WE Foyers : Les époux face à la maladie et l’évangile de la souffrance
Récollection de Foyers - 1e trimestre 2022
Le sacrement des malades - 2
2- Les époux face à la maladie et l’évangile de la souffrance
L’expression « évangile de la souffrance » nous vient de Saint Jean-Paul II, Pape qui a été marqué par la souffrance. A l'âge de 20 ans, il n'avait plus ni père, ni mère, ni frère, ni soeur car il avait perdu tous les membres de sa famille. Il a vécu dans un pays qui a beaucoup souffert pendant la seconde guerre mondiale et qui a connu ensuite les persécutions marxistes : la Pologne. La souffrance ne l'a pas épargné pendant tout le temps de son Pontificat. Nous pensons particulièrement à la grande souffrance de l'attentat du 13 mai 1981, mais aussi à toutes les autres souffrances morales de notre Saint-Père.
Le 11 février 1984, il donnait à l'Eglise et au monde une lettre apostolique particulièrement importante sur la souffrance : "Salvifici doloris" = "de la douleur salvifique". Nous pouvons légitimement pensé qu'elle a été longuement mûrie par la propre souffrance de Saint Jean-Paul II. Dans cette lettre, il proclamait l'Evangile de la souffrance. Le dernier dimanche de mai 1994, alors qu'il venait de sortir de l'hôpital, le Saint-Père a voulu encore parler de l'importance de la souffrance. Il a remercié Dieu du temps de grâces qu'Il venait de lui accorder : un mois d'hospitalisation ! Il avait compris, dans sa prière, que ce temps de souffrances avait été nécessaire pour la famille menacée, car l'action et les paroles ne suffisaient plus pour défendre la famille et convaincre les responsables des Nations. Dieu avait voulu que le Pape souffre pour la famille. Jean-Paul II a affirmé alors que l'Evangile de la souffrance était l'Evangile supérieur !
Il était important que Saint Jean-Paul II parle de l'Evangile "supérieur" de la souffrance car l'une des plus grandes hérésies de notre temps est de nier la valeur rédemptrice de la souffrance, après avoir nié la doctrine du péché originel. Essayons de mieux comprendre ce qu'est cet Evangile de la souffrance pour que cela nous aide à suivre Jésus et à ne pas avoir peur d'embrasser la Croix qu'Il nous tend et qu'Il désire nous voir porter à sa suite pour que nous puissions l'aider à sauver des âmes.
I) GENERALITES SUR L'EVANGILE DE LA SOUFFRANCE.
a) La souffrance comme pénitence médicinale
La Révélation nous montre que Dieu est Bon et que tout ce qu'Il a créé était bon. Le mal est entré dans le monde à cause du péché originel. Dieu avait créé l'homme sain et heureux !
Nous pouvons constater, en outre, que bien des souffrances en ce monde proviennent des erreurs et des péchés personnels des hommes de notre temps. Qui est responsable des maux atroces de la Bosnie-Herzégovine, du Rwanda et de tant d'autres pays ? Qui est responsable de toute la misère morale de notre monde actuel et des grandes souffrances occasionnées par le fléau du sida ? Essentiellement : les nombreux péchés qui se sont accumulés en notre monde et les désordres sexuels !
Dieu n'est pas cause directe de la souffrance et de la mort ! Mais elle sera une nécessité pour qu'elle devienne, selon l'expression de Jean-Paul II, une "pénitence médecinale". Qu'entend signifier le Saint-Père par cette expression ? Ce que l'Ecriture Sainte nous montre tout au long de l'Histoire du Salut : Dieu, tel un Bon Père, châtie ses enfants et leur inflige une pénitence médecinale qui leur permettra de se convertir. Dieu ne se venge pas de l'homme en le faisant souffrir ! Le châtiment est toujours une oeuvre de miséricorde de Dieu pour le salut des hommes.
Après le péché originel, Dieu a châtié Adam et Eve et toute l'humanité en eux. La nature humaine a été déchue. Elle a perdu la grâce sanctifiante, elle a été marquée par la concupiscence et elle connaîtra la souffrance et la mort. Nous devrons tous passer par ce châtiment de la mort. Ce châtiment est une grande miséricorde, car si l'homme pécheur était assuré de vivre éternellement, se convertirait-il ? La mort nous oblige à nous détacher de tout ce qui nous empêche de nous attacher à Dieu.
Le déluge a été pour l'humanité pécheresse un châtiment. Dieu avait averti les hommes pécheurs par Noë. On mangeait, on buvait, on gagnait de l'argent, on devait bien rire de cet homme qui construisait une arche et qui prédisait un déluge ! Mais on ne se convertissait pas ! Grâce au déluge, cependant, des pécheurs qui ne s'étaient pas convertis à la parole de Noë, ont crié miséricorde devant les eaux qui les engloutissaient. Le déluge a été une pénitence médicinale pour le salut des âmes.
