Le Christ Roi de l'univers

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Homélie pour la solennité du Christ Roi de l'Univers

Dimanche 20 novembre 2022

Qui pouvait, devant la Croix de Jésus, confesser encore en sa royauté ?

En ce 34e dimanche du Temps ordinaire, la liturgie tourne notre regard vers Celui qui est le commencement et la fin de toutes choses, l’Alpha et l’Omega : le Christ Roi de l’Univers.

La royauté du Christ, nous la rappelons plusieurs fois par jour. En effet, lorsque nous prions le Notre Père, nous demandons à Dieu : « Que ton règne vienne ». Cette royauté, nous la confessons également chaque dimanche en proclamant dans le Credo que le Christ « règne à la droite du Père ». Mais, en cette solennité, l’Eglise nous invite à approfondir davantage encore cette vérité fondamentale de notre foi pour qu’elle devienne pour nous un grand motif de joie et d’espérance.

Nos frères chrétiens orientaux aiment à contempler ce mystère. En effet, ils représentent souvent dans l’abside de leurs églises le mystère de la royauté du Christ. On y voit Jésus, trônant en majesté, et tenant dans sa main le globe du monde. Parce qu’Il est Dieu, le Christ tient tout l’Univers dans sa main. Il est Pantocrator, le Maître de tout : pas une créature et pas un événement n’échappent à son regard et à son pouvoir.

Certes, le diable est le prince de ce monde. Mais le Christ, en revanche, n’est pas seulement prince mais Il est Roi. Et son règne ne s’étend pas seulement à ce monde marqué par le péché, mais à l’Univers tout entier : au ciel et à la terre, au passé, au présent et à l’avenir. Devant lui, nous dit saint Paul, tout genou fléchira. À la fin des temps, les démons eux-mêmes devront reconnaître qu’ils ne sont que de faibles créatures, un « grain de poussière sur un plateau de balance » comme le dit le prophète Isaïe.

Et pourtant, il faut bien l’avouer, la royauté du Christ est tout sauf évidente. Un roi est un homme dont la puissance s’exerce sur des sujets dont il assure la justice, la paix et la prospérité. Or le monde est-il un royaume de justice, de paix et de prospérité ? L’Eglise elle-même, qui est pourtant le Corps mystique du Christ, est-elle épargnée par le péché ? Dès lors, comment pouvons-nous dire que Jésus est Roi ? Devant le déferlement du mal, pouvons-nous raisonnablement croire que le Christ tient tout dans sa main, qu’Il est le Roi de l’Univers ?

Ce mystère, les contemporains de Jésus l’ont douloureusement éprouvé. En effet, les nombreux miracles que le Seigneur accomplissait durant sa vie publique les avaient convaincus qu’il était le nouveau David, le roi qu’espérait Israël. On peut d’ailleurs imaginer leur joie lorsque le Seigneur est entré à Jérusalem le jour des Rameaux : Il allait certainement prendre possession de son règne dans la cité des rois, la cité de David. Mais son titre royal, Jésus l’a reçu d’une manière absolument inattendue. Le triomphe espéré a tourné au drame et la foi des disciples s’est transformée en doute. En effet, qui pouvait, devant la Croix de Jésus, confesser encore en sa royauté ? La foule, le jour des Rameaux, l’acclamait « Fils de David ». Les grands-prêtres, le vendredi saint, le railleront en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »

Et l’histoire semble se répéter. Aujourd’hui, le monde et l’Eglise revivent le mystère du Vendredi saint. Notre monde moderne ressemble en effet au Calvaire après la mort de Jésus. « Sans Dieu ni maître » est notre mot d’ordre. Nous avons refusé consciemment et volontairement la royauté du Christ pour nous bâtir des royaumes sans autres maîtres que nos passions et nos volontés arbitraires.

Et pourtant, l’Evangile que nous venons d’entendre nous a rappelé que, sur le Calvaire, un homme a reconnu la royauté du Christ : le Bon larron. « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume ». Dans sa détresse, le bon larron a compris que Jésus était vraiment roi.

En effet, même sur la Croix, le Christ demeure le maître du cosmos et de l’histoire. En cette heure, nous disent en effet les évangélistes, la terre s’est mise à trembler et le ciel s’est obscurcit. Ainsi, toute la création, le ciel et la terre, a rendu hommage à son roi. Et même les pécheurs ont alors proclamé sa royauté : saint Jean nous rappelle qu’un écriteau fut placé au-dessus de la Croix : « Celui-ci est le roi des Juifs ». Sans le savoir, et bien malgré lui, Pilate a ainsi proclamé que Jésus était celui dont saint Paul proclamera qu’il est le « Premier-né de toute créature », le « créateur de tout », le « Premier-né d’entre les morts », l’« accomplissement de toute chose ».

Le Bon larron a reconnu la royauté déroutante de Jésus. À sa suite, certains artistes du Moyen-âge ont représenté Jésus cloué la Croix, mais portant sur sa tête une couronne d’or et drapé de vêtements royaux. Ces crucifix étonnants nous rappellent que la croix est le trône et le sceptre de notre Roi. Que Jésus a manifesté au plus haut point sa toute-puissance royale lorsque, sur la Croix, Il a pardonné et justifié le Bon larron.

En cette solennité du Christ-roi de l’Univers, toute l’Eglise est donc invitée à imiter le Bon larron. À sa suite, nous croyons que Jésus, malgré toutes les apparences contraires, est le Souverain du monde. Nous croyons que la Croix n’a pas été un accident de parcours, mais l’instrument voulu et choisi par lequel il a repris possession de nos cœurs. Nous avions pour un temps rallié la cause du royaume des ténèbres par notre péché. Mais le Christ nous a arrachés au pouvoir de Satan. Ainsi, nous croyons que la Croix a transformé le péché en grâce, qu’elle a fait de la plus grande injustice de tous les temps la source de toute justification.

Pour l’heure, nous attendons le retour glorieux du Christ Roi. Car, un jour, Il reviendra pour accomplir son œuvre de justice commencée sur la Croix.

Mais en ce jour, rappelons-nous que la frontière entre le royaume du Christ et le royaume des ténèbres passe au milieu de notre cœur, et qu’il nous appartient de choisir de quelle côté nous voulons nous placer. En effet, être membre extérieur de l’Eglise ne suffit pas pour hériter du royaume. Il nous faut pour cela ajuster nos vies à l’autorité pleine de sagesse et d’amour du Christ Roi. Et cela sur un plan individuel mais aussi sur le plan collectif de nos familles, de nos cités, de nos nations.

Oui, renouvelons en ce jour notre acte d’allégeance au Christ Roi. Redisons-lui que nous voulons, avec la Vierge Marie, lui soumettre tout ce que nous sommes et tout ce que nous faisons, notre présent et notre avenir. Avec les chrétiens de tous les âges redisons-Lui du fond de notre cœur : « Délivre-nous du mal. Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Que ton règne vienne ».

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