7 - La signification de la Passion comme oeuvre de Rédemption

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En parcourant l’Écriture... La mission du Serviteur Souffrant

7 - Passion et Rédemption

Le lien entre Passion et Rédemption

Dernier volet de notre parcours avec le Serviteur Souffrant, nous voudrions aujourd’hui nous arrêter sur les prophéties de l’Ancien Testament annonçant déjà le lien entre Passion et Rédemption, accomplie avec la Résurrection de Jésus. Nous sommes ici au cœur de notre foi !

En effet, le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous dit : « Le mystère pascal de la Croix et de la Résurrection du Christ est au centre de la Bonne Nouvelle que les apôtres, et l’Église à leur suite, doivent annoncer au monde. Le dessein sauveur de Dieu s’est accompli " une fois pour toutes " (He 9, 26) par la mort rédemptrice de son Fils Jésus-Christ.

L’Église reste fidèle à " l’interprétation de toutes les Écritures " donnée par Jésus lui-même avant comme après sa Pâque : " Ne fallait-il pas que le Messie endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? " (Lc 24, 26-27. 44-45). Les souffrances de Jésus ont pris leur forme historique concrète du fait qu’il a été " rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes " (Mc 8, 31) qui l’ont " livré aux païens pour être bafoué, flagellé et mis en croix " (Mt 20, 19).

La foi peut donc essayer de scruter les circonstances de la mort de Jésus, transmises fidèlement par les Évangiles (cf. DV 19) et éclairées par d’autres sources historiques, pour mieux comprendre le sens de la Rédemption.[1]». Et c’est justement ce que nous avons essayé de faire tout au long de cette série d’articles !

Dans toutes ses apparitions après sa Résurrection, le Seigneur (ou les anges, ses envoyés !) met en évidence le lien intrinsèque existant entre Passion, Résurrection et Rédemption ; Il commente pour ses auditeurs l’Ecriture, en expliquant « ce qui le concernait ». C’est particulièrement frappant dans le récit des trois apparitions de Jésus ressuscité que relate St Luc :

  • Aux Saintes Femmes venues au tombeau le matin de la Résurrection, les anges disent : « Pourquoi cherchezvous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée : “ Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite.» (Lc 24, 57) 
  • Aux disciples d’Emmaüs, Jésus dit : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallaitil pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. " (Lc 24, 2526) ;
  • Aux onze Apôtres réunis au Cénacle, Jésus rappelle : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi estil écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. » (Lc 24, 4448)

C’est donc toute l’Ecriture qui rend témoignage à Jésus à et son œuvre rédemptrice : « Ce dessein divin de salut par la mise à mort du " Serviteur, le Juste "  avait été annoncé par avance dans l’Écriture comme un mystère de rédemption universelle, c’est-à-dire de rachat qui libère les hommes de l’esclavage du péché. St Paul professe, dans une confession de foi qu’il dit avoir " reçue " que " le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures ". La mort rédemptrice de Jésus accomplit en particulier la prophétie du Serviteur souffrant. Jésus lui-même a présenté le sens de sa vie et de sa mort à la lumière du Serviteur souffrant. Après sa Résurrection, il a donné cette interprétation des Écritures aux disciples d’Emmaüs, puis aux apôtres eux-mêmes. [2]»

Là encore, nous ne pourrons pas parcourir, comme Jésus l’a fait, toute « la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes » pour les relire à la lumière de la Passion et de la Résurrection du Christ, mais nous allons citer quelques passages particulièrement éclairants.

Commençons par le Livre d’Isaïe qui nous a accompagnés tout au long de notre méditation : déjà on y lit que le Seigneur nous sauvera de la mort : « Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. Sur cette montagne, il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple. Le Seigneur a parlé. Et ce jour-là, on dira : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c’est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ! » (Is 25, 6-9)

Mais plus encore, c’est le 4ème chant du serviteur souffrant d’Isaïe, que nous avons déjà régulièrement cité, qui vient éclairer le lien entre la Passion et la Rédemption accomplie par le Serviteur de Yahvé ; ici est déjà annoncée la mission de Jésus : « Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20,28)

Citons-le cette fois-ci intégralement :

« Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme. Il étonnera de même une multitude de nations ; devant lui les rois resteront bouche bée, car ils verront ce que, jamais, on ne leur avait dit, ils découvriront ce dont ils n’avaient jamais entendu parler.

Qui aurait cru ce que nous avons entendu ? Le bras puissant du Seigneur, à qui s’est-il révélé ? Devant lui, le serviteur a poussé comme une plante chétive, une racine dans une terre aride ; il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié.

Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris.Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous. Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. Arrêté, puis jugé, il a été supprimé. Qui donc s’est inquiété de son sort ? Il a été retranché de la terre des vivants, frappé à mort pour les révoltes de son peuple. On a placé sa tombe avec les méchants, son tombeau avec les riches ; et pourtant il n’avait pas commis de violence, on ne trouvait pas de tromperie dans sa bouche.

Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur. S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours : par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira. Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera. Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes. C’est pourquoi, parmi les grands, je lui donnerai sa part, avec les puissants il partagera le butin, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs. » (Is 52,13-53,12)

Jean-Paul II, commentant ce chant dans son encyclique Dominum et vivificantem disait : « Selon le Livre d'Isaïe, l'Oint, l'Envoyé avec l'Esprit du Seigneur, est aussi le Serviteur du Seigneur élu, sur qui repose l'Esprit de Dieu :

«Voici mon serviteur que je soutiens,
mon élu en qui mon âme se complait.
J'ai mis sur lui mon esprit».

On sait que le Serviteur du Seigneur est révélé dans le Livre d'Isaïe comme le véritable Homme des douleurs : le Messie souffrant pour les péchés du monde. Et, simultanément, il est celui même qui reçoit la mission de porter de véritables fruits de salut pour toute l'humanité : «Il présentera aux nations le droit ...»; et il deviendra «l'alliance du peuple, la lumière des nations ...»; «pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre». Car :

«Mon esprit qui est sur toi,
et mes paroles que j'ai mises dans ta bouche
ne s'éloigneront pas de ta bouche,
ni de la bouche de ta descendance,
ni de la bouche de la descendance de ta descendance,
dit le Seigneur, dès maintenant et à jamais» [3]
»

Et dans sa lettre sur le sens chrétien de la souffrance, Jean-Paul II continue : « Ce qui nous touche dans les paroles du prophète (Is 53), plus encore que cette description de la passion, c'est la profondeur du sacrifice du Christ. Bien qu'innocent, voici qu'il se charge des souffrances de tous les hommes parce qu'il se charge des péchés de tous. « Le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à tous » : tout le péché de l'homme dans son étendue et sa profondeur devient la véritable cause de la souffrance du Rédempteur. Si la souffrance se « mesure » en fonction du mal enduré, les paroles du prophète nous permettent de comprendre la mesure du mal et de la souffrance dont le Christ s'est chargé. On peut dire que c'est une souffrance de « substitution » ; mais elle est surtout une souffrance de « rédemption ». L'Homme de douleur de cette prophétie est vraiment « l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » Dans sa souffrance, les péchés sont effacés précisément parce que lui seul, comme Fils unique, a pu les prendre sur lui, les assumer avec un amour envers le Père qui surpasse le mal de tout péché ; en un certain sens, il anéantit ce mal dans l'espace spirituel des rapports entre Dieu et l'humanité, et il remplit cet espace avec le bien. [4] »

C’est effectivement uniquement à la lumière de la Résurrection que le chrétien peut regarder la Passion et la Croix, car ce n’est qu’alors qu’elles prennent tout leur sens. Ce n’est qu’après la Résurrection que nous pouvons comprendre le mystère d’amour qu’est la Passion.

Saint Thomas More disait : « ‘Avant la fête de la Pâque, sachant que l'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens, les aima jusqu'au bout’ (Jn 13,1). […] ces paroles sont suivies aussitôt par le récit de l'amère Passion du Christ, en commençant par la dernière Cène, et d'abord par l'humble service du lavement des pieds rendu par Jésus à ses disciples, et par l'envoi du traître au dehors. Viennent ensuite l'enseignement de Jésus, sa prière, son arrestation, son procès, sa flagellation, sa crucifixion et toute la douloureuse tragédie de sa très amère Passion.

C'est avant tout cela que saint Jean cite les paroles rappelées à l'instant, pour faire comprendre que tous ces actes, le Christ les a accomplis par pur amour. Cet amour, il l'a bien montré à ses disciples lors de la dernière Cène, lorsqu'il leur affirma qu'en s'aimant les uns les autres, ils suivraient son exemple. Car ceux qu'il aimait, il les aima jusqu'au bout, et il souhaitait qu'ils fassent de même. Il n'était pas inconstant, comme tant de gens qui aiment de façon passagère, abandonnent à la première occasion, et d'amis deviennent ennemis, comme fit le traître Judas. Jésus, lui, a persévéré dans l'amour jusqu'au bout, jusqu'à ce que, précisément par cet amour, il en soit venu à cette extrémité douloureuse. Et pas seulement pour ceux qui étaient déjà ses amis, mais pour ses ennemis, afin d'en faire des amis. Non pour son avantage, mais pour le leur. [5]»

Et ce n’est aussi qu’après la Résurrection que la Croix peut être exaltée comme signe de Salut !