Pouvons-nous dire, de la même manière, que le sida est aussi une pénitence médicinale, un châtiment miséricordieux ? Le sida est bien devenu pour un certain nombre une grâce. Le Père Daniel Ange a donné le témoignage bouleversant de Franck, l'étoile brisée. Ce jeune sidéen a fait une mort magnifique. Il a demandé pardon de ses péchés. Il a reçu miséricorde. Un autre sidéen : Dominique Morin, parcourt la France, en ce moment, pour donner le même témoignage.
Tous, hélas, ne réagissent pas de la même façon ! On peut se révolter devant de telles souffrances. On peut accuser Dieu, le haïr et mourir dans d'horribles souffrances d'enfer qui ne seront pas des pénitences médicinales. Il faut donc distinguer les façons de recevoir la souffrance : ce peut être la révolte et la haine qui se ferme à la conversion et à l'amour ou bien, avec la grâce de Dieu, la réflexion, l'acceptation, l'offrande en réparation et même l'union à la souffrance salvatrice de Jésus sur la Croix.
b) La souffrance purifiée par Jésus Rédempteur devient instrument de rédemption
Le Saint-Père a montré que le Fils de Dieu a été donné par le Père pour sauver l'homme pécheur. Or sauver c'est libérer du mal. Le mal le plus grand de l'homme, sa souffrance la plus grande, c'est la mort éternelle, la damnation, la privation de Dieu. La cause de ce mal effroyable est le péché. Jésus doit vaincre ce mal éternel par sa souffrance rédemptrice. Il prend notre péché, Il se substitue à nous pour nous racheter et nous rendre ce bien irremplaçable qu'est la Grâce sanctifiante, la vie divine. Il triomphe du péché par son obéissance jusqu'à la mort de la Croix. La Croix du Christ est le prix de la Rédemption. Avec Jésus nous comprenons ce qu'est l'Evangile de la souffrance. Jésus s'est fait proche de tous ceux qui souffrent et Il a souffert la souffrance la plus horrible par Amour ! Il a racheté la souffrance humaine. Il lui a donné un sens : le sens rédempteur.
c) Nous pouvons participer aux souffrances du Christ
Jean-Paul II a cité Saint Paul qui a écrit : "Je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ pour son Corps qui est l'Eglise" (Col 1, 24). Le Saint-Père a analysé la souffrance de ceux qui, à la suite de Saint Paul, ont complété en leur chair ce qui manquait aux souffrances du Christ : cette souffrance assumée manifeste la grandeur morale de l'homme, sa maturité spirituelle. Cependant, il faut bien souligner que cette maturité spirituelle de l'homme qui souffre et assume sa souffrance en l'offrant avec Jésus souffrant se manifeste dans l'épreuve. La maturité spirituelle de l'homme uni à Jésus crucifié peut être, dit Jean-Paul II, une descente, avec le Christ, jusqu'aux limites de la faiblesse et de l'impuissance humaines pour s'ouvrir à l'action des forces salvifiques de Dieu. Il est difficile de décrire ce qui est indescriptible. Seuls, ceux qui ont souffert ainsi pourraient en parler. Mais l'Eglise peut en parler parce qu'elle est la Voix de tous ses enfants martyrs et "co-rédempteurs". Le Saint-Père a donc le droit d'écrire que le souffrant, uni au Christ, fait l'expérience de Saint Paul : "Je me glorifierai surtout de mes faiblesses afin que repose sur moi la puissance du Christ" (2 Co 12, 9).
Le Saint-Père en conclut que, par la Rédemption du Christ, la souffrance a acquis un caractère créateur : elle est devenue un bien, un grand bien : le bien de la Rédemption et de la participation à la Rédemption ! L'Eglise s'incline avec vénération devant ce grand bien de la Rédemption.
d) La souffrance proclamée comme Evangile supérieur
L'Evangile parle beaucoup de la souffrance. Jésus s'est fait proche de tous ceux qui souffraient. Il a souffert Lui-même et Il a appelé à prendre sa Croix à sa suite. Il a annoncé des persécutions à ses disciples, mais Il leur a promis aussi la force : "Gardez courage ! J'ai vaincu le monde" (Jn 16, 33). L'Evangile nous présente la Vierge Marie comme premier disciple partageant la souffrance de Jésus. Elle a réalisé ce que disait Saint Paul (Col 1, 24). Elle a reçu aussi, d'une certaine manière, comme une remise solennelle de l'Evangile de la souffrance au pied de la Croix. Cet Evangile, nous dit Jean-Paul II, nous est destiné !
Cet Evangile n'est pas fini d'imprimer ! Les Apôtres l'ont vécu à leur tour et beaucoup de martyrs l'ont continué. Aujourd'hui, toute personne qui souffre, en union avec Jésus, continue d'écrire l'Evangile de la souffrance et de le proclamer à ses contemporains.
