Pour bien vivre la liturgie de cette Semaine Sainte...

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La Semaine Sainte : la "Grande Semaine" liturgique

Pour comprendre l’importance de la liturgie du Triduum, voici ce que dit le Catéchisme de l’Eglise Catholique : « A partir du Triduum Pascal, comme de sa source de lumière, le temps nouveau de la Résurrection emplit toute l’année liturgique de sa clarté. De proche en proche, de part et d’autre de cette source, l’année est transfigurée par la Liturgie. Elle est réellement " année de grâce du Seigneur " (cf. Lc 4, 19). L’Économie du salut est à l’œuvre dans le cadre du temps, mais depuis son accomplissement dans la Pâque de Jésus et l’effusion de l’Esprit Saint, la fin de l’histoire est anticipée, ‘en avant-goût’, et le Royaume de Dieu entre dans notre temps.

C’est pourquoi Pâques n’est pas simplement une fête parmi d’autres : elle est la " Fête des fêtes ", " Solennité des solennités ", comme l’Eucharistie est le Sacrement des sacrements (le Grand sacrement). S. Athanase l’appelle " le Grand dimanche ", comme la Semaine sainte est appelée en Orient " la Grande Semaine ". Le Mystère de la Résurrection, dans lequel le Christ a écrasé la mort, pénètre notre vieux temps de sa puissante énergie, jusqu’à ce que tout Lui soit soumis.

L’année liturgique est le déploiement des divers aspects de l’unique mystère pascal. Cela vaut tout particulièrement pour le cycle des fêtes autour du Mystère de l’Incarnation (Annonciation, Noël, Épiphanie) qui commémorent le commencement de notre salut et nous communiquent les prémices du mystère de Pâques. [1]»

 Désormais, la liturgie aura un triple souci :

1 – reconstituer, aussi fidèlement que possible, les évènements qui se sont déroulés pendant les 8 derniers jours de la vie publique de Notre Seigneur, et nous les faire revivre jour par jour, et même heure par heure (Triduum + + +) ;

2 – nous faire participer au mystère de la Rédemption tel qu’il s’exprime aujourd’hui, et ceci par l’intermédiaire des sacrements de baptême, de pénitence et de l’eucharistie ;

3 – nous faire entrevoir les réalités du dernier jour, dont la mort et la Résurrection du Christ sont la promesse, le gage et le commencement.

> Le Dimanche des Rameaux et de la Passion nous fait revivre l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, quelques jours avant sa mort, et nous prépare déjà à vivre les évènements de la Passion. Après la procession des Rameaux, on lit à la messe le récit de la Passion selon l’un ou l’autre des évangélistes en fonction de l’année.

> Le Mercredi Saint, nous revivons la trahison de Judas. À la messe, nous entendons l'évangile de Saint Matthieu :
« Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit ; mais malheureux celui par qui il est livré ! » (Mt 26, 14-25)

> Le Jeudi Saint est un jour de JOIE dans ces jours de la Passion. Il est marqué par :

  • la messe chrismale, avec le renouvellement des engagements des prêtres et la bénédiction des saintes huiles : l’huile des malades et l’huile des catéchumènes sont bénies ; le saint chrême est consacré. La liturgie d’Antioche exprime ainsi l’épiclèse de la consécration du saint chrême (myron) : «  [Père .... envoie ton Esprit Saint] sur nous et sur cette huile qui est devant nous et consacre-la, afin qu’elle soit pour tous ceux qui en seront oints et marqués : myron saint, myron sacerdotal, myron royal, onction d’allégresse, le vêtement de la lumière, le manteau du salut, le don spirituel, la sanctification des âmes et des corps, le bonheur impérissable, le sceau indélébile, le bouclier de la foi et le casque terrible contre toutes les œuvres de l’Adversaire»[2]. Le saint chrême sera ensuite utilisé toute l’année pour les baptêmes, les confirmations et les ordinations : il est le signe de la consécration.
  • la célébration de la Cène. Si possible, le tabernacle est vide avant la célébration : on mesurera ainsi mieux le don qui nous est fait de la Présence réelle de Jésus dans tous les tabernacles du monde… Les cierges de consécration de l’église sont allumés pour rappeler le Cénacle, on retrouve les fleurs, on dit le Gloria et les cloches teintent tout le long (puis se tairont jusqu’à Pâques…). On procède au lavement des pieds de 12 hommes (plutôt des prêtres s’il y en a) qui rappelle la nécessité de la pureté de l’âme pour célébrer la Cène. A l’offertoire, les fidèles sont invités à venir déposer leurs offrandes au pied de l’autel en embrassant la Croix : c’est l’offrande des fruits de leur Carême. La messe de la Sainte Cène doit être particulièrement développée, car on y célèbre l’institution de l’Eucharistie; elle tient lieu de liturgie de Vêpres.

