Comment puis-je, comment pouvons-nous tous, vivre une Église pauvre et pour les pauvres ?

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Le Pape nous répond... 4/5 "quand l’Église devient une ‘ong’ elle perd son sel, elle n’a plus de goût, elle n’est plus qu’une organisation vide. La valeur de l’Église, fondamentalement, est de vivre l’Évangile et rendre témoignage de notre foi "

" Ne pas s’enfermer, s’il vous plaît ! "

Lors de la veillée de Pentecôte avec des membres de différents mouvements écclesiaux rassemblés à Rome, le Pape François a répondu d'abondance de coeur à plusieurs questions. Voici la réponse du pape à la troisième de leurs questions :

Comment puis-je, comment pouvons-nous tous, vivre une Église pauvre et pour les pauvres ?

1.L'Eglise n'est pas une ong

L’Église n’est pas un mouvement politique, ni une structure bien organisée : ce n’est pas cela. Nous ne sommes pas une ‘ong’, quand l’Église devient une ‘ong’ elle perd son sel, elle n’a plus de goût, elle n’est plus qu’une organisation vide. Et en cela soyez malins, parce que le diable nous trompe, parce que l’on court le risque de l’efficacité à tout prix. C’est une chose de prêcher Jésus, c’en est une autre l’efficacité, être efficients. Non, cela est une autre valeur. La valeur de l’Église, fondamentalement, est de vivre l’Évangile et rendre témoignage de notre foi. L’Église est le sel de la terre, c’est la lumière du monde, elle est appelée à rendre présent dans la société le levain du Royaume de Dieu et elle le fait avant tout à travers son témoignage, le témoignage de l’amour fraternel, de la solidarité, du partage.

2.Notre crise est une crise de l'homme

Les moments de crise, comme ceux que nous sommes en train de vivre — mais tu as dit tout à l’heure que « nous sommes dans un monde de mensonges » —, ce moment de crise, faisons attention, ne consiste pas en une crise uniquement économique ; ce n’est pas une crise culturelle. C’est une crise de l’homme : ce qui est en crise c’est l’homme ! Et ce qui peut être détruit c’est l’homme ! Mais l’homme est image de Dieu ! C’est pourquoi c’est une crise profonde ! En ce moment de crise nous ne pouvons pas nous inquiéter uniquement de nous-mêmes, nous enfermer dans la solitude, dans le découragement, dans le sentiment d’impuissance face aux problèmes. Ne pas s’enfermer, s’il vous plaît ! C’est cela le danger : nous nous enfermons dans la paroisse, avec les amis, dans le mouvement, avec ceux avec qui nous pensons les mêmes choses.... mais savez-vous ce qui arrive ? Quand l’Église devient fermée, elle tombe malade, elle tombe malade. Pensez à une pièce fermée pendant un an ; quand tu y retournes il y a une odeur d’humidité, il y a beaucoup de choses qui ne vont pas. Une Église fermée c’est la même chose : c’est une Église malade. L’Église dit sortir d’elle-même. Pour aller où ? Vers les périphéries existentielles, quelles qu’elles soient, mais sortir.

3.Etre des chrétiens courageux pour prendre sur nous la douleur des pauvres

Sortez dehors, sortez ! Pensez aussi à ce que dit l'Apocalypse. Elle dit une belle chose : que Jésus est à la porte et appelle, il appelle pour entrer dans notre cœur (cf. Ap 3, 20) Nous devons devenir des chrétiens courageux et aller chercher ceux qui sont précisément la chair du Christ, ceux qui sont la chair du Christ ! Quand je vais confesser — je ne peux pas encore, car pour sortir confesser ... d’ici on ne peut pas sortir, mais cela est un autre problème — quand j’allais confesser dans le diocèse précédent, certaines personnes venaient et je posais toujours cette question :

“ Mais donnez-vous l’aumône ? ”“ Oui, père !”. —“ Ah, c’est bien, c’est bien !”. Et j’en posais deux de plus : —“ Dites-moi, quand vous donnez l’aumône, regardez-vous dans les yeux celui ou celle à qui vous donnez l’aumône ? ” “ Eh bien je ne sais pas, je ne m’en suis pas rendu compte ”. Deuxième question : — “ Et quand vous donnez l’aumône, touchez-vous la main de celui à qui vous donnez l’aumône, ou lui jetez-vous la monnaie ? ”.

Voilà le problème : la chair du Christ, toucher la chair du Christ, prendre sur nous cette douleur pour les pauvres. La pauvreté, pour nous chrétiens, n’est pas une catégorie sociologique ou philosophique, ou culturelle : non, c’est une catégorie théologale. Je dirais qu’elle est peut-être la première catégorie, parce que ce Dieu, le Fils de Dieu, s’est abaissé, s’est fait pauvre pour marcher avec nous sur la route Et cela est notre pauvreté : la pauvreté de la chair du Christ, la pauvreté qui nous a apporté le Fils de Dieu avec son Incarnation. Une Église pauvre pour les pauvres commence par aller vers la chair du Christ.

4.La mondanité et l'absence d'éthique en politique

Mais il y a un problème qui ne fait pas du bien aux chrétiens : l’esprit du monde, l’esprit mondain, la mondanité spirituelle. Cela nous conduit à la suffisance, à vivre l’esprit du monde et non celui de Jésus. La question que vous posiez est : comment doit-on vivre pour affronter cette crise qui touche l’éthique publique, le modèle de développement, la politique. Étant donné que cette crise est une crise de l’homme, une crise qui détruit l’homme, c’est une crise qui dépouille l’homme de l’éthique. Dans la vie publique, dans la politique, s’il n’y pas d’éthique, une éthique de référence, tout est possible et on peut tout faire. Et nous voyons, quand nous lisons les journaux, combien le manque d’éthique dans la vie publique fait beaucoup de mal à l’humanité tout entière.

Extraits des réponses aux questions de la veillée de Pentecôte 2013

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