On ne peut pas vivre cet Evangile de la souffrance par ses seules forces. On a besoin de l'aide de l'Esprit-Saint, de Jésus, Lui-même, qui agit en celui qui souffre avec Lui et de la Vierge Marie, la Mère des douleurs. Le Saint-Père sait qu'il faut un douloureux cheminement pour arriver à vivre cet Evangile de la souffrance. En effet, la souffrance est presque toujours abordée avec angoisse. On pose presque toujours à Dieu cette question : "Pourquoi ?" Cette question est posée à un Dieu qui souffre sur la Croix ! Ce Dieu n'a pas voulu répondre philosophiquement ou abstraitement à cette question légitime de l'homme souffrant et angoissé. Il lance, du haut de sa Croix, un appel : "Suis-moi ! Viens ! Prends part avec ta souffrance à cette oeuvre du salut de monde qui s'accomplit par ma propre souffrance." L'homme donnant son "Oui" trouve alors dans sa souffrance la paix intérieure et même la joie spirituelle dont parle Saint Paul (Col 1, 24).
e) La souffrance offerte par amour et la fécondité de la mission de l'Eglise
Le Saint-Père a montré combien cette révélation de l'Evangile de la souffrance était importante pour tous les malades. Ceux qui souffrent, en effet, peuvent se sentir un poids pour leur entourage et peuvent ressentir le sentiment déprimant de l'inutilité de la souffrance. La découverte du sens salvifique de la souffrance leur permet alors de transformer ce sentiment déprimant. Ils se savent, dans la Foi, utile, comme le Christ, au salut de leurs frères et soeurs ! Ils ne sont pas seulement utiles, pour l'Eglise, mais ils accomplissent un service irremplaçable parce qu'ils sont avec leurs frères et soeurs souffrants en union avec Jésus un sujet multiple de la force surnaturelle de l'Eglise. Les pasteurs de l'Eglise ont recours à eux parce qu'ils cherchent près d'eux aide et soutien. Le Saint-Père parle en connaissance de cause. En commençant son Pontificat, il est allé à l'hôpital Gemelli à Rome pour confier son ministère papal aux malades. Il est allé demander aux malades de le soutenir par leurs prières et leurs offrandes. L'Evangile de la souffrance est bien l'Evangile supérieur, car beaucoup de conversions ne peuvent être obtenues que par la souffrance rédemptrice du Christ et les souffrances "co-rédemptrices" de la Vierge Marie et des Saints. Voici une citation d'un Cardinal qui a connu la souffrance par un régime marxiste de ce XXe siècle : "Celui qui travaille pour le Royaume fait beaucoup, celui qui prie fait davantage mais celui qui offre ses souffrances fait plus que les autres" (Cardinal Tomasek).
f) La souffrance peut permettre de révéler l'amour
L'Eglise proclame l'Evangile de la souffrance tout en demandant à ses enfants d'être, à la suite du Christ, proches de tous ceux qui souffrent. Jean-Paul II disait que la parabole du Bon Samaritain appartenait à l'Evangile de la souffrance car elle montre que, même si la souffrance a obtenu un sens par la rédemption, on ne devait jamais rester passif devant la souffrance de son frère mais être un Bon Samaritain ! La souffrance appelle la solidarité et la charité. On doit se réjouir de tout ce qui se fait dans notre monde pour soulager la souffrance et y collaborer. La souffrance, dit Jean-Paul II, peut libérer l'amour ! Elle libère l'amour généreux de celui qui souffre avec le Christ et de ceux qui se dévouent à leur chevet, en ce sens qu'elle permet de révéler et manifester la générosité de leur amour ! Oui, l'Evangile de la souffrance continue à s'écrire sous nos yeux, dans nos familles et dans le monde.
Le Saint-Père a rappellé en diverses occasions la valeur inestimable de l'Evangile de la souffrance. Il a institué, le 11 février 1993, la journée mondiale du malade. Il a donné, chaque année, en cette journée importante, un message pour les malades. L'Eglise ne peut pas remplir sa mission sans être soutenue par les prières et les souffrances offertes de tant de ses enfants qui souffrent avec amour.
II) ERREURS ACTUELLES CONTRE L'EVANGILE DE LA SOUFFRANCE.
Cette lettre apostolique de St Jean-Paul II est demeurée pratiquement inconnue d'un grand nombre de catholiques. Elle a même été contredite par des théologiens et des responsables de formation des équipes de pastorale de la santé. Notre Fondateur n’a pas cessé de nous dire combien la crise de l'Eglise était grave. Cette crise est d'abord de l'ordre de la Foi. En remettant la vraie Foi en question, on ne comprend plus l'Oeuvre de la Rédemption. La souffrance n'a plus de sens rédempteur, s'il n'y a plus de péché originel ! La souffrance ferait partie de notre nature, elle ne serait pas le châtiment du péché originel et de nos péchés personnels. Il n'est pas étonnant alors que des théologiens enseignent que la souffrance est inutile. Ces mêmes théologiens demandent aux visiteurs de malades de ne plus dire : "Offrez vos souffrances !"
