La brebis n'est rien sans son Berger !

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Homélie pour le 4e Dimanche de Pâques - "Dimanche des vocations"

Dimanche 25 avril 2021

Il est le Bon Berger : écoutons sa Voix !

Parce qu’une belle image vaut parfois mieux qu’un long discours, le Seigneur déploie sous nos yeux en ce quatrième dimanche du temps pascal, dimanche des vocations, une belle image que nous connaissons bien : le discours du Bon Pasteur et de ses brebis.

Malgré son apparente simplicité, cette image nous offre en quelques traits un enseignement très profond sur le mystère de Jésus, et sur le mystère de notre vie chrétienne. Les premiers chrétiens aimaient ainsi à peindre Jésus Bon Berger dans les catacombes ou les églises, parce qu’ils voyaient en cette représentation comme un condensé de leur foi. Aussi, à leur suite, regardons attentivement Jésus Bon Pasteur, et essayons d’en comprendre les leçons spirituelles.

Un élément peut tout d’abord nous interpeler. Jésus se présente comme le berger, le pasteur. Une telle déclaration, resituée dans son contexte, n’a rien d’anecdotique. En effet, nous lisons dans l’Ancien Testament que Dieu lui-même est le Pasteur d’Israël, et que le Messie qu’il enverra en son nom sera également Pasteur et guide de son Peuple. « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraiche, Il me fait reposer » chantons-nous avec le Psalmiste. En disant de lui qu’Il est le Pasteur, Jésus nous dévoile son identité profonde : Il est le Dieu Tout-Puissant, Celui qui conduit l’histoire des hommes jusqu’à son accomplissement, comme un berger guide son troupeau vers le pâturage. Rien, absolument rien n’échappe à son pouvoir. Tout évènement est dans sa main.

Mais ce n’est pas tout. Car en affirmant de lui qu’Il est le « Bon Pasteur », Jésus entend également nous dévoiler la manière dont Il conduit l’histoire et chacune de nos vies. Un Pasteur ne guide pas un troupeau d’individus anonymes, mais un troupeau de brebis qu’il appelle chacune par leur nom. Jésus connaît notre nom, c’est-à-dire notre moi profond, son histoire et ses ressors les plus secrets. « Il est plus intime à moi-même que moi-même » disait saint Augustin.

Le Bon Pasteur nous connaît de l’intérieur, et Il nous aime. À ses yeux, chacun de nous est la brebis perdue de son troupeau. Celle qui, dans la parabole, s’est éloignée du troupeau et qui s’est perdue au loin, menacée par les loups voraces. Par son incarnation, et surtout par sa mort et sa résurrection, Jésus nous a prouvé son amour. Lui, le Berger, a donné sa vie pour nous chercher dans les ravins de la mort spirituelle et de la mort corporelle. Par un prodige étonnant, le Berger s’est comme substitué à ses brebis égarées en se faisant lui-même brebis. Il s’est substitué à nous puisqu’il a connu en sa Passion la condition de la brebis abandonnée : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » dira-t-il sur la Croix. Jésus, le Bon Pasteur, s’est fait agneau à notre place, il s’est laissé manger par les loups pour nous ramener à la vie, et afin de faire de l’humanité un seul troupeau sous la conduite d’un seul pasteur, dans l’Eglise.

Sous une forme très simple, l’image du Bon Berger nous offre donc comme un « abrégé » du mystère pascal. Jésus est le berger qui nous conduit de la mort à la vie car Il a lui-même emprunté ce chemin. Et ce chemin, il nous engage à le prendre à sa suite, en nous agrégeant au troupeau qu’est l’Eglise.

En ce dimanche des vocations, nous pourrions tirer deux leçons spirituelles de notre méditation de l’évangile.

La première concerne plus directement ceux qui ont reçu la charge de continuer la mission du Christ Pasteur : les évêques et les prêtres, auxquels nous pouvons ajouter les consacrés.

