Si le péché s'appelait 'coronavirus'...

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Homélie en temps de pandémie

Fr. Pierre et Fr. François-Marie

Si le péché s'appelait coronavirus...

Si le péché s’appelait « coronavirus », quels pas de géant ferait l’humanité sur le chemin de la sainteté, car on se donne les moyens pour essayer de l’éradiquer complètement !

L’homme porte en lui le désir du bonheur. Pour y parvenir, il doit orienter son agir en vue du bien. Pour le chrétien, l’objectif de toute vie se résume en un mot : la sainteté. Or, la sainteté est une grâce qui vient de Dieu ; c’est Lui qui nous sanctifie. Néanmoins, la sainteté requiert un combat spirituel, combat contre le mal, contre le péché, contre Satan. Combat mené avec la grâce acquise pour nous par Jésus, au désert, durant sa vie cachée et publique, et ultimement, sur la Croix.

Dans l’Evangile, en guérissant certaines maladies, Jésus montre que ce qu’il opère alors n’est que le signe extérieur d’une guérison plus profonde : le pardon des péchés (Mt 9 ; Lc 5). Les Pères de l’Eglise – dont St Augustin est une figure incontournable – n’omettent pas de parler du péché comme étant la maladie de l’âme. C’est le cas par exemple du commentaire de St Augustin sur l’Evangile des 10 lépreux.

En tout temps, Dieu ne cesse de se rendre présent dans et par l’Eglise, mais aussi de venir à la rencontre de l’homme, par des chemins dont lui seul connaît la profondeur. Aujourd’hui, le coronavirus pourrait être une des voies qui sort de l’ordinaire, utilisées par Dieu pour que le cœur des hommes se tourne vers Lui. Mais en quel sens ?

Dans le sens qu’aujourd’hui, si le péché s’appelait coronavirus, l’humanité serait en train de faire un pas de géant sur le chemin de la sainteté. Autrement dit, si nous traitions le péché comme nous traitons le coronavirus, avec quel Amour Dieu se pencherait sur notre misère et accepterait notre jeûne, le seul qui lui plaise : le rejet de l’iniquité, du mal qu’est la lèpre du péché (Is 1, 1-18). Si nous réagissions contre le péché comme nous le faisons vis-à-vis du coronavirus, alors nous pourrions peut-être nous exclamer un jour : « Bienheureux coronavirus, qui a valu au monde en détresse, le retour à son Rédempteur, son Sauveur ! » Avant cela, un long chemin est encore à parcourir…

Pour soutenir une telle thèse, il nous faudra tout d’abord porter un regard sur notre réaction face au coronavirus. Ensuite, nous pourrons faire une analogie avec l’attitude que nous devrions avoir face au péché.

Coronavirus : la terreur

De la manière dont nous appréhendons le coronavirus dépend notre réaction. C’est un fait. Son emprise sur la vie est certaine ; il peut entraîner à la mort. De ce fait, sa contagion et la rapidité de sa propagation effraient. Il inquiète tous les esprits, il est la terreur des politiques, l’angoisse et l’ennemi numéro un des médecins. Bref, il est celui que l’on veut fuir à tout prix !

A quoi le reconnaît-on ? La fièvre, les maux de têtes, la fatigue, les courbatures, la toux sèche, les crachats, ou encore, l’indigestion.

S’ensuivent alors des mesures drastiques. Premièrement, il faut se laver les mains. Deuxièmement, il faut éviter les grands rassemblements. Troisièmement, il faut éviter les contacts corporels comme le fait de se serrer la main ou de s’embrasser pour se saluer. Quatrièmement, il faut porter un masque en tel ou tel lieu. Enfin, cinquièmement, vient le temps de la mise en quarantaine individuelle ou collective.

La terreur du corona-péché 

 Transposons. Désormais, que le coronavirus s’appelle « péché ». C’est peut-être en somme ce que le Maître de la Vie nous invite à méditer.

De la manière dont nous appréhendons le coronapéché dépend notre réaction. C’est un fait. L’emprise du péché sur la vie éternelle d’une âme est certaine ; il peut entraîner jusqu’à la mort éternelle. De ce fait, sa contagion et la rapidité de sa propagation devraient effrayer. Le péché devrait inquiéter tous les esprits, être la terreur de nos Pasteurs, l’angoisse et l’ennemi numéro un des médecins des âmes que sont les prêtres et les évêques. Bref, il devrait être celui que l’on veut fuir à tout prix !

A quoi le reconnaît-on ? La fièvre orgueilleuse, les maux de têtes provoqués par l'envie, la fatigue nerveuse de la jalousie, les courbatures de la paresse, la toux sèche de la colère, les crachats de l'impureté, ou enfin, l’indigestion de la gourmandise.

Alors, devrait s’ensuivre des mesures drastiques. Reprenons celles énumérées plus haut.

Premièrement, il faut se laver, non plus les mains porteuses de germes, mais l’âme sur laquelle se greffe le péché. Le moyen le plus efficace est le recours régulier au sacrement de la confession qui est un sacrement de guérison !

Deuxièmement, il faut éviter les grands rassemblements, c'est-à-dire, éviter les structures de péché. Ces endroits où l’on pousse au péché qui devient alors quasi inévitable. C’est le cas par exemple des boites de nuit, mais aussi de ces métiers qui poussent à la corruption. C’est aussi le cas lorsque nous prenons l’habitude de surfer sur internet ; c’est alors que nous recevons les éclaboussures de ses immondices, avant de nous faire engloutir par une vague mortelle qui nous surprend, faute d’avoir eu l’œil suffisamment prudent.