On caricature injustement les religieuses du 19e siècle qui auraient cultivé le culte de la souffrance. On tourne en dérision telle ou telle fille de la charité qui aurait dit soit-disant : "Il faut laisser souffrir ce malade. Il a besoin d'expier ses péchés !" Nous ne pouvons pas accepter ces critiques qui ne sont que de fausses caricatures. N'oublions pas que les premiers hôpitaux ont été créés par des membres de l'Eglise parce que, depuis le début de l'Histoire de l'Eglise, les baptisés ont toujours cherché à imiter le Christ qui s'est fait proche des plus pauvres et des plus démunis. Les religieuses et les filles de la charité qui se sont dévouées pour les malades au 19e siècle étaient animées de l'esprit de charité. Elles n'avaient pas les moyens que la médecine a, en ce XXe siècle, pour calmer la douleur, c'est un fait, mais elles avaient l'amour du Christ et elles savaient ne pas mesurer leur temps pour demeurer auprès des malades et des abandonnés et soulager le plus possible leurs souffrances. Que ceux qui les critiquent aussi injustement aient autant de générosité qu'elles auprès des membres souffrants du Christ !
Il est grave de dire que la souffrance n'a pas de valeur. C'est entrouvrir une porte à la légitimité de l'euthanasie. Le 25 mars 1995, Jean-Paul II a donné l'Encyclique sur la vie. Il a énergiquement condamné tous les attentats contre la vie (avortements et euthanasies). Quelques semaines plus tard, le théologien Hans Küng, condamné par Rome en 1979, faisait une Conférence en France pour contredire le Saint-Père. Il justifiait l'euthanasie en donnant l'exemple de la mort de son frère et en disant qu'il était inhumain que l'on n'accorde pas aux malades de pouvoir mourir dans la dignité grâce à l'euthanasie ! Il est possible que le frère d'Hans Küng soit mort dans de grandes souffrances. Mais que signifie mourir dans la dignité ? Jésus ne serait-il donc pas mort dans la dignité ?
Nous découvrons davantage combien la négation du dogme du péché originel a de graves conséquences. S'il n'y a pas de péché originel, Dieu est responsable de la souffrance et de la mort !
III) L'EVANGILE DE LA SOUFFRANCE VECU EN NOTRE TEMPS.
Nous pourrions montrer que tous les Saints de l'Eglise ont compris l'importance de la souffrance offerte avec amour en union avec Jésus. Nous voudrions donner quelques exemples de personnes héroïques de notre siècle qui ont été les témoins vivants de l'Evangile de la souffrance.
Dans notre Famille spirituelle, nous aimons beaucoup 2 personnes qui ont porté en leur chair pendant plus de 50 années les stigmates de Jésus : Padre Pio et Marthe Robin.
Padre Pio est mort en 1968 à San Giovanni Rotondo, dans le Sud de l'Italie. Ce capucin a attiré des centaines de milliers de pèlerins qui venaient rencontrer en lui, Jésus Crucifié. Padre Pio aurait dit qu'il lui aurait été insurpportable de rester plus de 10 minutes sans souffrir. Nous nous sentons bien petits devant tant de générosité ! La prière et la souffrance de Padre Pio ont certainement ouvert les portes du Ciel à de très nombreuses âmes. Il sut, un jour, qu'un homme s'était damné. Certainement cet homme était trop endurci pour être sauvé mais le Padre Pio s'est plaint à Jésus : "Pourquoi m'as-Tu caché sa mort, je te l'aurais arraché !"
Marthe Robin est plus connue des Français. Elle a vécu pas très loin de chez nous : à Châteauneuf dans la Drôme. Quelle vie admirable ! Quelle générosité ! Quel amour extraordinaire ! Nous vous conseillons vivement de lire quelques extraits sur cette vie donnée. Des livres ont déjà été écrits sur elle. Jésus a préparé Marthe à sa vie de victime d'Amour immolé. Il ne faut pas croire que Marthe désirait souffrir. Elle était comme chacun de nous. Elle avait peur de la souffrance. Mais elle s'est abandonnée dans la confiance à tout ce que Jésus voulait d'elle. Le papa et la maman de Marthe étaient désolés de ne pas pouvoir soulager leur fille comme ils l'auraient voulu ! Son pauvre papa disait : "Pourtant elle n'a rien fait de mal !". Sa maman, elle, se lamentait : "Ma pauvre petite, voyez dans quel état elle est !" (Marthe Robin. Jean-Jacques Antier. Perrin 1991 p. 69).
