Qui m'a touché ?

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En parcourant l'Ecriture... Les miracles de Jésus : des "signes" pour notre foi... (6/8)

La guérison de la femme hémoroïsse et la résurrection de la fille de Jaïre 

Cet Évangile (Mc 5,21-43 Lc 8,40-56 Mt 9,18-26) présente Jésus accomplissant deux miracles, imbriqués l'un dans l'autre : la guérison de la femme hémorroïsse et la résurrection d’une jeune fille. Ces récits nous permettent d’approfondir notre relation avec Jésus et nous montrent comment nous pouvons nous approcher de lui.

Remarquons que, dans le CEC, c'est cette scène, qui a été choisie pour "introduire" la partie sur les sacrements !

— D'un côté la foule, sur le rivage, pendant le trajet, dans la maison de Jaïre; de l'autre les disciples, parmi lesquels Pierre d'abord se détache (Lc 8,45), puis Pierre, Jacques et Jean, seuls témoins de cette résurrection comme ils le seront de la Transfiguration et de l'Agonie ; au milieu, Jésus, qu'approchent vraiment, grâce à leur foi, l'hémorroïsse, Jaïre et sa fille.

Le parallélisme entre les deux miracles est souligné par le vocabulaire lui-même, notamment chez Saint Matthieu qui réduit comme à son ordinaire le récit à ses articulations majeures, pour mieux en faire ressortir la leçon : « Voici » aux v. 18 et 20 ; « le chef s'avance et se prosterne devant Lui, en disant »... et « la femme s'approche, par derrière, touche la frange... et elle se disait »... Surtout, ici et là, c'est la même foi dans l'effet sauveur du contact physique avec le Christ: « impose-lui la main (au singulier, comme pour un toucher) qu'elle soit sauvée »... « Si je puis toucher son manteau, je suis sauvée ». Jésus lui-même confirme que là est bien l'essentiel : « ta foi t'a sauvée » (v. 22, central).

« Qui m'a touché? » : Jésus connaît le cœur même de cette femme, tout comme Il sait ce qu'il adviendra de la fille de Jaïre : c'est pour saluer, honorer, remercier cette foi, et souligner le Pouvoir qu'elle a sur lui (à l'inverse, cf. § suivant, Mt 13,58 : "Et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi.") qu'Il pose cette question.

Ta foi t'a sauvée : elle obtient plus que la guérison: le Salut et la Paix.

Comme à Naïm, la résurrection de la fille de Jaïre montre la transcendance du Christ, même par rapport aux deux grands prophètes de l’A.T. Élie ou Elisée. Comme lorsqu'il commandait à la tempête, Jésus n'a pas besoin de prier ; il agit de sa propre autorité, si souveraine qu'il lui suffit de «prendre la main » de l'heureuse petite fille (// Is 43,13).

Dormir, s'éveiller, se lever, 3 verbes qui, en cette résurrection temporaire de la fille de Jaïre, nous annoncent qu'elle préfigure la résurrection du Christ, d'abord, et à sa suite de tous ses frères qu'Il aura sauvés par son Sang.

Dans chacune de ces situations, Jésus guérit par le toucher. L’hémorroïsse parvient à toucher le vêtement de Jésus et Jésus saisit la main de l’enfant. Cela nous renvoie à un grand mystère de notre foi : l’Incarnation du Fils de Dieu. Le Verbe s’est fait chair afin que nous puissions le toucher. Notre foi peut parfois être difficilement acceptable pour les non-croyants : comment croire que Dieu s’est incarné en la personne de Jésus ? Mais le mystère de l’Incarnation nous dévoile avant tout que la volonté de Dieu est de communiquer avec les hommes. Et pour s’adresser aux hommes, il convenait que le Seigneur devienne l’un d’entre nous. C’est pourquoi nous pouvons le toucher. Et ce toucher est guérison. Nous pouvons quelque fois oublier l’importance de ce sens. Nous savons que nos oreilles entendent sa voix, que nos yeux voient ses merveilles et que notre odorat reconnait l’encens qui monte avec notre prière. Nous remarquons aujourd’hui que par le toucher, Jésus guérit. De même, nous pouvons nous aussi, comme Jésus, utiliser le toucher pour manifester la compassion, la tendresse. Mais cela demande un apprentissage : le toucher peut être guérison ou devenir brutalité ou intrusion. Demandons au Seigneur de nous apprendre à utiliser nos sens comme lui-même l’a fait.

Notons aussi que Jésus est pressé par la foule et que tout le monde le touche, le presse. Pourtant, il se rend compte que quelqu’un vient de le toucher différemment. La démarche de l’hémorroïsse s’accompagne d’un acte de foi. C’est cela qui fait la différence. Il en est de même dans le second récit : c’est l’acte de foi qui accompagne le toucher que Jésus souligne. A l’hémorroïsse, il dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal » (Mc 5,34). Au chef de synagogue, il dit : « Ne crains pas, crois seulement » (Mc 5,36). Cela nous montre que tous les gestes que nous pouvons poser comme chrétiens sont appelés à être portés par la foi, sinon cela devient un acte magique : allumer une bougie, prier une neuvaine, aller à la messe…tout cela porte un fruit d’autant plus grand que notre foi est grande.

Enfin, ces récits nous rappellent que Jésus est venu pour que nous ayons la vie. Nous pouvons en effet nous demander pourquoi ces deux récits sont racontés simultanément. En fait, bien des éléments les rapprochent. Le sang représente la vie. La femme hémorroïsse perdait donc la vie pendant douze ans. La jeune fille, elle, a douze ans quand elle meurt. Elle s’apprêtait à devenir femme et à donner à son tour la vie. Mais elle meurt. Dans ces deux situations, Jésus affirme qu’il est là pour donner la vie.

Aujourd'hui encore, Jésus nous dit : « Moi, Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6).

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