Jésus, inventeur de la laïcité

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Homélie pour le 29ème Dimanche du Temps ordinaire

Dimanche 22 octobre 2023

A César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu !

Le piège tendu par les pharisiens est parfait : est-il permis, oui ou non ? Mais Jésus ne va pas répondre comme ils s’y attendent. Pour autant il ne se défile pas. Par ces quelques mots désormais très célèbres, il distingue avec une grande clarté la sphère temporelle et la sphère spirituelle. Oui, c’est Jésus, le Fils de Dieu, qui est l’inventeur de la laïcité ! C’est le christianisme qui est le dépositaire de cet équilibre unique : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

Il faut donc répondre à ces deux demandes de Jésus. Oui, c’est un devoir de payer ses impôts, de respecter le code de la route, d’obéir aux lois de l’État – dans la mesure où elles ne s’opposent pas à la loi de Dieu. Il faut rendre à César ce qui est à César. Mais il faut aussi rendre à Dieu ce qui est à Dieu. C’est donc un devoir de le prier et de lui rendre un culte, d’enseigner et de vivre les dix commandements.

On reproche souvent à l’Église de s’être immiscée au cours de l’histoire dans les affaires de l’État. Force est de reconnaître que les fils de l’Église n’ont pas toujours su respecter cette distinction salutaire. Mais c’est un fait que plus souvent encore, c’est l’État qui s’est immiscé dans les affaires de l’Église. César a souvent revendiqué ce qui est à Dieu !

C’est ainsi qu’au cours d’une campagne électorale en 1876, Clemenceau avait clamé sans vergogne : « Le clergé doit apprendre qu’il faut rendre à César ce qui est à César... et que tout est à César. » La phrase nous fait sourire… Mais n’est-ce pas une triste réalité aujourd’hui ? Tout serait à César. Rien ne serait plus à Dieu. N’en déplaise à feu M. Clemenceau, et à ses successeurs, tout n’est pas à César. La vie humaine n’est pas à César, ni sa dignité. Le commencement de la vie n’est pas à César, ni la fin de la vie. Le mariage n’est pas à César, ni les lois régissant la famille et l’éducation des enfants. L’homme n’est pas à César, il est à Dieu, son Créateur et son Rédempteur.

En ce 22 octobre, nous fêtons, avec une grande joie, saint Jean-Paul II, au jour anniversaire de la messe d’inauguration de son pontificat, le 22 octobre 1975, il y a 45 ans. Ce saint pape a été affronté à des régimes qui prétendaient déjà que tout est à César – et qui ne laissaient plus de place à Dieu. Face à ces dictatures, le pape polonais a commencé son pontificat en rappelant que la grandeur de l’homme est d’être sous le regard de Dieu. Et que l’État n’a pas le droit de réduire l’homme à sa dimension terrestre : « N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait ce qu’il y a dans l’homme ! Et lui seul le sait ! » [Jean-Paul II, Homélie de la Messe d’inauguration du pontificat, 22 octobre 1978]

Cette fête de saint Jean-Paul II, cette année, est plus riche que les autres années. Car il y a au Ciel pour cette fête un convive de plus, en la personne de Benoît XVI : après avoir collaboré avec lui durant tant d’années, quelle joie ce doit être pour lui de fêter aujourd’hui au Ciel celui qu’il aurait voulu voir appeler « Jean-Paul II le Grand ».

En ce mois d’octobre, nous prions en union avec eux pour l’Église. En ce temps de synode, beaucoup – et nous en sommes – sont inquiets de la confusion qui règne lorsque des évêques et des cardinaux s’expriment en des sens totalement contraires sur des points essentiels de la foi et de la morale.

Le cardinal Ratzinger avait averti : « Si le dialogue synodal est un "processus" il ne doit connaître d'autre prémisse intangible que celle de la vérité de la foi. » [Joseph Ratzinger, Église, Œcuménisme et politique, Fayard, 1987, page 87] Car, disait-il, « l’Église n’a pas le droit de transformer la foi tout en exigeant toujours des croyants la même fidélité. »[ Joseph Ratzinger, La communion de foi – tome 1 : Croire et célébrer, 2008, page 189]

Comment alors se diriger dans ce brouillard ? À quoi et à qui se fier ? Car l’Évangile n’est pas une simple opinion, comme nous le rappelle saint Paul aujourd’hui : « l’Évangile n’a pas été, chez vous, simple parole, mais puissance, action de l’Esprit Saint, pleine certitude. »

Aussi, dans la confusion actuelle, méditons, en l’élargissant à l’intégralité de la foi, ce que disait à propos du mariage le cardinal Caffarra (qui fut si proche de Jean-Paul II) : « Lisez et méditez le Catéchisme de l'Église Catholique (…). Et lorsque vous entendez certains discours (…) – même s'ils sont tenus par des prêtres, des évêques, des cardinaux – et que vous vérifiez ensuite qu'ils ne sont pas conformes au Catéchisme, ne les écoutez pas. Ce sont des aveugles qui guident des aveugles. » [cf ici]

Prions pour que les pasteurs soient comme Jésus : « tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne… »

Ce temps de crise est aussi un appel pour nous. Benoît XVI disait : « Les réformes, aujourd’hui, ne viendront certainement pas des forums et synodes, qui ont aussi leur raison d’être et parfois leurs nécessités. Les réformes viendront de personnalités convaincantes, que nous pourrons appeler des saints. » [Joseph Ratzinger, Le sel de la terre, Flammarion/Cerf, Paris, 1997, page 261]

Notre Dame des Neiges, en ce jour où, en union avec Benoît XVI, nous rendons grâce à Dieu pour la vie de saint Jean-Paul II, nous vous le demandons : parce que l’Église en a un extrême besoin, donnez-nous des saints. Et pour cela, faites de nous des saints.

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