Marthe a dû passer par des étapes douloureuses, très douloureuses pour arriver à sa mission de "corédemptrice". Elle fut d'abord une enfant comme les autres enfants de son âge. Elle aimait s'amuser. Elle était malicieuse mais toujours docile et obéissante. Elle a reconnu, avec simplicité et vérité : "Je n'étais pas une enfant gâtée ; tout le monde me commandait et je marchais. Même quand je n'étais pas coupable, j'acceptais les punitions" (p. 35). Quelle âme admirable chez cette enfant d'une si modeste famille paysanne ! Elle a déclaré, au sujet de sa première communion faite à l'âge de 10 ans, le 15 août 1912 : "Je crois que ma communion privée a été une prise de possession de Notre Seigneur. Il s'est emparé de moi à ce moment-là. Ce fut quelque chose de très doux dans ma vie." Elle a laissé entrevoir aussi sa relation filiale avec la Sainte Vierge : "Je priais la Sainte Vierge. Je lui parlais surtout. Quand j'allais au village faire des commissions, j'avais toujours mon chapelet dans une poche et en route je le disais" (p. 31). A partir de 1918, la souffrance va faire une apparition plus grande dans la vie de Marthe ; elle n'a que 16 ans ! Les médecins ne comprennent pas ce qui se passe en elle : coma, paralysie et autres maladies inexplicables. L'épreuve durera 27 mois. Le Père Finet déclarera : "Que s'est-il passé entre Marthe et le Seigneur pendant ces vingt-sept mois ? Certainement beaucoup de choses. Une mystérieuse rencontre avec le Seigneur." Le 20 mai 1921, elle a été favorisée d'une vision de la Sainte Vierge. Sa maman et l'une de ses soeurs n'ont jamais douté de la réalité de cette vision (p. 43)
Marthe va retrouver une vie normale après ce "coma mystique". Elle espère bien qu'elle va guérir et c'est pour cela qu'elle forme le projet d'entrer au Carmel pour imiter la petite Thérèse de Lisieux qui est sur le point d'être béatifiée. Dieu va lui faire comprendre qu'elle n'entrera pas au Carmel, elle déclarera à Jean Guitton : "Alors je me donnai à Dieu d'une manière absolue, non pas en choisissant d'être carmélite, mais en ne choisissant rien du tout" (p. 45). Quel abandon merveilleux et héroïque pour cette jeune fille de 19 ans ! Sa santé va se détériorer à nouveau sans que les médecins puissent y comprendre quelque chose ! Une lecture va bouleverser son âme : la vie de Thérèse Martin. Elle est fascinée par cette vie de souffrance et d'amour. Elle est conquise par l'âme de feu de cette petite carmélite qui s'est offerte à l'Amour de Dieu, qui s'est donnée totalement jusqu'à la mort à 24 ans. Il semble qu'elle ait lu aussi des révélations de Jésus à une religieuse de la Visitation de Côme : soeur Benigna Ferrero et qu'elle ait retiré de cette lecture les 3 idées maîtresses de toute sa vie spirituelle : l'amour, le sacrifice et la mission. Elle lit encore : "L'amour n'a besoin de rien, seulement de ne pas trouver de résistance" (p. 47). Elle trouve enfin dans un livre de piété ce qui sera toute sa vie spirituelle de victime à l'Amour : "Pourquoi cherches-tu le repos puisque tu es faite pour la lutte ? Pourquoi cherches-tu le bonheur puisque tu es née pour la souffrance ?" Il faut une générosité héroïque pour dire un "Oui" total à ces deux appels de Jésus ! Marthe ressentira les tentations suscitées par l'ennemi mais elle se souviendra de la petite Thérèse et de soeur Benigna : "Il faut que tu sois en en état continuel d'holocauste". Elle entendra une voix intérieure lui dire : "Pour toi ce sera la souffrance". Elle lut une nouvelle phrase qui, dira-t-elle à Jean Guitton, fut sa lumière définitive : "Il faut donner à Dieu tout !" Elle n'aura plus besoin de chercher dans des livres sa vocation. Elle l'avait trouvée ! (p. 47)
Marthe dit "OUI" à Jésus, ce fut son premier FIAT, elle avait 20 ans. Marthe va avoir beaucoup à souffrir. Son curé ne la comprend pas. Les médecins sont déconcertés par sa maladie. On dit qu'elle s'écoute trop ! Elle se retrouve seule, sans amies, à la ferme paternelle. Elle faisait peur et les jeunes filles ne voulaient pas passer pour bigote en venant la voir.
Le 15 octobre 1925, en la fête de Sainte Thérèse d'Avila, jour choisi par celle qui voulait devenir carmélite, Marthe fait un merveilleux acte d'abandon et d'offrande à l'Amour et à la Volonté de Dieu. Tout serait à citer et à méditer. Quelle est grande l'âme de Marthe ! Qu'il est beau son amour pour Jésus ! "O le Bien-Aimé de mon âme, écrit-elle, c'est Vous seul que je veux, et pour votre amour je renonce à tout." Elle dit encore : "J'accepte avec amour tout ce qui me vient de vous : peine, douleur, joie, consolation, sécheresse, abandon, délaissement, mépris, humiliation, travail, souffrance, tout ce que vous voulez, ô Jésus". La grande humilité de Marthe transparaît dans cette autre phrase : "Mon Dieu, vous connaissez ma fragilité et l'abîme de ma grande faiblesse. Si je devais un jour être infidèle à votre souveraine volonté sur moi, si je devais reculer devant la souffrance et la croix et déserter votre chemin d'amour en fuyant le tendre appui de vos bras, oh je vous en supplie et vous en conjure, faites-moi la grâce de mourir à l'instant" (p. 58).
Marthe n'a pas reculé devant la souffrance et la Croix ! Voici la confirmation de cette affirmation qui montre son extraordinaire générosité : Marthe aurait tant désiré aller à Lourdes demander sa guérison à la Sainte Vierge. Le pèlerinage était programmé. Sa place de malade était retenue et voilà que son curé vient la voir, fin juin 1925, pour lui dire qu'une autre malade avait demandé d'aller à Lourdes et qu'il n'y avait qu'une place ! Marthe fit silence et dit : "Donnez-lui la place, Monsieur le curé !" "A partir de ce moment-là, dira-t-elle, j'ai été inondée de grâce" (p. 53-54).
