Dieu appelle !

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Homélie pour le 5e Dimanche du Temps Ordinaire

Dimanche 6 février 2022

Que c’est beau, l’appel de Dieu !

Ce dimanche, les lectures sont orientées vers l’appel de Dieu, qui est adressé à Isaïe, aux premiers disciples, et à saint Paul. Que c’est beau, l’appel de Dieu ! Encore faut-il lui être fidèle… Que voyons-nous dans ces textes magnifiques ?

Tout d’abord, on ne perçoit l’appel que si l’on a un cœur ouvert, disponible. Nous voyons que l’appel d’Isaïe se déroule au cours de la liturgie, dans le Temple, lieu de la présence de Dieu au milieu de son peuple. Isaïe, comme plus tard Pierre, éprouve de la crainte. Car il sait qu’il n’est pas digne d’être appelé par Dieu. Mais lorsque Dieu lui en donne la force en lui purifiant les lèvres, alors il est rempli de confiance, et s’exclame joyeusement : « Me voici, envoie-moi ! »

C’est cette même fraicheur qui anime l’épisode de l’évangile que nous venons d’entendre, et que nous aimons beaucoup. Il y a tout d’abord la fatigue physique d’une longue nuit de pêche. La fatigue morale, la déception de n’avoir rien pris, d’avoir travaillé en vain. Le sens du devoir qui demeure : il faut nettoyer les filets pour de prochaines nuits de travail… Et Jésus arrive. Après avoir enseigné depuis la barque, il donne un ordre qui paraît difficile à suivre pour ceux qui ont déjà peiné toute la nuit ; un ordre dont l’efficacité semble plus qu’incertaine. Benoît XVI commentait ainsi : « La parole de Jésus est devenue plus réelle que ce qui semble empiriquement réel et sûr. L’aurore galiléenne, dont on croit respirer la fraîcheur dans cette description, devient l’image de l’aube nouvelle de l'Évangile qui suit la nuit des vains résultats auxquels conduisent toujours notre action et notre volonté propres. » [Joseph RATZINGER, Serviteurs de votre joie, Fayard, 1990, page 91]

Ce commentaire est très important. Celui qui est appelé, comme alors les premiers disciples, n’est pas appelé pour faire sa volonté ou pour annoncer ses propres idées. Il est là pour transmettre la parole de Jésus, et accomplir la volonté de Dieu. Cette mission demande de se renoncer et de se convertir. C’est ce qui ressort de la réaction de Pierre lorsque les filets sont remplis de poissons. Il tombe à genoux, et dit à Jésus : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » Il comprend que toute l’efficacité de sa mission vient de Celui qui se tient là, et qui est « le Seigneur ».

Mais pour que cette efficacité demeure aujourd’hui dans l’Église, il faut que les pasteurs continuent à transmettre non pas leurs idées, mais la parole de Jésus, dans la fidélité.

La seconde lecture de ce dimanche nous montre que saint Paul a vécu sa mission dans le même esprit – qui était déjà celui des prophètes de l’ancien testament. Saint Paul dit clairement à ses destinataires : « Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu » Il atteste n’avoir aucun pouvoir sur le message qu’il annonce. Il l’a reçu de Dieu, et le transmet avec fidélité. Ce n’est pas sa pensée qu’il transmet ici, mais la foi reçue par révélation.

Et conserver cette foi intègre est une condition pour être sauvé. L’apôtre dit en effet : « Cet Évangile, vous l’avez reçu ; c’est en lui que vous tenez bon, c’est par lui que vous serez sauvés si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, c’est pour rien que vous êtes devenus croyants. »

Actuellement, il n’est pas rare d’entendre des pasteurs énoncer sur la foi et la morale des idées qui sont en contradiction avec l’Évangile. Cette semaine encore, des évêques allemands et luxembourgeois influents ont pris publiquement des positions en rupture avec l’enseignement de l’Église, illustrant ce que le cardinal Sarah déplorait : « Aujourd’hui encore, nos stratégies pastorales sans exigences, sans appel à la conversion, sans un retour radical à Dieu, sont des chemins qui mènent au néant. Ce sont des jeux politiques qui ne peuvent pas nous conduire vers le Dieu crucifié, notre vrai Libérateur. » [Cardinal Robert SARAH, avec Nicolas DIAT, La force du silence contre la dictature du bruit, 2016, Fayard, page 58]

Les pasteurs qui sacrifient ainsi à l’esprit du monde ne remplissent plus leur mission de successeurs des apôtres, qui est de témoigner de Jésus, et non d’annoncer des idées personnelles. Jésus lui-même disait : « Mon enseignement n’est pas de moi, mais de Celui qui m’a envoyé » (Jn 7, 16). C’est ce que doit pouvoir dire tout pasteur qui parle au nom de Jésus.

C’est pour cela que les lèvres d’Isaïe ont été purifiées. C’est pour cela que Pierre s’est mis à genoux : il a ressenti l’exigence de la conversion pour se désapproprier de lui-même et revêtir Jésus. C’est à la condition de vivre toujours cette conversion que les disciples pourront l’annoncer à leur tour.

Il est certain que le grand défi de l’Église aujourd’hui se trouve là : garder la fidélité à Jésus – « Sur ta parole, je vais jeter les filets. » Nous ferons ce que Jésus nous a dit. C’est exactement ce que la Vierge Marie recommande aux serviteurs à Cana : « Faites tout ce que Jésus vous dira. » Là est la condition de la fécondité de l’Église.

En ce 6 février, nous ne pouvons pas oublier une belle figure, qui s’est totalement donnée à Jésus pour faire toute sa volonté, et qui a porté du fruit en proportion de son offrande. Il s’agit de Marthe Robin, rappelée à Dieu le 6 février 1981. Elle disait à Jésus : « Non plus ce que je veux, mais toujours tout ce que tu veux. Prends-moi, reçois-moi, dirige-moi, guide-moi. À toi je me livre, et je m’abandonne. » Faisons nôtre cette prière pour être ce que Jésus attend de nous, et, avec les paroles du psaume, louons Dieu avec enthousiasme : « Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité ! »

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