As-tu compris qu'un routier scout doit aimer passionnément la vérité ?

Publié le par

Homélie pour la Fête de la Divine Miséricorde

Dimanche 19 avril 2020
en union avec les Guides & Scouts d'Europe

Miséricorde et vérité...

En ce dimanche de la miséricorde, et en cette année qui, dans la Communauté, a pour thème la vérité, nous voudrions réfléchir sur le lien entre  miséricorde et vérité. Nous sommes heureux de le faire avec les routiers d’Europe qui sont unis à nous pour cette Messe de l’octave de la Résurrection.

Dans la spiritualité scoute, la vérité est en quelque sorte première. Le premier article de la loi est : « Le scout met son honneur à mériter confiance. » La première des trois vertus principales du scout est la franchise. Lors du départ routier, il est demandé : « As-tu compris (…) qu'un Routier Scout doit aimer passionnément la vérité… »

Pourtant, aujourd’hui la vérité a mauvaise presse, et on la considère souvent comme opposée à la miséricorde. Il y aurait d’un côté ceux qui pensent être détenteurs de la vérité, et de l’autre ceux qui savent faire preuve de miséricorde. Cette dichotomie est une erreur – une erreur confortable, qui permet de justifier des situations que l’on n’a pas le courage de remettre en cause. Mais nous voyons dans l’Évangile que miséricorde et vérité, en Jésus, sont unies. Jésus est le Miséricordieux qui, parce qu’il aime, donne la vérité. Nous le voyons aujourd’hui agir ainsi avec Thomas, auquel il va faire miséricorde, mais en le conduisant à reconnaître la vérité de sa résurrection à laquelle il ne voulait pas croire. Comme la Samaritaine, comme Marie-Magdeleine, comme Zachée, comme Pierre, ce n’est qu’après avoir fait la vérité sur lui-même qu’il peut recevoir la miséricorde. La vraie miséricorde est de faire triompher le bien sur le mal, la vérité sur le mensonge. Et cela se fait par la Croix.

Benoît XVI disait : « L’injustice, le mal comme réalité, ne peut pas être simplement ignoré (...). Il doit être éliminé, vaincu. C’est là seulement la vraie miséricorde. Et puisque les hommes n’en sont pas capables, Dieu lui même s’en charge maintenant – c’est là la bonté "inconditionnelle" de Dieu, une bonté qui ne peut jamais être en contradiction avec la vérité et la justice qui lui est liée. » [1]

En ce dimanche, saint Thomas peut nous rappeler une vérité importante : la fidélité au Jour du Seigneur. Saint Thomas n’était pas avec les apôtres au Cénacle le jour de la Résurrection. Alors sa foi a défailli. C’est lors de la Messe dominicale que nous rencontrons Jésus en vérité, que nous sommes « nourris de l’hostie, ce vrai pain des Routiers ».

Aujourd’hui, cette participation à la Messe est difficile. On est en droit de se demander si la suppression des Messes publiques est le reflet d’une foi susceptible d’attirer la bienveillance de Dieu. On peut légitimement se demander si priver les fidèles de la Messe est la juste façon de demander à Dieu sa miséricorde...

Quoi qu’il en soit, cette situation comporte un danger grave : celui de s’habituer à ne pas vivre la Messe du dimanche. Or celle-ci est vitale pour un chrétien. Le Catéchisme de l’Église Catholique rappelle que « ceux qui délibérément manquent à cette obligation commettent un péché grave. » [2]

Nous devons aussi, en ce temps de confinement, rappeler ce que dit l’Église sur la retransmission de la Messe : « Pour ce qui concerne la valeur de la participation à la Messe, rendue possible par les moyens de communication, celui qui assiste à ces retransmissions doit savoir que, dans des conditions normales, il ne satisfait pas au précepte dominical. En effet, le langage de l'image représente la réalité, mais il ne la reproduit pas en elle-même. S'il est très louable que les personnes âgées et les malades participent à la Messe dominicale par les retransmissions radio-télévisées, on ne pourrait en dire autant de celui qui, par ces retransmissions, voudrait se dispenser de se rendre à l'église pour participer à la célébration eucharistique dans l'assemblée de l'Église vivante. » [3]