L’homélie de Saint André de Crète retrace bien cette analyse « rétrospective » de la valeur de la Croix : « S’il n’y avait pas eu la Croix, le Christ n’aurait pas été crucifié, la vie n’aurait pas été clouée au gibet, et les sources de l’immortalité, le sang et l’eau qui purifient le monde, n’auraient pas jailli de son côté, le document reconnaissant le péché n’aurait pas été déchiré, nous n’aurions pas reçu la liberté, nous n’aurions pas profité de l’arbre de vie, le paradis ne se serait pas ouvert. ~ S’il n’y avait pas eu la Croix, la mort n’aurait pas été terrassée, l’enfer n’aurait pas été dépouillé de ses armes. ~

La Croix est donc une chose grande et précieuse. Grande, parce qu’elle a produit de nombreux biens, et d’autant plus nombreux que les miracles et les souffrances du Christ ont triomphé davantage. C’est une chose précieuse, parce que la Croix est à la fois la souffrance et le trophée de Dieu. Elle est sa souffrance, parce que c’est sur elle qu’il est mort volontairement ; elle est son trophée, parce que le diable y a été blessé et vaincu, et que la mort y a été vaincue avec lui ; les verrous de l’enfer y ont été brisés, et la Croix est devenue le salut du monde entier. [6] »

Nous trouvons dans l’Ancien Testament plusieurs prophéties relatives au relèvement qui s’opèrera après la Passion et la mort de Jésus.

Ainsi, dans le Livre d’Osée nous lisons : « Venez, retournons vers le Seigneur ! Il a blessé, mais il nous guérira ; il a frappé, mais il nous soignera. Après deux jours, il nous rendra la vie ; il nous relèvera le troisième jour : alors, nous vivrons devant sa face. » (Os 6, 2). Ce sont déjà les trois jours du tombeau qui sont annoncés !

De même que dans le livre de Jonas. Or nous savons que Jésus Lui-même fait le parallèle entre l’aventure de Jonas dans le ventre de la baleine et ce qui lui arrivera dans sa Passion : « En effet, comme Jonas est resté dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits, le Fils de l’homme restera de même au cœur de la terre trois jours et trois nuits. » (Mt 12,40)

Et les similitudes sont en effet notables : dans le ventre du poisson durant trois jours et trois nuits, Jonas supplie le Seigneur de le délivrer de « l’enfer » et garde confiance en Dieu : « Le Seigneur donna l’ordre à un grand poisson d’engloutir Jonas. Jonas demeura dans les entrailles du poisson trois jours et trois nuits. Depuis les entrailles du poisson, il pria le Seigneur son Dieu. Il disait : ‘Dans ma détresse, je crie vers le Seigneur, et lui me répond ; du ventre des enfers j’appelle : tu écoutes ma voix. Tu m’as jeté au plus profond du cœur des mers, et le flot m’a cerné ; tes ondes et tes vagues ensemble ont passé sur moi. Et je dis : me voici rejeté de devant tes yeux ; pourrai-je revoir encore ton temple saint ? Les eaux m’ont assailli jusqu’à l’âme, l’abîme m’a cerné ; les algues m’enveloppent la tête, à la racine des montagnes. Je descendis aux pays dont les verrous m’enfermaient pour toujours ; mais tu retires ma vie de la fosse, Seigneur mon Dieu. Quand mon âme en moi défaillait, je me souvins du Seigneur ; et ma prière parvint jusqu’à toi dans ton temple saint. Les servants de vaines idoles perdront leur faveur. Mais moi, au son de l’action de grâce, je t’offrirai des sacrifices ; j’accomplirai les vœux que j’ai faits : au Seigneur appartient le salut.’ Alors le Seigneur parla au poisson, et celui-ci rejeta Jonas sur la terre ferme. » (Jo 2, 1-11)

Enfin, citons la prophétie du Livre de Michée dans laquelle c’est Jérusalem, la « ville du Seigneur », qui annonce son relèvement après sa chute : « « Moi, Jérusalem, je veux guetter le Seigneur, attendre Dieu mon Sauveur ; lui, mon Dieu, m’entendra. Ne te réjouis pas de mon malheur, ô mon ennemie ; oui, je suis tombée, mais je me relève ; j’habite dans les ténèbres, mais le Seigneur est ma lumière. Puisque j’ai péché contre le Seigneur, je dois endurer sa colère jusqu’à ce qu’il prenne ma cause en main et rétablisse mon droit. Il me fera sortir à la lumière, et je contemplerai sa justice. » (Mi 7, 7-9)