Une année après l'acte d'abandon, une nouvelle épreuve va s'abattre sur elle. Les médecins ne comprennent absolument pas ce qui se passe. Elle entre dans un nouveau coma en la fête de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus que l'on fêtait alors le 3 octobre. Les médecins pensent qu'elle va mourir. 3 semaines plus tard, elle sort de son coma et dit : "Je ne vais pas mourir !" Elle ajoutera en tremblant : "J'ai vu Sainte Thérèse, je l'ai vue. Trois fois elle m'a visitée." Elle demeurera très discrète sur ce qui s'est passée entre elle et Sainte Thérèse, mais le Père Finet qui a pu recueillir ses confidences a pu dire que Sainte Thérèse l'avait assurée que non seulement elle n'allait pas mourir mais qu'elle allait vivre en prolongeant sa mission dans le monde entier. Marthe avait fait cette confidence à une autre personne : "Dire que je l'aime tant la petite Thérèse et que c'est elle qui m'a fermé les portes du Ciel ! J'étais heureuse, prête à mourir... à vivre ! Sainte Thérèse m'est apparue. Je l'ai vue. Trois fois elle m'a visitée. Elle m'a dit : "Tu ne mourras pas. Tu es chargée d'une mission spirituelle." Elle dira encore plus tard devant le Père Finet : "Oh la coquine (Sainte Thérèse), elle m'a tout laissé après" (p. 60-61). Ces citations nous font découvrir le lien qui unissait Sainte Thérèse et Marthe et nous comprenons mieux pourquoi les vrais dévôts de Sainte Thérèse deviennent des amis de Marthe Robin ! Elle a vraiment continué la mission de Sainte Thérèse et nous pouvons être sûrs qu'elles collaborent activement toutes les deux au Ciel aujourd'hui.
Marthe était inquiète de la mission que Jésus voulait lui confier. Ce dernier lui dira : "Ne tremble pas. C'est moi qui ferai tout" (p. 61).
Jésus va donner à Marthe les marques de sa Passion. Cela se fera au début octobre 1930 ; Marthe a 28 ans. Jésus lui demande : "Marthe, veux-tu être comme moi ?" Marthe dit un nouveau "Oui" généreux à son Bien-Aimé et elle va être marquée des stigmates qu'elle portera jusqu'à sa mort, en 1981. Après l'avoir marquée des stigmates, Jésus lui dit : "Désormais, Je t'appellerai ma petite crucifiée d'amour. C'est toi que J'ai choisie pour vivre ma passion le plus pleinement, après ma mère. Personne après toi ne la vivra aussi totalement. Et pour que tu souffres jour et nuit, tu ne dormiras jamais plus ! " (p. 86)
Pouvions-nous trouver plus belle confirmation de l'Evangile de la souffrance proclamé par Jean-Paul II ! Ecoutons Marthe parler de cet Evangile qu'elle a vécu d'une manière héroïque pendant plus de 50 ans : "J'expérimente combien il est doux d'aimer, même dans la souffrance, car c'est l'école incomparable du véritable amour, le vivant langage de l'amour, la grande éducatrice du genre humain. Celui qui n'a pas connu l'angoissante douleur ne pourra jamais pleinement goûter les beautés de la joie profonde" (p. 61). Nous nous sentons très petits devant une telle déclaration ! Nous ne pouvons pas comprendre totalement tout ce que Marthe a souffert mais elle a fait comprendre à Jean Guitton que la souffrance qu'elle a portée avec Jésus était accompagnée d'une profonde joie spirituelle qu'elle ne pouvait pas expliquer, non une joie sensible, non un plaisir, mais une joie vive, divine, intérieure (p. 89). Ceux qui ont approché Marthe peuvent comprendre ce qu'elle voulait dire. Ils ne venaient pas la consoler mais cherchaient consolation auprès d'elle. Sa voix était l'écho de cette joie vive, divine, intérieure et, en même temps, elle ressentait la souffrance, l'immense souffrance de Jésus !
IV) L'EVANGILE DE LA SOUFFRANCE DANS LA SPIRITUALITE DE LA FAMILLE MISSIONNAIRE DE NOTRE DAME DES NEIGES
Notre Famille Missionnaire de Notre Dame des Neiges a reçu par ses fondateurs, notre Père et Mère Marie-Augusta, un charisme pour sa vie et sa mission : celui d'éduquer les coeurs humains au véritable amour à la ressemblance des Coeurs de Jésus et de Marie. Ce charisme concerne d'abord tous les membres de notre Famille car, tous, nous avons l'absolue nécessité d'éduquer notre coeur ! Malgré nos misères et le fait que nous ne soyions que d'inutiles instruments, Jésus veut faire de nous des apôtres de son Amour. Notre Famille a donc la difficile mission de faire découvrir en ce temps si marqué par tant de défigurations de l'amour ce qu'est le véritable amour.