Ainsi, dans vos activités scoutes comme dans votre vie personnelle, rien, absolument rien, ne doit passer avant la Messe du dimanche. Sinon votre foi est en grand danger. Mais même en ce moment, vous pouvez demander les sacrements à vos prêtres. Ils ne peuvent pas vous les refuser. Car il est possible de donner les sacrements (la communion et la confession) dans le respect des mesures sanitaires.

Aujourd’hui, comme une personne me l’a dit il y a quelques jours, le plus grand confiné, c’est Dieu... Depuis longtemps nous avons confiné Dieu dans la sphère privée, dans la vie personnelle. Dieu ne doit pas sortir de la maison. Aujourd’hui nous confinons Dieu davantage encore si nous refusons de donner les sacrements aux fidèles. La loi de l’Église énonce : « Les ministres sacrés ne peuvent pas refuser les sacrements aux personnes qui les leur demandent opportunément, sont dûment disposées et ne sont pas empêchées par le droit de les recevoir. » Et encore : « Il est vivement recommandé aux fidèles de recevoir la sainte communion au cours même de la célébration eucharistique ; néanmoins, elle sera donnée en dehors de la Messe, en observant les rites liturgiques, à ceux qui la demandent pour une juste cause. » Enfin il est rappelé que le salut des âmes « doit toujours être dans l'Église la loi suprême. » [4]

Nous voulons enfin évoquer en ce jour deux grands témoins de la vérité et de la miséricorde. D’abord le pape saint Jean-Paul II, qui est mort il y a 15 ans, en la fête de la miséricorde (c’était cette année-là le 2 avril). Et puis le pape émérite Benoît XVI, élu pape il y a 15 ans aujourd’hui, le 19 avril 2005. Un grand quotidien français avait titré : « Le sacre de la fidélité ». Il s’est présenté alors au peuple de Rome comme un « simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur. » Mais il a été, selon sa devise, un « coopérateur de la vérité ». Le saint Padre Pio avait annoncé en 1947 un pape polonais qui serait « un grand pêcheur d’hommes », auquel succèderait un pape « qui confirmera énormément ses frères. » [5] Mettons en pratique à leur sujet ce conseil de la Lettre aux Hébreux à propos des pasteurs fidèles : « Méditez sur l’aboutissement de la vie qu’ils ont menée, et imitez leur foi » (He 13, 7).

Confions-nous à Notre Dame de la Route. Ici, nous l’appelons Notre Dame des Neiges ; notre Père Fondateur avait découvert ce titre dans le scoutisme. Notre Dame des Neiges, c’est Notre Dame de la Route qui monte vers les sommets de la pureté et de la sainteté. Que cette Mère de miséricorde nous apprenne à vivre ce que promet le routier scout lors de son engagement : « Faire aujourd’hui mieux qu’hier, et demain mieux qu’aujourd’hui. »

Références

[1] Joseph RATZINGER-BENOÎT XVI, Jésus de Nazareth ; la figure et le message, Opera omnia, vol. VI, tome 1, Parole et Silence, 2014, page 489

[2] Catéchisme de l’Église Catholique, nº 2181

[3] BENOÎT XVI, Sacramentum Caritatis (2007), nº 57

[4] Code de droit canonique¸ nº 843, 918 et 1752

[5] Slawomir ODER, Le vrai Jean-Paul II ; L’homme, le pape, le mystique, Presses de la Renaissance, 2011, page 172

En vidéo !

 

Que voulez-vous faire ?
Consulter la consigne spitrituelle
Avril 2024 : Notre-Dame de Zeitoun
Prier en direct avec les offices
S'informer de nos actualités
S'inscrire à nos activités
Se former grâce à nos dossiers