Rappelons tout d’abord qu’être pasteur à la suite de Jésus est une grâce de choix, le signe d’un amour de prédilection. Le Seigneur choisit certaines de ses brebis pour continuer sa mission. Quel privilège ! Cependant, tout pasteur devra se rappeler les paroles sévères de Jésus sur les faux bergers, les mercenaires. Un vrai pasteur doit agir comme Jésus, avec Jésus, en cherchant à l’imiter toujours de plus près. Comment ? En donnant sa vie pour ses brebis, en servant l’Eglise sans chercher son avantage, en s’effaçant toujours plus pour laisser Jésus parler en lui, aimer en lui, souffrir en lui.

Parce que « le serviteur n’est pas plus grand que son maître », les pasteurs devront prouver leur amour du troupeau en affrontant les loups, sans fuir comme le font les mercenaires. Les pasteurs devront donc parfois, par amour des brebis, se servir de leur bâton, leur férule, non seulement pour dégager les obstacles de la route, mais aussi pour faire mal, pour éloigner courageusement les loups qui menacent le troupeau. En ce dimanche, prions pour que le Seigneur donne à nos pasteurs la grâce du courage et de la fidélité. Comme Benoît XVI l’avait souligné lors de l’année sacerdotale, Satan s’acharne actuellement contre les prêtres, parce qu’Il sait qu’un troupeau sans berger courageux est un troupeau affaibli, désemparé, à la merci des loups qui rôdent. « Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre : on y adorera les bêtes » disait le Curé d’Ars. Nous y sommes : notre humanité qui voulait se dégager de la férule des pasteurs de l’église est devenue une humanité sans pères et, cela va ensemble, sans repères. En ce dimanche, prions sans nous lasser pour que le Seigneur envoie à son Eglise des pasteurs selon son Cœur. Que les jeunes appelés n’aient pas peur de s’engager à sa suite. Qu’ils comprennent la joie qui les attend en se donnant avec Jésus dans la vie consacrée ou dans la vie sacerdotale.

La deuxième leçon spirituelle que nous pouvons tirer de l’évangile de ce jour nous concerne tous directement. Pour évoquer le mystère de notre être chrétien, de notre vocation chrétienne, Jésus prend l’image de la brebis. Nous sommes tous les brebis du Seigneur. Certes, une brebis ne brille pas par son intelligence ; elle n’est pas l’animal le plus noble de la création. Mais la brebis est capable d’entendre la voix du berger, et de le suivre docilement. La brebis n’est rien sans son berger. Sans lui, elle ne sait pas où aller ; elle ne sait pas non plus se protéger. Son salut réside dans son écoute et sa docilité, dans sa proximité avec le berger. Il en est de même pour nous, Chrétiens. Nous aimerions savoir où les événements de l’histoire nous conduisent. Cette histoire, nous aimerions la maîtriser, en solitaire. Nous aimerions terrasser nos ennemis une bonne fois pour toute. Mais nous ne sommes que des brebis. Plus que dans nos forces, notre salut sera dans notre foi qui, nous dit saint Paul, est fondamentalement une écoute de Dieu. Comme les brebis qui suivent le berger, nous suivons le Christ sans toujours voir et comprendre là où Il veut nous mener. Mais nous écoutons sa voix qui nous réconforte, et nous savons que notre salut résidera dans notre docilité à le suivre, en restant fermement agrégés au troupeau de son Eglise.

Et si nous peinons sur ce chemin, si nous trouvons que notre Berger nous conduit sur des chemins bien difficiles, nous rappelons-nous que le terme de notre route sera magnifique. Jésus, comme nous l’a rappelé saint Jean dans son épître,  nous promet des pâturages éternels : « Nous serons semblables [à Dieu], car nous verrons tels qu’Il est ». Au terme de notre route, nous nous rassasierons éternellement en voyant le visage de notre Pasteur. Ce sera alors la joie, la paix et la lumière. En ce dimanche, demandons au Seigneur la grâce de le suivre docilement en nous mettant toujours d’avantage à l’écoute de sa voix. Et que de cette écoute patiente, persévérante et confiante naissent de belles vocations. Avec toute l’Eglise, faisons monter vers Dieu en ce dimanche cette prière que récitaient autrefois toutes les paroisses de France : Mon Dieu, donnez-nous des vocations ! Mon Dieu, donnez-nous de saintes vocations ! Mon Dieu, donnez-nous de nombreuses et saintes vocations !

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