La clef de David, c'est la Croix du Christ

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Homélie pour le 21e Dimanche du Temps Ordinaire

Dimanche 23 août 2020

Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David

Lorsque nous nous approchons de la grande fête de Noël, nous y sommes préparés par une grande neuvaine liturgique (du 17 au 24 décembre) qui nous permet notamment de méditer sur les grandes prophéties qui nous révèlent un aspect de l’identité du Messie.

Or le 20 Décembre, nous entendons précisément le passage de la première lecture : « Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira » La prophétie nous révèle donc que le Messie aura les clefs du Royaume des cieux, et par le fait même qu’il sera celui qui jugera les vivants et les mort, comme nous le proclamons dans le credo.

Ce jugement de Notre Seigneur nous met certes devant nos responsabilités car nous savons que nous aurons à répondre de nos actes, mais il doit aussi animer en nous une joie ! Car la justice que nous recherchons sur cette terre avec tant de labeur, et parfois en vain, nous la trouverons en Jésus. Le Cardinal Ratzinger nous aide à saisir cette réalité : « Lorsqu'elle est acceptée [La justice divine], les limites de chaque pouvoir de ce monde sont tracées. Dieu fait justice, et lui seul peut la faire en dernier… Ainsi l'article de foi du jugement, sa puissance formatrice pour les consciences, est un contenu central de l'Evangile, qui est vraiment une bonne nouvelle… Tel est le véritable contenu de l'article sur le jugement, sur Dieu-juge: Il y a une justice. Les injustices du monde ne sont pas le dernier mot de l'histoire… Si nous prenons au sérieux le jugement et la gravité de la responsabilité qui en découle pour nous, nous comprenons bien l'autre aspect de cette annonce, à savoir la rédemption, le fait que par la croix, Jésus a assumé nos péchés ; que Dieu lui-même, dans la passion de son Fils, se fait l'avocat de nos péchés, en rendant ainsi possible la pénitence, l'espérance pour le pécheur repenti… La bonté de Dieu est infinie, mais nous ne devons pas réduire cette bonté à une mièvrerie édulcorée et privée de vérité. Ce n'est qu'en croyant au juste jugement de Dieu, en ayant faim et soif de la justice (cf. Mt 5, 6) que nous ouvrons notre cœur et notre vie à la miséricorde divine.  »

Ainsi Devant cette miséricorde de Dieu – de Dieu qui a payé pour cela le prix fort – faisons nôtre les paroles de la deuxième lecture : «  Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! »

Cette miséricorde de Dieu est donc pour nous un véritable point d’appui pour avancer dans la foi. En effet, dans la prophétie messianique d’Isaïe il était dit : « Je le planterai comme une cheville dans un endroit solide » Si nous voulons tenir dans la foi et bénéficier de la miséricorde de Dieu, nous devons nous amarrer à cette cheville plantée dans un endroit solide. Cette cheville n’est autre que Jésus cloué sur la croix, cette croix plantée dans le roc du Golgotha. Ainsi, comme Shebna dû laisser la place à Éliakim, l’Ancienne Alliance doit laisser la place à la nouvelle Alliance scellée dans le sang de Jésus. Seul Dieu lui-même pouvait accomplir une telle œuvre ! Jésus est véritablement vrai Dieu et vrai homme, le Christ, le Fils du Dieu Vivant ! La croix de Jésus, qui répond à la justice et par laquelle nous parvient la miséricorde, peut être la cheville solidement plantée dans le roc car elle est scellée dans le Sang divin de Jésus. Par son sang, Jésus nous a racheté et nous a de nouveau ouvert les portes du Royaume des cieux : « Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira » cette clef est bien la croix de Notre Seigneur : « O crux ave, spes unica » « Salut, ô croix, ma seule espérance »

Dans l’Évangile, nous voyons précisément Saint Pierre proclamer la divinité de Jésus, alors que tous ses contemporains ne saisissent pas la singularité de la personne du Seigneur. Mais le chef des apôtres, lui, animé par le Père, nous proclame, en peu de mot l’essentiel de notre foi. Comme le dit le Père Pinckaers : « Toute l’énergie de la foi chrétienne est rassemblée dans la formule simple et dense de la confession de Simon-Pierre : elle est plus explosive qu’une bombe, car elle fait sauter toutes les catégories humaines où nous voudrions enfermer la personne de Jésus ; elle les déchire en les tirant aux deux extrémités que nous ne pouvons saisir ensemble : il est fils d’une femme et il est Fils de Dieu »

Ce scandale de l’incarnation rédemptrice n’a pas été un scandale propre au temps de Jésus, mais un scandale que nous retrouvons au cours de tous les siècles de l’histoire de l’Église. C’est pourquoi le Père Pinkaers fait remarquer aussi : « [La réponse de Saint Pierre] révèle [l’]identité [de Jésus] et nous place devant le "mystère de Jésus", que l’Église défendra contre toutes les tentatives faites par la raison humaine pour la réduire à ses vues, à ses idées. Pour propager cette foi et maintenir son élan, les premiers Conciles, répliquant aux hérésies, élaboreront des formules adaptées aux besoins »

Cette vigilance contre les hérésies qui défigurent le vrai visage de Jésus, qui sapent la mission salvatrice de Jésus, est une vigilance que nous devons garder. Ce que disait la Cardinal de Lubac vaut encore pour aujourd’hui : « Si l’hérétique ne nous fait plus horreur aujourd’hui comme il faisait horreur à nos ancêtres, est-ce à coup sûr parce que nous avons au cœur plus de charité ? Ou ne serait-ce pas peut être trop souvent, sans que nous osions le dire, parce que l’objet du litige, à savoir la substance même de notre foi ne nous intéresse plus ? […] Alors en conséquence l’hérésie ne nous choque plus. »

Dans l’Évangile, nous avons vu Saint Pierre recevoir les clefs du Royaume des cieux et le pouvoir d’ouvrir et de fermer. Ainsi, chaque successeur de Saint Pierre reçoit cette mission de porter les clefs, de porte sa croix. Cette croix que Jésus a lui-même portée car il n’avait pas craint d’annoncer le mystère de sa personne. Le successeur de Pierre doit porter la croix d’affermir ses frères dans la foi, et pour cette mission primordiale, il a besoin de la prière de toute l’Église. Ainsi, en ce jour, confions tout particulièrement notre Pape François à la Vierge Marie, pour qu’il accomplisse cette mission. Confions également à la Vierge Marie tous les baptisés, afin que nous nous attachions avec fidélité à Jésus pour chercher à devenir ces parfaits amis et ses fidèles serviteurs, témoins de la foi.

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