Troisièmement, il faut éviter les contacts corporels ; c’est alors qu’il faut combattre tout comportement désordonné et impur, toute sensualité amollissante et toute expérience dégradante - c’est le combat olympique de la pureté. C’est alors qu’il faut regarder l’autre pour ce qu’il est, et respecter sa dignité de créature faite à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Quatrièmement, il faut éventuellement porter un masque. Cela signifie qu’il faut bannir toute médisance et calomnie, tout mensonge et toute vulgarité. Avec le psalmiste, il nous faut prier Dieu en ces termes : « Mets une garde à mes lèvres Seigneur, veilles au seuil de ma bouche » (Ps 140).

Enfin, cinquièmement, vient le temps de la mise en quarantaine. Ce temps peut-être assimilé à une certaine mise à l'écart de celui qui, dans le domaine de la foi, est porteur de l’hérésie. Aujourd’hui, la mise en quarantaine pourrait devenir collective si nous étions en présence d’institutions au sein desquelles serait largement propagée l’hérésie. La mise en quarantaine devrait également être appliquée dans l'espace public. Il faudrait pouvoir mettre hors d'état de nuire (au sens premier de chaque mot) tout homme ayant un comportement scandaleux et assumé, ou ayant fait l'apologie de pratiques abominables et destructrices de la personne, surtout s’il a, ou s’il jouit encore d’une certaine couverture médiatique.

La Terreur terrassée

Il faut souligner cependant qu’il existe certaines différences entre le coronavirus et le coronapéché. Pour ce qui est du coronapéché, nous avons déjà trouvé Le médecin, ainsi que - bien plus qu’un vaccin qui n’est qu’un préventifs- le(s) remède(s) efficace(s).

Le médecin s’appelle Jésus-Christ, Fils de Dieu Sauveur. N’hésitons pas à prévoir chaque jour une ou plusieurs consultations, elles ne coûtent pas cher et de plus elles rapportent gros ! Ce sont ces moments d’intimité passés dans le cœur à cœur de la prière avec Jésus. Ils s’appellent Saint Sacrifice de la Messe, examen de conscience, adoration du Très Saint Sacrement, Rosaire, entretien avec un père spirituel… La médecine spirituelle, si puissante soit-elle, ne peut s’effectuer sans l’aide d’autres médecins, des prêtres, participants au pouvoir de l’Unique médecin, Jésus, et rendant présent sa thérapie infaillible. Et il en manque !

 Pour ce qui est des remèdes, ils ne sont livrés qu'à l'adresse suivante : Liturgiepharma, 7 avenue des sacrements – 144 000 Église.

Le premier et principal remède contre le coronapéché est le Baptême qui nous purifie du Péché Originel. Il n'existe aucun générique, mais soyez rassurés, il est entièrement remboursé. Comme tous les autres remèdes spirituels, c'est le médecin qui nous l'offre ; ils ont coûté le prix de la Croix, Notre-Dame en est témoin.

Le deuxième remède est le sacrement du pardon que nous avons déjà évoqué. Pour le patient, il suffit de faire le pas d’aller se le procurer, et d’accepter ses effets secondaires purificateurs : la pénitence.

Avec ces remèdes, il existe certaines autres thérapies très efficaces. Pour être combattu, le coronapéché a par exemple besoin que le patient revienne souvent à la source pour « y boire et s’y laver », Notre-Dame nous l’a rappelé à Lourdes. Il a besoin que le patient s’asperge régulièrement de l’eau sainte du bassin de la régénérescence qui lui rappelle et qui vivifie - en même temps qu'il se signe de la croix - les promesses et les dons de son Baptême. Par ailleurs, tout comme la prise de remède nécessite d'enlever son masque hygiénique, le combat contre le coronapéché nécessite - après la purification de l'âme - la réception digne, respectueuse, accompagnée d'un geste d'adoration mû par une sainte crainte révérencielle, de la nourriture vitale pour notre âme : la Très Sainte Eucharistie. En effet, « ce n’est pas ce qui entre dans la bouche de l’homme qui le rend impur, […] mais ce qui sort de la bouche et vient des mauvais penchants de son cœur » (Cf Mt 15, 11.18). « Moi, je suis le Pain de la vie […] celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » (Jn 6, 48. 54) « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une Parole et je serai guéri. » (LC 7, 7 et Missel, rite de la communion)

Conclusion

Revenons, si vous le voulez bien, à l'origine de notre propos. Nous soulignions le lien étroit établi par Jésus lui-même entre la purification du mal physique et la purification de l’âme. De ce fait, est-il encore justifié de prendre soin de parler de différences ou d’oppositions thérapeutiques ? Les remèdes spirituels n’ont-ils pas déjà fait leurs preuves sur les maux qui frappent les corps ? L’origine de la fête lyonnaise des lumières, le 8 décembre ou l’occasion de la frappe de la médaille miraculeuse suffisent à nous répondre, et de nombreux autres exemples viennent appuyer cette réalité.

En dernière analyse, il est bien vrai que si le péché s’appelait « coronavirus », l’humanité pourrait – telle l’Epouse infidèle (Os 2, 16) – retrouver son Créateur, son Père, son Sauveur ?

Cependant, attention, ne nous méprenons pas. L’objectif de notre propos demeure : il nous faut lutter contre le péché avec autant sinon plus de détermination et de moyens que nous le faisons aujourd’hui vis-à-vis du coronavirus. « Dans le monde, vous avez à souffrir mais courage ! Moi, j’ai vaincu le monde ! » (Jn 16, 33), et même le coronavirus !

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