Pense à ta fin !

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Homélie du Dimanche 24 mars 2019 - 3ème dimanche de Carême  (Fr. Clément-Marie)

 

L’évangile de ce dimanche est très parlant. Combien de fois entendons-nous des nouvelles semblables aujourd’hui ? Des Galiléens massacrés… Dix-huit personnes tuées dans un accident… Nos journaux quotidiens sont remplis de faits de ce genre, au point que nous les regardons malheureusement presque sans nous y arrêter. Jésus nous invite d’abord à prêter attention à ces événements douloureux, à nous laisser toucher. Puis il nous dit : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière. » Que veut dire Jésus par ces mots qui ont, il faut le dire, un caractère d’avertissement ? Il ne veut évidemment pas dire que nous périrons alors dans un accident ou dans un drame semblable. Mais il veut dire que si nous ne nous convertissons pas, nous serons surpris par la mort, parce que nous ne serons pas prêts. Qu’est-ce que se convertir ? C’est précisément vivre tourné vers Dieu. C’est vivre en sa présence, tourné vers son retour. Se convertir, c’est être prêt. Jésus le dit si souvent dans l’évangile : « Veillez ! Demeurez prêts » C’est un fait, penser davantage à la mort aide à mieux vivre. En ce temps de carême, c’est une bonne chose d’y penser davantage. De s’interroger sur les fruits de notre vie : « Est-ce que je serai content, satisfait, au moment de mourir, de la vie que je mène aujourd’hui ? Qu’est ce que je pourrais faire de plus maintenant, que je serai heureux d’avoir fait, lorsque je paraîtrai devant Dieu ? »

La conversion à laquelle nous fait réfléchir Jésus aujourd’hui doit être authentique. Elle concerne à la fois l’Église dans son ensemble, mais aussi moi personnellement. On parle beaucoup, en ce moment, de ce qu’il faut changer dans l’Église. On se trompe d’ailleurs beaucoup en pensant qu’il faut changer de structures, qu’il faut changer la manière de concevoir le sacerdoce et la vie des prêtres. Ce sont nos cœurs qu’il faut changer. « Déchirez votre cœur, et non vêtements… » La conversion demande principalement de la cohérence dans notre vie. On devrait se rappeler la phrase inspirée de Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » Donnons de cela un bref exemple actuel et concret : déplorer les actes pédophiles, tout en étant complaisant vis-à-vis des pratiques homosexuelles, c’est de l’hypocrisie. Mais il serait trop facile d’en appeler à une conversion de toute l’Église en général, sans mettre en œuvre la nôtre, personnelle. Saint Léon disait : « Que les croyants fassent donc la critique de leur propre état d’esprit et qu’ils examinent attentivement les sentiments intimes de leur cœur. »[1] Nous n’aurons pas à rendre des comptes sur la manière dont nous aurons discouru sur les maux de la terre entière, mais sur ce que j’aurai fait pour me convertir, moi ! La parabole du figuier, entendue dans l’évangile, nous rappelle le devoir que nous avons de porter du fruit. C’est sur cela que nous serons jugés personnellement.

C’est vrai, se convertir est difficile et exigeant. Le temps du carême nous ramène à l’expérience du Peuple de Dieu dans le désert. Et aujourd’hui, deux signes très réconfortants nous sont donnés. D’abord le buisson ardent. C’est un événement fondateur pour le peuple de Dieu. C’est le moment où Dieu appelle Moïse pour sa mission. Le moment où il révèle son nom. Et par ce signe du buisson qui brûle sans se consumer, Dieu révèle à la fois son être éternel, et son action : il veut nous brûler de son feu, qui embrase mais ne détruit pas. Ce temps du carême est un moment où Dieu veut nous brûler, brûler en nous tout ce qui doit mourir : mais ce feu purificateur de Dieu est un feu qui ne détruit pas, qui ne consume pas…

Le second signe qui nous est donné pour nous encourager dans notre entreprise de conversion, c’est le rocher auquel le peuple a bu dans le désert. Le rocher spirituel qui les accompagnait : le Christ. Nous nous rappelons cet événement où Moïse, quand le peuple eut soif, frappa deux fois le rocher, et il en jaillit de l’eau en abondance (cf. Nb 20, 11). Selon une tradition rabbinique, le rocher du désert aurait accompagné ensuite le peuple durant l’exode.[2] Saint Paul y voit l’annonce du Christ qui apaise notre soif où que nous soyons. Jésus nous accompagne dans nos déserts, lui est toujours avec nous. Et nous, sommes-nous toujours avec lui ? C’est là que réside la conversion : nous tourner vers Jésus, avoir les yeux fixés sur Jésus. Prions davantage en ce temps de carême. Prenons la résolution de regarder un peu plus Jésus, de prendre davantage de temps pour Jésus, et avec  lui.

Demain nous célèbrerons la solennité de l’Annonciation. C’est bien sûr une fête mariale, que nous allons vivre avec la Vierge Marie. Mais le nom liturgique de cette fête est « l’Annonciation du Seigneur », parce que c’est d’abord l’Incarnation du Verbe que nous célébrons : le Verbe s’est fait chair. Par la Vierge Marie il est venu jusqu’à nous. Unissons notre « oui » à Celui de Jésus comme la Vierge Marie l’a fait si parfaitement : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. »

[hr]

[1] Office des lectures de ce jour

[2] Cf. note de la Traduction Œcuménique de la Bible pour 1 Co 10, 4

Fr. Clément-Marie- 24 mars 2019, St Pierre de Colombier

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