La Tradition : fleuve qui nous relie aux origines

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Homélie pour le 24e Dimamche du Temps Ordinaire

Dimanche 12 septembre 2021

De même qu’un fleuve ne peut se couper de sa source, de même l’Église ne peut connaître de rupture...

L’évangile de ce dimanche, qui marque une étape décisive dans la vie publique de Jésus, se déroule vers Césarée de Philippe, où se trouve la source du Jourdain. La tradition a situé la scène en un lieu où une énorme masse rocheuse s’élève au-dessus de la source du Jourdain. [Cf. Joseph RATZINGER-BENOÎT XVI, Jésus de Nazareth ; la figure et le message, Opera omnia, vol. VI, tome 1, Parole et Silence, 2014, page 343. Cf. aussi Henri de LUBAC, Autres paradoxes, Éditions Culture et vérité, 1994, pages 136-137] De là, le fleuve traverse toute la Terre sainte et descend vers la Mer morte. Ce lieu demeure comme une source pour la mission de l’Église, qui est tout simplement de continuer à faire retentir dans le monde et dans le cours de l’histoire cette affirmation de Pierre, le Rocher : « Tu es le Christ ! » Saint Matthieu nous livre l’exclamation plus complète : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »

L’épisode de ce jour, ainsi que le paysage dans lequel il s’est déroulé, nous enseignent quelque chose de l’Église. Celle-ci, à l’image du Jourdain, prend sa source dans le rocher qu’est le Christ, le Fils du Dieu vivant, ainsi proclamé par Pierre. Et cette source devient peu à peu un grand fleuve – c’est ce qu’on appelle la Tradition. Par elle, l’Église, guidée par l’Esprit-Saint,  progresse dans la compréhension du mystère du Christ, et continue à le proclamer dans l’histoire. Mais elle ne peut le faire qu’à partir de la source, et sans rupture avec elle. De même qu’un fleuve ne peut se couper de sa source, de même l’Église ne peut connaître de rupture... C’est cela qu’on appelle la Tradition : c’est cette continuité dans le développement de la vie de l’Église. Benoît XVI l’expliquait ainsi : « La Tradition est le fleuve vivant qui nous relie aux origines, le fleuve vivant dans lequel les origines sont toujours présentes. Le grand fleuve qui nous conduit aux portes de l'éternité. » [BENOÎT XVI, Audience publique, mercredi 26 avril 2006]

Le Père, ici à Saint Pierre, a souvent parlé de la Tradition de l’Église. Il a rappelé que celle-ci comporte deux dimensions nécessaires : d’une part elle ne peut se couper de la source, elle ne peut connaître de rupture. Et d’autre part elle est vivante ; elle n’est pas sclérosée. Comme un fleuve, elle continue à se développer et à grandir. C’est ainsi que le concile Vatican II assume aujourd’hui la Tradition de l’Église. Relié à la source, il continue lui aussi à redire au monde d’aujourd’hui que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant. Ainsi, on ne peut pas refuser le concile Vatican II, parce que la Tradition est vivante, et vivra jusqu’au retour du Seigneur. Le concile Vatican II est, selon les mots de Jean-Paul II en entrant dans le troisième millénaire, « la grande grâce dont l'Église a bénéficié au vingtième siècle : il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du siècle qui commence. » [JEAN-PAUL II, Novo millenio ineunte (6 janvier 2001), nº 57]

 Cependant, ce concile ne peut pas être lu ni reçu en rupture avec les deux-mille ans qui l’ont précédé. Les conciles de Vatican I, de Trente, comme les grands conciles des premiers siècles, demeurent normatifs pour l’Église d’aujourd’hui. S’en couper serait la mort de l’Église, comme un fleuve qui se couperait de sa source, ou un arbre de ses racines.

Ce rôle essentiel, vital même, de la Tradition est souvent mal compris. Un petit fait récent illustre cette mauvaise compréhension. Vous n’êtes pas sans savoir de quoi notre Famille Missionnaire a été accusée ces dernières semaines, par le biais d’un étrange organisme. Le premier argument était que la Famille Missionnaire serait « une communauté religieuse de catholiques traditionnalistes ». Ce terme n’est d’ailleurs pas défini, de sorte qu’on ne sait pas bien ce qu’il recouvre. Et pour prouver ce « forfait », on fait appel au site internet de la Communauté, où elle se définit elle-même comme ayant « une spiritualité profondément enracinée dans la Tradition ». Évidemment, on ne peut pas demander à des organismes neutres, ni à des francs-maçons, ni à des journalistes d’être des spécialistes en théologie – même si un minimum de culture religieuse ne fait de mal à personne… Mais le fait est qu’en réalité, être enraciné dans la Tradition est tout simplement nécessaire pour être… catholique !

Le cardinal de Lubac (l’un des plus grands théologiens du XXe siècle) le disait avec clarté : « Le catholicisme est traditionnel, ou il n’est pas. » [Henri de LUBAC, Autres paradoxes, Éditions Culture et vérité, 1994, page 128] Et un évêque de Viviers, Mgr Bonfils le disait dans cette église de Saint Pierre de Colombier le 15 décembre 1996 : « L’Église est une Tradition. » En fait, si l’on se coupe de la tradition, c’est alors précisément que l’on devient sectaire – c’est d’ailleurs l’origine du mot « secte », en latin secare/sectum, couper. Si donc l’on n’est pas enraciné dans la Tradition, on n’est tout simplement plus catholique. Un mouvement, une communauté, ou une Église locale, qui se couperait de la Tradition deviendrait, au sens premier du mot, sectaire. Tandis que la fidélité à la Tradition est précisément, pour des catholiques, la garantie contre le sectarisme – qui en effet est un danger aujourd’hui où l’on se coupe si souvent de la Tradition…

Ici, le Père a toujours été fidèle à Jésus, à l’Église, à Pierre qui proclame sous l’inspiration de l’Esprit Saint que Jésus est « le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Mère Marie-Augusta nous exhortait : « Glorifions Dieu par notre témoignage de fidélité à l’Église. » La Communauté continue paisiblement à leur suite dans cette voie de fidélité à l’Église et à sa Tradition vivante, même si le chemin de cette fidélité, comme le rappellent les lectures de ce jour, passe nécessairement par la Croix, à la suite de Jésus.

En ce 12 septembre, où nous fêtons le saint Nom de Marie, recommandons-nous à la Vierge Marie, dont le nom signifie « étoile de la mer ». Et écoutons saint Bernard nous redire : « Ô homme, qui que tu sois, qui dans cette marée du monde te sens emporté à la dérive parmi les orages et les tempêtes, ne quitte pas des yeux la lumière de cette étoile. Quand se déchaînent les rafales des tentations, quand tu vas droit sur les récifs de l’adversité, regarde l’étoile, appelle Marie ! (…) Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu’il ne quitte pas ton cœur (…). En la suivant, on ne dévie pas. En la priant, on ne désespère pas. En pensant à elle, on ne se trompe pas. Si elle te tient par la main, tu ne tomberas pas. Si elle te protège, tu ne craindras pas. Si elle est avec toi, tu es sûr d’arriver au but» [Saint BERNARD, Homélies, II, 17]

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