Mère Marie-Augusta est notre modèle. Elle a vraiment été Apôtre de l'Amour. Elle a vraiment exercé l'énergie du bel amour ! Elle a été unie au Coeur de Jésus et a partagé son Amour souffrant. Elle a été une grande amie de Marthe Robin en partageant, quelquefois, sa prière et en vivant, avec les mêmes désirs, l'Evangile de la souffrance et de l'Amour. Notre Mère a vraiment fait siennes tout ce que nous avons dit sur la manière dont Marthe consédérait la souffrance. Les exhortations spirituelles qu'elle a transmises à ses enfants sont essentiellement des appels à l'Amour authentique et des appels à partager la souffrance rédemptrice de Jésus. Mère Marie-Augusta, comme Marthe Robin, savait bien qu'il n'est facile pour personne de souffrir. C'est pour cette raison qu'elle disait à ses enfants : "Il est dur, humainement, de souffrir et de vivre". Mais, en même temps, désirant profondément le salut des âmes avec Jésus souffrant, elle ajoutait : "Mais quelle richesse : souffrir en aimant, aimer en souffrant." Elle savait très bien, comme Sainte Thérèse d'Avila à qui Jésus avait fait comprendre que ses amis étaient voués à la Croix, que ses enfants étaient destinés à souffrir : "Il ne faut pas être surpris des épreuves de toutes sortes, déceptions et autres tourments intérieurs et extérieurs, physiques et moraux : n'est-ce pas la rançon de l'amour de Dieu pour les âmes choisies ? L'oeuvre de Dieu, belle et durable, ne peut s'accomplir qu'en y donnant sa vie. La souffrance pour elle est nécessaire". Elle souffrait avec Jésus de ce que la Croix n'était plus suffisamment prêchée par les prêtres et aimée par les fidèles. Elle demandait alors à ses enfants d'être des Apôtres de la Croix : "Que partout nous disions que la Croix est précieuse ; que ceux que nous approchons n'en aient plus peur : nous la leur ferons porter pour l'amour de Notre-Seigneur". Notre Mère a vécu ce qu'elle a transmis et elle est pour nous, membres de sa famille, un modèle merveilleux d'amour et de générosité. Nous savons qu'elle agit dans notre mission et qu'elle nous aide à faire aimer la Croix de Jésus, même si la nature humaine en a peur !
Notre fondateur nous a éduqués et nous éduque à cet amour de la Croix. Permettez-moi, une nouvelle fois, de lui rendre témoignage. Nous avons eu déjà l'occasion de le faire, mais il faut que tous nos amis se rendent compte, à quel point, tout ce que nous sommes et tout ce que vous recevez ici, c'est à lui que nous le devons. Sans lui, nous nous serions laissés prendre par les subtiles tentations du Malin qui ont causé la grave crise de l'Eglise. Sans lui, probablement, nous aurions peur de parler de la Croix ! Voici quelques-uns de ses enseignements qui sont au coeur de notre spiritualité et qui vous permettront de comprendre ce que nous vivons et ce que nous enseignons. Notre fondateur veut que chacun de ses enfants désire vivre ce que Mère Marie-Augusta a vécu : l'union à Jésus. Une vie de consacré c'est d'abord cela. Cette union à Jésus se fait par la prière communautaire et personnelle. Elle ne peut pas être une union procurant une joie superficielle. "L'union à Jésus dans la prière, nous dit notre Père, conduira par elle-même à un certain degré de pénétration et de partage de sa souffrance et en rendra capable. Il épouse sur la Croix. Il sauve par la Croix. Il fait grandir l'amour de son disciple par le partage de sa Croix. Son amour grandissant lui permettra de découvrir toute la richesse de la souffrance portée avec amour. Jésus lui fera expérimenter qu'elle est source de joie profonde, en fait, mais pas forcément sensible. Elle est surnaturelle et très réelle malgré le déchirement de la nature." Nous sommes heureux de constater la totale conformité de cet enseignement avec celui de Marthe Robin et de Jean-Paul II. Notre fondateur nous enseigne aussi que, dans notre mission, la souffrance ne fera jamais défaut ! Nous ne devons jamais oublier que la mission de Jésus s'est achevée par la souffrance de la Croix ! Notre fondateur nous dit : "Les consacrés qui se sont offerts une fois pour toutes, doivent toujours redire leur "oui". Ils doivent s'offrir jusqu'à la Croix et redoubler d'abandon et de confiance dans l'épreuve, sans mettre en doute la sollicitude compatissante de Jésus."
Nous voudrions souligner le discernement à opérer dans les souffrances. Toute souffrance n'est pas rédemptrice. Il existe de "bonnes" et de "mauvaises" souffrances. Ce qui est le plus regrettable et dommageable, dans la grave crise doctrinale actuelle, c'est la confusion au niveau de l'amour et de la souffrance. Certains n'hésitent pas à dire qu'une personne qui a attrapé le sida, à cause de graves désordres homosexuels, a trop aimé ! Nous ne devons pas juger le coeur de cette personne mais l'Eglise continue à dire qu'elle pouvait ne pas tomber dans les désordres sexuels tout en ressentant des tendances homosexuelles dont elle n'était pas forcément responsable. Il faut donc dire que cette personne a mal aimé et non trop aimé !