Nous l’avons vu avec le 4ème chant du Serviteur souffrant, l’Ancien Testament commence également à mettre en relief l’aspect rédempteur de la souffrance : dans toutes nos souffrances, le Seigneur nous soutient (le Psaume 40 dit par exemple : « Le Seigneur le soutient sur son lit de souffrance : si malade qu'il soit, tu le relèves. […] ‘Dans mon innocence tu m'as soutenu et rétabli pour toujours devant ta face.’ » Ps 40, 4 ; 13) et Il permet que nous leur donnions un sens, en les unissant aux souffrances rédemptrices du Christ

Jean-Paul II, s’adressant aux malades disait : « L'homme créé par Dieu et élevé par Lui à la suprême dignité de fils, porte en soi un désir irrésistible de bonheur et éprouve une aversion naturelle pour n'importe quelle souffrance. Jésus, par contre, dans son œuvre évangélisatrice, s'est penché sur les malades, sur ceux qui souffrent, pour les guérir, pour les consoler ; mais il n'a pas supprimé la souffrance elle-même et il a voulu se soumettre à toute la douleur humaine possible, douleur morale et douleur physique, dans sa passion jusqu'à l'agonie mortelle du Gethsémani (Mc 14, 23), jusqu'à l'abandon du Père sur le Calvaire (Mt 5, 4), à la longue agonie, à la mort sur la croix. C'est pourquoi il a déclaré bienheureux les affligés (Mt 5, 4) et ceux qui ont faim et soif de justice. La Rédemption s'opère concrètement par la Croix ! Cette attitude de Jésus révèle un profond mystère de justice et de miséricorde dans lequel nous sommes tous englobés et par lequel tout homme est appelé à participer à la Rédemption. [7]»

Enfin, terminons en soulignant que désormais, au Ciel, Jésus ressuscité mais portant les signes de la Passion, plaide pour nous ! Ses plaies sont comme son « trophée », le rappel incessant devant son Père des mérites qu’Il nous a obtenus. Cette mission d’avocat attribuée au Seigneur est présente à maints endroits dans l’Ancien Testament.

Ainsi au Livre des Lamentations on lit : « Tu as plaidé ma cause, Seigneur : tu as racheté ma vie. » (Lm 3, 58).

Le Psaume 9 en est également une belle illustration : « De tout mon cœur, Seigneur, je rendrai grâce, je dirai tes innombrables merveilles ; pour toi, j'exulterai, je danserai, je fêterai ton nom, Dieu Très-Haut. Mes ennemis ont battu en retraite, devant ta face, ils s'écroulent et périssent. Tu as plaidé mon droit et ma cause, tu as siégé, tu as jugé avec justice. […] Fêtez le Seigneur qui siège dans Sion, annoncez parmi les peuples ses exploits ! Attentif au sang versé, il se rappelle, il n'oublie pas le cri des malheureux. » (Ps 9, 2-5 ;  12-13).

Le Pape François, dans une de ses homélies, disait : « Il y a quelque chose que Jésus fait aujourd’hui, je suis sûr qu’il le fait : il fait voir au Père ses plaies. Et Jésus avec ses plaies prie pour nous. Comme s’il disait :“ Père, cela est le prix ! Aide-les, protège-les, ce sont tes enfants que moi j’ai sauvés.” Autrement, on ne comprend pas pourquoi Jésus après la résurrection a eu ce corps glorieux, très beau : il n’y avait pas de traces de coups, il n’y avait pas les blessures de la flagellation, tout beau, mais il y avait les cinq plaies. Jésus a voulu les porter au ciel pour prier pour nous, pour faire voir au Père le prix, comme pour dire : “ Cela est le prix, à présent ne les laisse pas seuls, aide-les ! ” [8]»

Oui, en ces jours entre l’Ascension et la Pentecôte, levons les yeux avec confiance vers le Ciel, sûrs que Jésus y intercède pour nous et que, du Ciel, il nous envoie l’Esprit-Saint, le Consolateur !

Références

[1] Catéchisme de l’Eglise Catholique n°571-573

[2] Catéchisme de l’Eglise Catholique n°601 

[3]  Jean-Paul II – Encyclique Dominum et vivificantem (1986) n°16

[4] Jean-Paul II – Lettre apostolique Salvifici doloris sur le sens chrétien de la souffrance (1984) – n°17

[5] Saint Thomas More - Traité sur la Passion, Le Christ les aima jusqu'au bout, Homélie 1.

[6] Saint André de Crète – Homélie : « La croix, gloire et exaltation du Christ » - Cf. Office des Lectures, fête de la Croix glorieuse, le 14 septembre.

[7] Jean-Paul II – Discours aux malades, 21 octobre 1979

[8] Pape François – « Un bon avocat » - Homélie à la chapelle de la maison Sainte Marthe – 3 juin 2014

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