Cette nuit nous revivons une histoire vraie...

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Homélie pour la Vigile Pascale

Samedi Saint 11 avril 2020

Cette nuit nous revivons une histoire vraie, qui s’est déroulée pour la première fois il y a plus de trente siècles.

Le peuple de Dieu était dans un environnement hostile à la foi, en Égypte. Les familles du peuple de Dieu vivaient au milieu de personnes qui croyaient en beaucoup de choses, mais pas au Dieu unique… Il était donc difficile pour les Hébreux de vivre leur foi. Alors Dieu est intervenu pour parler aux Égyptiens à travers des événements douloureux. C’est ainsi que l’ensemble du peuple a été victime de graves fléaux : les dix plaies d’Égypte. Mais l’Égypte ne s’est pas tournée vers Dieu. Alors Dieu a demandé une chose étonnante à son peuple : la fête de la Pâque – qui signifie « passage ». Il a demandé qu’en cette nuit, chaque famille se tienne dans sa maison, et n’en franchisse pas le seuil (cf. Ex 12, 22). Que chaque famille reste dans sa maison pour attendre le « passage » de Dieu, qui allait venir pour protéger son peuple du « passage » du fléau, et le préparer ainsi à la grande libération : la sortie d’Égypte.

Or nous voici, en cette nuit de Pâques, confinés dans nos maisons en raison d’un fléau frappant notre monde qui vit sans Dieu… Il est probable qu’aucune fête de Pâques, depuis des siècles, n’ait autant ressemblé à la première nuit de la Pâque en Égypte… Quoi qu’il en soit, Dieu veut passer cette nuit dans nos maisons. Il va passer pour nous donner la vie. Pour nous donner la joie. Pour nous libérer.

Dans les siècles qui ont suivi, cette fête de la Pâque s’est développée. Après la construction du Temple, la Pâque a pris une forme communautaire, avec le pèlerinage à Jérusalem. Puis le Peuple a connu l’exil – qui fut un châtiment pour le manque de foi de ses membres, de ses prêtres, de ses chefs : le peuple fut alors privé du Temple et de sa liturgie. Cet exil a été vécu comme un temps de souffrance pour une purification. Et Dieu a entendu son peuple dont le cœur s’est retourné vers lui.

Vous souffrez de ne pas vivre cette vigile pascale comme chaque année, nourris par la beauté de la liturgie. Nous souffrons d’être séparés pour vivre cette nuit unique dans l’année. Offrons cette souffrance pour notre purification, et pour celle de toute l’Église. Comme le Peuple a retrouvé ensuite sa terre et le Temple, dans la joie d’un cœur purifié, nous aussi nous retrouverons la célébration des sacrements avec des cœurs renouvelés. Ce devra être comme une résurrection.

Mais revenons à la nuit de la Pâque. Elle est devenue dans le peuple Juif une liturgie très belle : la liturgie du repas pascal. Au début de cette nuit, le plus jeune de la famille pose cette question : « Pourquoi cette nuit est-elle différente de toutes les autres nuits ? » Le père de famille raconte alors les grands événements de l’histoire du salut, en particulier la libération d’Égypte le passage de la Mer Rouge…

C’est ce que nous avons fait : nous venons de faire mémoire des grands événements qui ont préparé le Peuple de Dieu à la plus grande fête de la Pâque : celle de Jésus. Jésus a vécu lui-même avec ses apôtres cette liturgie du repas pascal, le Jeudi saint. Et il a anticipé, dans ce repas liturgique, son sacrifice du Vendredi saint : « Ceci est mon Corps, livré pour vous. Ceci est mon Sang, versé pour vous. »

Précisément, en cette nuit de la Pâque, les Hébreux devaient aussi marquer les portes de leur maison avec le sang de l’agneau pascal, et manger du pain azyme : désormais ces deux symboles sont devenus une seule réalité ; nous recevons, sous les apparences du pain, l’Agneau pascal ressuscité, dont le sang nous a sauvés : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ! » Cet Agneau que nous recevons dans le sacrement de l’Eucharistie, nous en sommes privés cette nuit. Offrons cette souffrance avec nos frères qui en sont privés si souvent, et si longtemps : les chrétiens de l’Église clandestine de Chine, ceux qui vivent dans des pays musulmans, et bien d’autres encore…

Mais faisons de cette communion pascale spirituelle une rencontre avec Jésus vivant, à l’image de la rencontre qui a lieu en cette nuit – cette rencontre, dont la Tradition a gardé le secret, de Jésus ressuscité avec sa Mère, la Vierge Marie. Cette rencontre n’est pas rapportée dans les évangiles. Mais depuis des Pères de l’Église jusqu’à Jean-Paul II en passant par saint Ignace, l’Église sait que Jésus n’est apparu ressuscité à personne avant elle. Cette rencontre si intime ne peut se revivre que dans le silence. Peut-être que notre maison cette nuit est un lieu très propice pour la méditer.

Après trois jours de « Passion », durant lesquels Jésus lui avait été enlevé, la Vierge Marie avait demandé : « Pourquoi as-tu fait cela ? » Dans le silence de cette nuit, seule devant son Fils ressuscité, la Vierge Marie médite, et comprend maintenant la réponse de Jésus retrouvé en ce troisième jour : « Je me dois aux affaires de mon Père... » Ces « affaires du Père », c’est nous. C’est notre salut, qui désormais est accompli. Voilà la joie profonde de la Vierge Marie, unie à celle de Jésus en cette nuit – joie qui devient la nôtre. Cette joie est silencieuse. Elle est immense, infinie, même si elle demeure marquée pour toujours, comme les portes des maisons en Égypte, par le sang de l’Agneau.

Cette nuit, dans le recueillement de nos maisons, Jésus ressuscité passe. Il passe, et il donne sa joie profonde à chacun : enfants, adolescents, jeunes, parents, personnes seules... Jésus passe en cette nuit de sa victoire. Et avec lui, nous pourrons demain traverser à pieds secs la Mer rouge – les eaux du monde. Oui, cette nuit est vraiment différente de toutes les autres nuits, parce qu’elle est la nuit de la résurrection de Jésus, la source de notre joie : « Ô nuit qui nous rend la lumière, ô nuit qui vit dans sa gloire le Christ Seigneur ! »

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