Seigneur, où vas-tu ?

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Homélie pour la Sainte Cène

Jeudi Saint 1er avril 2021

Quo vadis ?

« Seigneur, où vas-tu ? » Pierre pose à Jésus une question qui habite le cœur des disciples en ce soir du Jeudi Saint. Jésus est tout proche de sa Passion. Du don de soi « jusqu’au bout ». Il parle à ses apôtres de son départ, mais ceux-ci ne comprennent pas ce qu’il veut leur dire. D’où la question de Pierre : « Seigneur ou vas-tu ? » Il règne ce soir dans le Cénacle une atmosphère d’une particulière intensité : Jésus rend déjà présent son sacrifice. Ce moment est empreint tout à la fois d’une très grande solennité, et d’une étonnante simplicité – en ce geste du lavement des pieds, celui qui est si grand se fait une nouvelle fois si petit : « vous m’appelez maître et Seigneur, et vous dites bien car vraiment je le suis… »

« Seigneur, où vas-tu ? » En raison de son départ, Jésus fait à ses apôtres, et à son Église, trois dons inestimables en ce soir du Jeudi Saint. Tout d’abord Jésus institue l’Eucharistie. Nous allons revivre, grâce à l’« aujourd’hui » de la liturgie, le moment de cet abaissement inimaginable de Dieu, qui se fait si petit. « Admirable grandeur, étonnante bonté du maître de l’univers… » Le Catéchisme nous dit que « la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l'Église, c'est-à-dire le Christ lui-même, notre Pâque. » [Catéchisme de l’Église Catholique, nº 1324 (citant Presbyterorum Ordinis, nº 5)]

Après en avoir été injustement privés l’an dernier, nous allons vivre ces jours saints et cette sainte Cène avec une particulière intensité. Puis Jésus institue le sacerdoce. L’année dernière, Benoît XVI et le cardinal Sarah ont publié un livre magnifique, Des profondeurs de nos cœurs, sur la beauté du célibat sacerdotal. Le sacerdoce vient des profondeurs du Cœur de Jésus, car il est donné à l’Église pour continuer Jésus.

Enfin, Jésus nous donne le commandement de l’amour : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Comme je vous ai aimés – c'est-à-dire en donnant tout : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »

Dans l’évangile de cette Messe de la Sainte Cène, nous lisons le récit du lavement des pieds. Ce geste est malheureusement souvent réduit à une simple action sociale ou à un service extérieur. Il est bien plus que cela. C’est une action symbolique, comme en faisaient les prophètes, qui signifie une réalité spirituelle très profonde. En fait, ce geste du lavement des pieds explicite le triple don que Jésus nous fait. Il manifeste l’abaissement du Fils de Dieu dans sa Passion et son Sacrifice – lequel est rendu présent justement dans le sacrement de l’Eucharistie. Dans ce sacrement, Jésus nous aime « jusqu’au bout », et se fait tout petit, serviteur, pour venir en nous et y faire sa demeure. Par le lavement des pieds, Jésus donne également tout son sens au sacerdoce. Car le sacerdoce est un service. Une autorité, donc un service. Un service en vue de la pureté de la foi, et de la purification des cœurs. Le lavement des pieds montre aussi en acte ce qu’est le commandement de l’amour : savoir se sacrifier, prendre la dernière place, voilà l’amour vrai.

Mais ces trois dons que Jésus fait ce soir à son Église sont en danger aujourd’hui. Le sacrement de l’Eucharistie est en danger. On a voulu nous en priver, alors que c’est notre plus grand trésor. On a voulu nous faire croire qu’il était possible de se passer de l’Eucharistie en étant des « chrétiens adultes ». En réalité, ceux qui se sont passés facilement de l’Eucharistie ne sont pas des chrétiens adultes, mais des chrétiens tièdes. Si l’Eucharistie contient « tout le trésor spirituel de l’Église, », on ne peut pas vivre sans elle. Le sacerdoce lui aussi est en danger aujourd’hui, réduit qu’il est souvent à une fonction ou à un pouvoir. C’est le considérer comme un pouvoir et une fonction de vouloir qu’il soit accessible à tous. Quant au commandement de l’amour, ne court-il pas le risque d’être confondu avec un humanisme sans Dieu, une fraternité horizontale, ou un sentiment humain sans exigence ?

« Seigneur, où vas-tu ? » Par ces trois dons, tout en retournant au Père, Jésus demeure avec nous. Ainsi, après avoir fait don à son Église de ces trois réalités inestimables, Jésus peut leur dire avec sérénité : « Maintenant je quitte le monde et je pars vers le Père » (Jn 16, 28).

En ce Jeudi saint, où nous faisons mémoire du rappel à Dieu de Mère Marie-Augusta, nous rendons grâce pour le charisme qu’elle a reçu, avec le Père. Ce charisme des apôtres de l’amour doit contribuer, en ces temps difficiles, à préserver dans l’Église la fidélité à ces trois dons que Jésus nous fait ce soir au Cénacle. Cette fidélité ne peut pas se vivre sans souffrance… Aujourd’hui, où nous vivons d’une manière particulière la Passion de l’Église, nous demandons avec Pierre à Jésus : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus nous répond encore : « Je pars vers le Père… » Nous suivons Jésus dans sa Passion. Mais en revivant l’institution de l’Eucharistie, du sacerdoce, et le don du commandement de l’amour, nous n’oublions pas les promesses de Jésus qui demeure présent avec nous.

Que ses paroles ce soir au Cénacle, à la prière de la Vierge Marie, emplissent nos cœurs d’une paisible sérénité en ce temps de la Passion : « Car il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime… Ceci est mon Corps, livré pour vous. Ceci est mon Sang, versé pour vous. Faites ceci en mémoire de moi… Que votre cœur ne soit pas bouleversé…  Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera… Dans le monde vous aurez à souffrir, mais gardez courage, j’ai vaincu le monde. »

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