Qu'est-ce qui blesse le plus l'homme ?

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Homélie pour le 15e Dimanche du Temps Ordinaire

Dimanche 10 juillet 2022

la mission de l’Église, au service de l’homme, est avant tout spirituelle.

L’évangile de ce dimanche nous est familier, et est une page particulièrement importante pour notre foi.

Cette parabole de Jésus est souvent interprétée comme un encouragement à la fraternité, une invitation à reconnaître en tout homme notre prochain – comme une demande de Jésus qui nous est adressée, afin que nous venions au secours de ceux qui sont dans le besoin, qui souffrent, et sont laissés pour compte, exclus sur le bord de la route. Cette interprétation est juste, et nous devons la faire nôtre sans réserves.

Cependant, elle ne se limite pas à ce seul enseignement, qui, quoique beau, serait encore trop restrictif. Cette parabole de Jésus va bien au-delà ; elle est à inclure dans une perspective plus large, et plus belle encore, qui est celle donnée par les Pères de l’Église eux-mêmes.

Car l’homme tombé aux mains des bandits n’est pas seulement l’homme qui souffre ou qui est exclu et blessé par la vie. Posons-nous en effet la question : qu’est-ce qui blesse le plus l’homme ? Qu’est-ce qui avilit profondément un homme ? Est-ce vraiment la maladie, la souffrance ou l’exclusion sociale ?

Tous nous connaissons des exemples de personnes qui, dans ces situations de souffrance, et parce qu’elles les ont vécues avec force d’âme et courage, ont en réalité été grandies, même dans leur humanité. Redisons-le : la souffrance est un mal. Mais vécue avec Dieu, lorsqu’elle nous tourne vers Dieu et vers les autres, elle peut être un chemin de mûrissement et de croissance. Tous, nous l’avons – au moins un peu – expérimenté. La souffrance, quelle qu’elle soit, n’est donc pas nécessairement quelque chose qui diminue l’homme. Vécue dans l’amour, elle peut même contribuer à l’ennoblir.

Par contre, il existe une réalité qui avilit toujours l’homme – et qui par conséquent est beaucoup plus grave : c’est le péché… C’est de cela que Jésus veut parler d’abord dans cette parabole : l’homme tombé aux mains des bandits, c’est l’homme tombé aux mains de Satan et du péché, et qui pour cette raison est à demi-mort. Et le bon samaritain, descendu de la Jérusalem céleste vers les lieux les plus profonds de la terre – n’oublions pas que Jéricho est le lieu le plus bas de la terre, environ 300 mètres en-dessous du niveau de la mer – ce bon samaritain, c’est Jésus lui-même. Jésus qui est venu pour nous sauver, pour nous libérer, non d’abord de la souffrance ou de l’exclusion, mais avant tout du seul mal absolu qu’est le péché.

Alors l’attitude du prêtre et du lévite est certainement la forme la plus grave du cléricalisme tant dénoncé aujourd’hui : il consiste en ce que le prêtre et le lévite ne donnent pas la vérité sur la maladie, sur le péché. Ce faisant, ils en prennent la responsabilité aux yeux de Dieu. Car qu’est-ce que cette forme de cléricalisme ? C’est l’attitude de ceux qui, au nom de leur condition de clercs, s’érigent en législateurs, au-dessus de la loi et de la parole de Dieu – au-dessus de Dieu lui-même.

Ainsi, Moïse dit dans la première lecture de la part de Dieu : « Écoute la voix du Seigneur ton Dieu, en observant ses commandements. » Le prêtre et le lévite qui aujourd’hui ne prennent pas soin de l’homme blessé, ce sont ceux qui disent : « Tu peux écouter la voix du Seigneur ton Dieu sans observer tous ses commandements. »

Moïse dit encore de la part de Dieu : « Car cette loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte. » Le prêtre et le lévite qui aujourd’hui ne prennent pas soin de l’homme blessé, ce sont ceux qui disent : « Cette loi est au-dessus de tes forces et hors de ton atteinte. Fais donc seulement un pas de plus, cela suffit. »

Au contraire, le bon samaritain est celui qui, comme Jésus, aime l’homme blessé, et par conséquent n’accepte pas la blessure qu’est le péché. Il y verse de l’huile pour adoucir, et aussi du vin pour désinfecter – les deux sont nécessaires. Ce sont les signes de la miséricorde et de la vérité, qui nous sont dispensées par les sacrements. Puis il confie l’homme blessé à l’Église – symbolisée par l’aubergiste – pour qu’elle prenne soin de lui jusqu’à son retour.

Ainsi, la mission de l’Église, au service de l’homme, est avant tout spirituelle. Car si le second commandement est semblable au premier, il ne doit pas nous faire oublier le premier : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence… »

Ainsi, le drame contre lequel l’Église doit lutter aujourd’hui n’est pas le réchauffement de la planète, mais le refroidissement des âmes. Le premier devoir de l’Église n’est pas non plus l’engagement pour la santé de ses fils, mais pour leur salut éternel. Car là est la mission de l’Église : le salut des âmes. C’est pour le salut de nos âmes que le Bon Samaritain est descendu de la Jérusalem céleste jusqu’aux profondeurs de la terre. C’est pour le salut de nos âmes qu’il verse sur nos plaies l’huile et le vin des sacrements. C’est pour le salut de nos âmes qu’il nous confie à l’Église, laquelle a le devoir de continuer fidèlement cette mission pour le salut des âmes.

Comment alors faire passer cette belle parabole dans notre vie concrète ? En nous sachant le prochain de l’autre – c'est-à-dire en nous sentant concernés par leur salut. Ce temps d’été nous donnera à chacun des occasions de relever, d’encourager, mais aussi de redresser, de corriger – autrement dit d’imiter l’action de Jésus envers nous en versant de l’huile et du vin. Que la Vierge Marie nous aide à vivre cet été dans l’esprit du psaume que nous venons de prier : « Moi, je te prie, Seigneur : c’est l’heure de ta grâce ; dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi, par ta vérité sauve-moi. »

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