Empare-toi de la vie éternelle !

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Homélie pour le 26e dimanche du Temps Ordinaire

Dimanche 25 septembre 2022

Mène le bon combat, empare-toi de la vie éternelle !

L’évangile de ce dimanche revêt une importance très particulière : en effet, aujourd’hui, Jésus ne nous parle pas de la vie éternelle… il nous la montre ! Jésus soulève le voile qui nous en sépare, pour nous montrer l’au-delà, en ce tableau impressionnant. Ce tableau fait d’autant plus impression que, selon certains Père de l’Église dont saint Irénée, saint Ambroise, ou Tertullien [1], il ne s’agirait pas d’une parabole, mais d’une histoire dont les personnages sont réels – auquel cas ils pourraient même avoir été connus des auditeurs de Jésus. On se doute de l’impression que fit alors cet enseignement de Jésus…

Soulignons d’abord le renversement de valeurs qui s’opère entre ce que l’on voit depuis la terre, et la réalité vue depuis la vie éternelle. Ce renversement est signifié de façon saisissante dans ce qu’on pourrait appeler une description des funérailles de l’un et l’autre des personnages : on imagine sans peine le faste de l’enterrement du riche, la foule qui a dû l’accompagner, les discours prononcés et la pompe qui a marqué les derniers hommages pour ce riche et influent personnage. On imagine aussi, en revanche, la misère et l’isolement de l’enterrement du pauvre.

Mais Jésus, Notre Seigneur, nous demande de regarder avec les yeux de la foi, et lui décrit ainsi les funérailles : « le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. » Donc il y avait du monde pour conduire Lazare dans sa montée vers le sein d’Abraham : les anges. Quand aux funérailles du riche, Jésus utilise cette formule lapidaire : « Le riche mourut aussi, et on l’enterra. » Tout y est anonyme, et il n’est question que d’une descente dans la terre…

Ensuite, Jésus révèle et décrit le destin éternel de l’un et de l’autre. 

Il commence par nous montrer l’enfer, où se trouve le riche. Précisons d’abord que le riche n’est pas en enfer parce qu’il était riche, mais en raison de son indifférence au pauvre, de son mépris pour les besoins de celui qui gisait à sa porte mais aussi certainement en raison d’un mépris plus général, comme Jésus semble l’insinuer dans ce qui précède et introduit cette histoire, un mépris pour la loi de Dieu dans son ensemble [2]. C’est d’ailleurs ce qu’il dit plus loin pour éviter l’enfer aux cinq frères de l’homme riche : « Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! » Jésus sous-entend par là que le riche n’a pas écouté Moïse et les prophètes…

Ainsi donc, le riche se trouve en enfer – et pour l’éternité : « un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous. » Le Catéchisme enseigne au sujet de l’Enfer : « L'enseignement de l'Église affirme l'existence de l'enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l'enfer, "le feu éternel". La peine principale de l'enfer consiste en la séparation éternelle d'avec Dieu en qui seul l'homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a été crée et auxquels il aspire. Les affirmations de la Sainte Écriture et les enseignements de l'Église au sujet de l'enfer sont un appel à la responsabilité avec laquelle l'homme doit user de sa liberté en vue de son destin éternel. » [3]. Il faut donc rappeler le dogme de l’Église concernant l’existence de l’enfer et son éternité. Les propositions que l’on entend si souvent, selon lesquelles l’enfer n’existerait pas, qu’il ne serait pas éternel, ou encore que les âmes des damnées seraient un jour dissoutes, ces propositions sont simplement hérétiques – en ce sens qu’elles contredisent des dogmes clairement définis par l’Église à partir de l’Écriture et de la Tradition.

Par ailleurs, malheureusement, l’enfer n’est pas vide, car il n’est pas une possibilité seulement théorique. La Vierge Marie à Fatima a montré aux enfants l’enfer et les âmes qui s’y trouvent. C’est ce que fait Jésus aujourd’hui dans l’évangile : il ne fait pas que parler de l’enfer, il le montre, et il le montre habité. Car Dieu, par amour, respecte jusqu’au bout la liberté qu’il nous a donnée. Le poète italien Dante rapporte ainsi les mots inscrits sur la porte de l’enfer : « la divine puissance, la souveraine sagesse et le premier amour me firent. » [4]

Enfin, Jésus nous montre également le Ciel – et il faut insister sur le fait que c’est pour cela d’abord qu’il est venu : pour nous montrer et nous ouvrir le Royaume des cieux. Benoît XVI avait exprimé sa vive préoccupation du fait que, dans l’Église elle-même aujourd’hui, on ne parle pour ainsi dire plus de la vie éternelle et des fins dernières [5]. Mais qu’avons-nous à annoncer aux hommes de ce temps si nous ne parlons pas de la vie éternelle ? L’Église doit annoncer aux hommes le Royaume, c'est-à-dire la vie éternelle du Ciel – et pas seulement un monde meilleur ici-bas. C’est l’objet de l’oraison de ce dimanche : « en nous hâtant vers les biens que tu promets, nous parviendrons au bonheur du ciel. »

Aussi les mots de saint Paul à Timothée aujourd’hui sont-ils essentiels : « Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! » Car la vie éternelle est déjà commencée, et, comme son nom l’indique, elle est éternelle ! Ce qui signifie qu’elle ne s’arrête pas à la fin de notre vie sur la terre. Mais comme Jésus le rappelle encore dans cet évangile, nous serons jugés sur notre vie. Saint Jean, dans l’Apocalypse, dit au sujet de ceux qui sont morts : « leurs actes les suivent… » (Ap 14, 13). Demandons l’aide de la Vierge Marie, Reine du Ciel, pour vivre le bon combat, celui de la foi, et nous emparer de la vie éternelle.

Notes :

[1] « Saint Irénée, saint Ambroise, saint Grégoire le Grand, Tertullien, Euthyme, Luc de Bruges et quelques autres, croient que c’est une histoire. Le nom de Lazare et les diverses particularités que Jésus-Christ a eu soin de marquer, insinuent quelque chose de plus qu’une parabole. Mais saint Chrysostome, saint Cyrille d’Alexandrie, Théophylacte et la plupart des nouveaux interprètes tiennent que c’est une parabole. Enfin d’autres tiennent un milieu, et croient que ce n’est ni une simple parabole, ni une histoire parfaite ; mais que le fond est historique, et que le Sauveur l’a embelli par quelques circonstances qui ne sont que paraboliques. » (https://www.bible.audio/definition-calmet-2814-Lazare.htm)

[2] Lc 16, 14-19 : « Quand ils entendaient tout cela, les pharisiens, eux qui aimaient l’argent, tournaient Jésus en dérision. Il leur dit alors : "Vous, vous êtes de ceux qui se font passer pour justes aux yeux des gens, mais Dieu connaît vos cœurs ; en effet, ce qui est prestigieux pour les gens est une chose abominable aux yeux de Dieu. La Loi et les Prophètes vont jusqu’à Jean le Baptiste ; depuis lors, le royaume de Dieu est annoncé, et chacun met toute sa force pour y entrer. Il est plus facile au ciel et à la terre de disparaître qu’à un seul petit trait de la Loi de tomber. Tout homme qui renvoie sa femme et en épouse une autre commet un adultère ; et celui qui épouse une femme renvoyée par son mari commet un adultère. Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux… »

[3] Catéchisme de l’Église catholique, nº 1035-1036

[4] Dante, La divine comédie ; l’enfer, chant III, 6

[5] Cf. par exemple Joseph RATZINGER, Église et théologie, Mame, 1992, pages 77 à 80

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