Répondrons-nous à l'appel du Roi ?

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Homélie pour la Solennité du Christ-Roi de l'Univers

Dimanche 22 novembre 2020

Célébrons solennellement le Roi des rois et Seigneur des seigneurs !

En ce 34e dimanche du temps ordinaire, nous achevons notre année liturgique en célébrant solennellement le Christ-Roi de l’Univers, le « Roi des rois » et le « Seigneur des seigneurs ».

En France, lorsque nous nous représentons un roi, nous pensons spontanément aux monarques qui ont jalonné notre histoire, tel Louis XIV, se déplaçant en carrosse, portant un manteau d’hermine, avec une armée puissante ou siégeant sur un trône d’or.

La Royauté du Seigneur que nous célébrons en ce jour est bien différente.

En effet, quel a été le carrosse de Jésus ? Au sommet de sa gloire terrestre, le jour des Rameaux, il est monté sur un petit âne, acclamé seulement par les pauvres de cœur et les enfants de Jérusalem.

Quel a été son manteau d’hermine ? Les soldats de Pilate l’ont ridiculisé en le revêtant d’une chlamyde écarlate.

Quel a été son armée puissante ? Pierre, le seul qui a voulu le défendre, s’est entendu dire : « Remet ton épée au fourreau, car celui qui prend l’épée périra par l’épée » (Jn 18, 11).

Enfin, quel a été son trône sinon la croix, signe de malédiction et instrument de mort ?

La royauté du Seigneur que nous célébrons en ce jour échappe tellement aux critères mondains que ceux qui raisonnent selon l’esprit du monde ne peuvent et ne veulent pas la comprendre. En effet, aux yeux du Prince de ce monde, Satan, et de ses suppôts, la royauté du Christ est dérisoire, et la solennité de ce jour est bien ridicule, tant le Christ semble depuis 2000 ans incapable d’instaurer son règne dans notre monde.

La royauté du Seigneur ne correspond pas aux critères du monde, à tel point qu’il nous arrive parfois à nous aussi de nous demander si le Christ est vraiment roi ; nous pourrions, comme Judas, être tentés de regretter d’appartenir à un tel roi apparemment si impuissant ; nous pourrions préférer aux méthodes du Christ celle des rois de la terre, apparemment bien plus pragmatiques et efficaces. Nous pourrions même avoir honte du Christ-Roi, rejeté et humilié par les hommes, et préférer nous forger l’idole d’un nouveau Christ qui, enfin, serait accepté par le monde.

Voilà pourquoi la solennité de ce jour tombe à pic : afin de raviver notre foi en la royauté du Seigneur, et afin de nous aider à poser de nouveau et de tout notre cœur un acte d’allégeance au Christ, Roi de l’Univers.

Les lectures de ce jour peuvent nous y aider.

La première lecture nous a fait entendre la voix du Seigneur adressée à son Peuple en exil, à l’heure même où Dieu semblait le plus impuissant. Où était Dieu alors que son Peuple subissait l’Exil ? Les rois de la terre ne s’étaient-ils pas montrés plus puissants que le Dieu des Hébreux ? Dieu répond à son Peuple en lui disant : « Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles. […] C’est moi qui ferai paître mon troupeau, et c’est moi qui le ferai reposer, – oracle du Seigneur Dieu. » Parce qu’Il est le Roi de l’Univers, le Christ, le Verbe de Dieu, gouverne toute chose. Rien n’échappe à son pouvoir universel. Le monde ne subsiste que parce qu’Il le veut. Parce qu’il est Dieu, le Christ Roi est Parfait, Eternel, Infini, Omniscient, Tout-Puissant. Un abîme infini sépare sa majesté de celle des puissants de ce monde. Ne serait-ce que pour cette raison, la royauté du Christ échappe totalement aux critères de notre monde, de notre monde bien limité et bien imparfait.

Mais il y a plus. En effet, le Christ exerce son gouvernement royal différemment des hommes. Il l’exerce, nous dit l’Ecriture, à la manière d’un berger qui guide ses brebis. Si d’occasion, nous nous trouvions mêlés à un troupeau qui sort de la bergerie, nous serions surement frappés par le désordre apparent des brebis, par la confusion de leurs mouvements, par la cacophonie des bêlements : rien ne nous semblerait très ordonné ; tout nous paraitrait confus. Mais si nous observions la même scène sur l’autre versant de la montagne, au loin, on serait alors frappé de voir l’ordre que le berger donne à son troupeau, et la docilité des brebis conduites au pâturage. La scène qui nous paraissait inintelligible et confuse se révèlerait alors harmonieuse et paisible, répondant à un ordre et une intelligibilité manifestes.