Certains ne font plus de différences entre des souffrances corédemptrices comme celles de Marthe Robin et des souffrances qui ne sont pas vécues dans l'amour de charité, mais dans la haine et les passions. Voici ce que nous dit notre fondateur à ce sujet : "Il faut savoir distinguer entre les souffrances pures et purificatrices et celles qui ne sont que le fruit direct des mauvais sentiments et des passions humaines (cf. 2 Co 7 , 10). Il y a des fatigues, des tortures morales, des accablements qui sont des souffrances de démon et d'enfer. Il faut du discernement de la part des apôtres eux-mêmes et de leurs Responsables pour bien juger et combattre énergiquement les souffrances stériles et illégitimes, qui proviennent surtout des différentes formes d'amour-propre : orgueil, jalousie, repli sur soi, complaisance morbide et orgueilleuse en ce qu'on subit, tandis qu'on devrait se dégager, s'oublier, garder la sérénité et demander la "joie parfaite" de Saint François : «C'est plutôt lorsque nous sommes soumis à diverses épreuves, dit ce Saint, que nous devons nous réjouir, et lorsque nous avons à supporter dans notre âme et notre corps toutes sortes d'angoisses et de tribulations en ce monde pour la vie éternelle»".
Les damnés souffrent. Ils sont incapables de souffrir de bonnes souffrances avec amour.
Tous ne comprennent pas ce langage mais c'est pourtant le langage des Béatitudes qui se concluent par la Béatitude de ceux qui sont persécutés pour la Justice-Sainteté, c'est-à-dire pour Jésus ! Si nous sommes disciples de Jésus, témoins de sa Lumière et de sa Charité, il est normal que nous nous trouvions en butte à l'esprit du Prince des ténèbres, plus particulièrement à l'oeuvre en notre temps, comme l'a proclamé le Pape Jean-Paul II dans l'Encyclique sur la vie.
Il ne s'agit pas de vouloir rechercher l'échec dans l'apostolat pour vivre les Béatitudes ! Nous devons tout faire, au contraire, pour essayer de supprimer toutes les causes d'échecs qui peuvent provenir de nos erreurs, nos péchés ou de moyens grossièrement humains employés pour réussir. Mais, malgré les échecs apparents, cependant, nous devrons toujours garder la paix du coeur en contemplant la patience de Jésus dans sa vie publique et sa passion. Peut-être, aurons-nous la grâce du bonheur de la persécution en donnant notre vie pour Jésus ? Le martyre a été le lot des apôtres. Mais il n'y a pas que la persécution sanglante ! Il existe bien des formes de martyre qui, sans être l'arrachement violent de notre vie physique, comportent autant ou plus de mérites et de preuves d'amour : martyre de l'obéissance, martyre de la foi, de la patience dans la persévérance, martyre du coeur surtout.
V) L'EVANGILE DE LA SOUFFRANCE ET LA NOTRE-DAME DES DOULEURS
Nous ne pouvons pas parler de l'Evangile de la souffrance en oubliant celle qui a mérité de devenir, selon le Concile Vatican II, la Mère de tous ceux qui vivent de la Grâce sanctifiante : la Vierge Marie, la Mère des douleurs. Jésus a dit à Marthe Robin que personne ne pourrait souffrir ce que la Sainte Vierge a souffert. Nous ne pouvons donc pas mesurer l'immense, l'héroïque souffrance de notre Mère céleste ! Elle a vécu le martyre héroïque du coeur, de la foi, de l'amour ! Saint Bernard a écrit des pages merveilleuses sur le martyre du coeur de Notre Dame. Jésus ne pouvait plus souffrir lorsque son Coeur a été transpercé car Il était déjà mort. La Sainte Vierge, elle, était là, debout au pied de la Croix. La lance qui a transpercé le Coeur de son Fils, a transpercé son âme. La prophétie du vieillard Siméon a trouvé là son accomplissement. Le Coeur de la Vierge Marie a été ouvert pour toujours et ne se cicatrisera jamais plus. Cette blessure d'amour demeurera sa blessure sacrée de Mère des douleurs. Cette blessure, la Vierge Marie la conservera jusqu'au jour de l'Assomption. Elle ne passera pas un seul jour, dans ses longues années de solitude après l'Ascension, sans penser à la Passion, sans souffrir d'Amour, sans aimer en souffrant ! Remercions, chaque jour, notre Mère pour tant d'amour et de souffrance. Nous lui avons coûté cher. Jean-Paul II a dit qu'elle savait combien l'homme avait du prix aux yeux de Dieu. Elle le sait mieux que nous car elle a participé, avec son Fils, au rachat de l'homme. Le prix de l'homme c'est le Sang versé de son Fils ! L'Evangile de la souffrance est bien l'Evangile supérieur car il est l'Evangile de l'Amour souffrant ! Cet Evangile n'est pas terminé pour notre Mère céleste. Son Cœur est ouvert pour toujours ! Ses pleurs à la Salette et en d'autres lieux en sont la manifestation.