En 1969, le Pape Paul VI a fait du Jeudi Saint une fête du sacerdoce.

À la fin de la messe, on transporte le Saint Sacrement au reposoir en chantant le Pange lingua… commence alors le temps de l’agonie de Jésus. L’autel qui représente le Christ est alors dépouillé au chant du psaume 21 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis. Mon Dieu, j'appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ; même la nuit, je n'ai pas de repos… ». Les fidèles sont invités à veiller auprès de Jésus pour l’accompagner dans sa Passion jusqu’au lendemain…

> Le Vendredi Saint est le jour de la Passion du Christ:

  • Le matin (ou dans l’après-midi), nous revivons sa condamnation à mort, sa flagellation, sa crucifixion par la méditation du Chemin de Croix.
  • À 15h00, heure de la mort de Jésus, c’est l’Office de la Passion (qui peut être reporté au soir pour faciliter la participation des fidèles) : les prêtres entrent dans l’église en silence et, pour signifier la mort du Christ, son anéantissement, ils font une prostration devant l’autel pendant quelques minutes. Il n’y a pas de messe ce jour-là. Par contre, on peut communier en utilisant la sainte Réserve (hosties consacrées la veille), pour signifier la consommation du sacrifice. Les lectures nous font méditer les chants du Serviteur Souffrant (Isaïe 52-53), la grande obéissance du Christ, notre grand Prêtre, qui présente à Dieu le seul sacrifice qui peut nous sauver de la mort (lettre aux Hébreux 4-5), et nous font revivre la Passion (St Jean 18-19). La prière universelle – fixée par la liturgie - est particulièrement développée ce jour-là : puisque le Christ est désormais notre intercesseur auprès du Père, nous lui adressons toutes nos demandes en présentant les mérites que Jésus nous a acquis. La Croix est dévoilée morceau par morceau, et nous la vénérons au chant des Impropères.
  • Le chant des Vêpres peut s’accompagner de celui du Stabat Mater, en union avec le Cœur douloureux de Marie qui pleure son Fils... Et le tombeau se referme…

> Le Samedi Saint est le jour du silence du tombeau… Dans les premiers temps de l’Eglise, c’était une journée de jeûne et de préparation à la grande Vigile pascale. Dans la communauté, nous avons l’habitude d’en faire une journée de deuil et de retraite autour de la Vierge Marie, Notre-Dame des douleurs.

Puis vers le soir, à la nuit tombée, c’est la Vigile pascale, LA grande liturgie par excellence ! En 1955, Pie XII réforme la liturgie de la Semaine Sainte pour que la Vigile ne soit pas célébrée avant le samedi soir, afin de respecter la vérité des heures. Le feu nouveau qui jaillit est le signe de la Résurrection : lumière qui triomphe sur la nuit, feu qui éclaire et qui purifie. On y allume le Cierge pascal, symbole du Christ ressuscité et présent parmi nous jusqu’à la fin des temps. Le chant de l’Exultet annonce la Pâque du Seigneur, la joie de la Résurrection tandis que le cierge pascal illumine l’église, comme le Christ Ressuscité illumine son Eglise. Puis c’est la grande liturgie de la Parole qui nous fait revivre toute l’Histoire du Salut : l’alléluia revient pour l’acclamation de l’évangile. La litanie des saints s’accompagne du dévoilement des statues qui avaient été voilées les derniers jours du Carême : désormais, le Ciel nous est ouvert par Jésus ! Puis vient la bénédiction de l’eau aux fonts baptismaux, eau qui nous fera renaître à la Vie nouvelle : le Cierge pascal y est plongé tandis que la prière de bénédiction est prononcée. Cela nous introduit dans le renouvellement des promesses de notre baptême (ou la célébration des baptêmes s’il y en a). Ensuite, on célèbre la messe dans la joie de la Résurrection : le chœur de l'église resplendit alors de lumières et de fleurs !

> Le Dimanche de Pâques, la messe solennelle de Pâques commémore à nouveau la Résurrection du Christ avec faste, dans l’action de grâce. Chaque dimanche sera ensuite « jour de la Résurrection »

BONNE SEMAINE SAINTE !

Notes :

[1] Catéchisme de l’Eglise Catholique n°1168-1171

[2] Cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique n°1297

 

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