Il y a là une image de la manière dont Dieu gouverne le monde et chacune de nos vies. Parce qu’Il est Roi, Dieu est le Berger de l’Univers et de l’Histoire. Toutes les créatures, et tous les événements, malgré leur apparent désordre et leur confusion, sont conduits par sa Providence selon un ordre dont la splendeur ne nous apparaîtra vraiment que vue du haut du Ciel. Rien n’échappe à l’infinie puissance et bienveillance du Verbe créateur et rédempteur. Grande est sa royauté qui fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment. Nous sommes ses brebis : Il connaît notre nom, et Il nous guide par la main.

Les âmes proches de Dieu le savent d’ailleurs comme par instinct. Comme le Psalmiste, ces âmes qui voient toutes choses avec le regard de la foi savent que Le Seigneur est notre berger. Elles savent qu’avec Lui, nous ne manquons de rien, que s’il nous conduit à travers les ravins de la mort, c’est pour nous mener sur des prés d’herbe fraîche. Oui, nous habiterons la maison du Seigneur pour la durée de nos jours. La victoire de notre roi est certaine, sa royauté subsistera d’âge en âge.

Devant cette royauté de Dieu, deux choix s’offrent à nous. Soit nous acceptons de nous soumettre à Lui et d’œuvrer pour son règne. Soit, au contraire, nous prenons le parti de la révolte en nous plaçant sous la bannière de Satan, le grand séditieux. Entre ces deux choix, il n’y a pas d’alternative possible. C’est d’ailleurs ce que nous révèle l’Evangile du Jugement dernier que nous avons entendu. L’alternative est claire : il y a ceux de la droite et ceux de la gauche ; les brebis et les boucs ; les élus et les damnés ; le Ciel et l’Enfer. Le Christ, comme Roi et Berger, viendra achever son œuvre royale en jugeant les vivants et les morts. Il siègera sur son trône qu’est sa justice et sa vérité, et il révélera le fond des cœurs par le seul rayonnement de sa lumière. Il y aura ceux qui auront refusé librement de servir Dieu ; et il y aura tous ceux qui ont dit « oui » à sa volonté. Tout ceux qui pour qui la demande du Notre Père « Que ton règne vienne » était comme le cœur de leur existence partageront la gloire royale du Christ. Ceux qui, au contraire, ont méprisé la royauté du Christ, d’une manière ou d’une autre, partageront le sort de Satan et de ses démons, dans l’Enfer éternel.

Saint Ignace, dans ses Exercices spirituels, demandait à ses retraitants de se représenter l’appel d’un roi temporel qui décrèterait une mobilisation générale afin de mener la guerre contre ses ennemis. À ceux qui répondent à son appel, le Roi promet des difficultés, des combats harassants, des fatigues et des ennuis de toutes sortes. Mais il leur assure par ailleurs la victoire, et une place de choix auprès de lui dans son royaume. Ceux qui refusent son appel, au contraire, sembleront tout d’abord avoir fait le bon choix : car pour eux, pas de difficulté, pas de combats, pas d’ennuis. Mais ils auront au fond d’eux-mêmes la conviction d’être des lâches, et leur désertion fera leur honte.

En nos temps, le Christ Roi décrète une mobilisation générale. Le combat contre Satan fait rage, et nous avons tous un rôle à mener dans ce combat. Que nous le voulions ou non, nous sommes tous confrontés à notre responsabilité : allons-nous répondre à l’appel du Roi ou allons-nous déserter ? Ne pas vouloir répondre à cette question, ou la considérer comme trop binaire, trop clivante, c’est déjà déserter, c’est refuser l’alternative évangélique.

Notre réponse, bien évidemment, est toute faite. Oui, nous voulons nous engager dans l’armée du Christ Roi afin que Dieu règne dans nos vies, dans nos familles, dans notre France, dans notre Eglise. Nous voulons établir le règne du Christ, car nous savons bien que ce règne n’est qu’un règne d’amour, de justice et de paix. Nous voulons le règne du Christ, car nous savons qu’en dehors de Lui, notre vie n’a aucun sens, et qu’en lui seul se trouve le bonheur que nous recherchons. Nous voulons le règne du Christ, car nous sommes fiers et heureux de compter parmi les sujets de son royaume. Et nous voulons enfin que cette royauté du Seigneur possède une dimension sociale, qu’elle puisse rayonner non seulement dans l’intimité de nos foyers, mais également dans nos sociétés, dans notre France.

En cette année 2020, nous vivons cette solennité du Christ Roi avec une particulière intensité. Notre Roi nous demande une attitude à la mesure des événements que nous vivons. Il nous demande de Le choisir de nouveau pour tous ceux qui ne le choisissent pas ; que nous lui rendions un culte pour tous ceux qui s’y refusent, voire qui luttent contre ce culte. Oui, nous avons vraiment la grâce de pouvoir connaître et aimer le Christ Roi, de savoir qu’Il veille sur nous et qu’Il nous conduit sûrement malgré les apparences parfois contraires. Aussi, en ce jour, avec les saints du Ciel qui vivent la liturgie céleste, redisons de tout notre cœur : « Vive le Christ Roi ! ».

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