérivé, en demandant que la volonté de Dieu soit faite sur la terre comme au Ciel, nous demandons qu’elle soit faite chez les pécheurs comme chez les Saints, les justes,c'est-à-dire les hommes justifiés, rectifiés par la grâce. Ce qui revient à demander que les « méchants » fassent la volonté de Dieu comme les « bons » et se convertissent.

Remarquons en outre avec St Jean Chrysostome que Jésus nous ordonne de prier universellement pour toute la terre pour que tous les hommes découvrent la révélation divine : « Il ne dit Que ta volonté soit faite en moi ou en vous mais, sur toute la terre : afin que l’erreur en soit bannie, que la vérité y règne, que le vice y soit détruit, que la vertu y refleurisse, et que la terre ne soit plus différente du Ciel »(CEC2825)

Une autre explication complémentaire, est avancée par les Pères et les Docteurs de l’Eglise. La terre désignerait ici notre corps et le ciel notre esprit. On sait que, suite au péché originel, l’un et l’autre se livre bataille. La chair convoite contre l’esprit et l’esprit contre la chair, observe Saint Paul (Ga 5,17). Les désirs du corps combattent les désirs de l’âme ; nous devons faire face à des tentations. Par cette demande, nous implorons Dieu que sa volonté soit faite dans notre corps comme elle est faite dans notre âme soutenue par la grâce. Elle le sera en plénitude après la Résurrection, alors la chair sera parfaitement soumise à l’esprit. Pour résumer, disons que nous demandons à Dieu que tous les hommes soient parfaitement soumis à Dieu.

Benoît XVI : « Dès lors nous comprenons que Jésus lui-même, au sens le plus profond et le plus authentique, est le « ciel », lui en qui et par qui la volonté de Dieu est entièrement faite. »

IV- Une judicieuse remarque

Signalons pour terminer que depuis Origène (vers l’an 233), quelques théologiens rapportent l’extension sur la terre comme au ciel aux trois premières demandes et non à la troisième seule. Cette thèse a été renforcée par l’autorité du Catéchisme du Concile de Trente, dans lequel on lit : « Ces mots : sur la terre comme au ciel peuvent s’appliquer et s’étendre à chacune des demandes précédentes, comme si l’on avait :

Que votre nom soit sanctifié sur la terre comme au ciel,

Que votre règne vienne sur la terre comme au ciel,

Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »

V- Faire la volonté de Dieu, en famille

La volonté de Dieu s’exprime surtout au quotidien à travers les devoirs d’état : pour un enfant, c’est de s’appliquer à bien travailler à l’école, d’être serviable en famille, d’obéir à ses parents, … Voici quelques exemples pratiques en s’appuyant sur le conseils de St Alphonse de Liguori :

  • Ne pas rouspéter devant le temps qu’il fait (froid, chaleur, pluie, …).
  • Ne pas chercher la consolation des autres à la moindre contrariété ou douleur.
  • Ne pas se plaindre des défauts naturels, d’esprit ou de corps (santé fragile, mémoire ingrate, …), ni envier les qualités des autres. Remercier Dieu de nous créé tels que nous sommes. Se contenter de ses dons.
  • Avoir recours à Dieu et le prier souvent dans les souffrances, les tristesses, les humiliations, la perte d’êtres chers.
  • Dans la maladie, s’abstenir d’exprimer une préférence sur son issue mais prendre néanmoins les remèdes ordinaires.
  • Lorsque la prière devient difficile (ennui, sécheresse, distractions, …), conserver ses habitudes.
  • Accepter dès à présent le moment et les circonstances de notre mort.

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