Oeuvrer, comme les prophètes, pour la paix venant de Dieu !

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Homélie pour le 2ème Dimanche du Temps Ordinaire B

Dimanche 14 janvier 2024

Dieu, qui aime l’homme, veut le meilleur pour lui

Quelle fraicheur dans ce beau texte de l’appel du jeune Samuel ! Quelle beauté dans cette parole confiante : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. » Et pourtant… La réalité est dure. En effet, le texte coupé de la lecture ne nous dit pas ce que Dieu va dire à Samuel. Mais le jeune garçon va être chargé d’une mission très difficile. Dieu va lui demander d’aller avertir le prêtre Éli. En effet, celui-ci avait deux fils, dont les mœurs étaient contraires aux commandements de Dieu. Mais Éli était très faible, et il ne reprenait pas ses fils avec la force qu’il aurait dû avoir pour leur dire la vérité. Déjà un homme de Dieu était venu trouver Éli pour lui demander de la part de Dieu : « Pourquoi honores-tu tes fils plus que moi… ? » (1 S 2, 29). Mais cet avertissement n’avait rien changé. C’est alors que Dieu parla à Samuel. Après l’avoir appelé, comme nous l’avons entendu, Dieu dit à Samuel au sujet d’Éli : « Je lui ai annoncé que j’allais juger sa maison pour toujours, à cause de cette faute : sachant que ses fils méprisaient Dieu, il ne les a pas repris ! » (1 S 3, 13).

Le texte ajoute ensuite que Samuel redoutait – et on le comprend – de transmettre au prêtre ces paroles. Il le fit pourtant, sur l’insistance d’Éli, et en effet les deux fils d’Éli moururent peu après, ainsi qu’Éli. Il fait partie de la mission de ceux qui sont au service du Seigneur de dire la vérité sur le péché. Dieu le leur demande. Et s’ils ne le font pas, comme le prêtre Éli, ils n’honorent pas Dieu, et ils trompent les hommes. Dieu dira plus tard à Jérémie au sujet des faux prophètes : « ils osent dire à ceux qui me méprisent : "Le Seigneur a parlé ; vous aurez la paix !" et à tous ceux qui suivent l'obstination de leur cœur : "Aucun mal ne vous arrivera !" » (Jr 23, 17). N’est-ce pas, hélas, ce que des pasteurs disent aujourd’hui aux pécheurs ? Or les pasteurs doivent avoir ce courage, aujourd’hui encore. Sinon Dieu nous demandera des comptes, comme à Éli. Ainsi, cet appel que Dieu lance au jeune Samuel est à la fois très beau et très exigeant. Samuel est appelé, comme tout prophète, et comme Jésus lui-même, à être « signe de contradiction ». Car Dieu, qui aime l’homme, veut le meilleur pour lui.

C’est ainsi également qu’il faut interpréter l’appel lancé par saint Paul aux Corinthiens. En effet, Corinthe était une ville portuaire, connue pour ses mœurs très relâchées. Mais saint Paul ne transige pas, lui non plus : « Fuyez la débauche. » Il y a quelques années, de jeunes étudiants en médecine ont entendu par un professeur, en cours de première année, que le christianisme était une religion qui avait du mépris pour le corps. Et ces jeunes demandaient que répondre à cela… En réalité, si ces professeurs étaient sans aucun doute compétents en médecine, ils étaient animés soit d’une forte idéologie contre le christianisme soit d’une sidérante ignorance quant à la foi chrétienne. Réentendons les mots de saint Paul en ce jour : « le corps n’est pas pour la débauche, il est pour le Seigneur, et le Seigneur est pour le corps ; (…) Ne le savez-vous pas ? Vos corps sont les membres du Christ. (…) Ne le savez-vous pas ? Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint… »

Nous venons de vivre Noël, le mystère de l’Incarnation du Verbe – mystère qui est au cœur de notre foi. Que signifie ce mystère ? Il signifie que Dieu a pris notre condition humaine. Que Dieu a pris un vrai corps humain. Quelle religion, quelle philosophie, a jamais dit une chose aussi grande et aussi belle sur le corps humain ? En réalité, le corps humain est créé par Dieu. Il est beau, il est précieux. À tel point que Dieu en a pris un. Or avec ce qui est beau et précieux on ne fait pas n’importe quoi. Ceux qui ont du mépris pour le corps sont ceux qui voient le corps comme un objet de plaisir. Ceux qui le voient comme un don précieux de Dieu l’ont en estime. Comme il est beau, le message de la foi sur le corps ! Le Verbe a pris un corps. Il est ressuscité avec son corps, et il nous promet aussi de le suivre dans sa résurrection : « Je crois à la résurrection de la chair », disons-nous dans le Symbole des apôtres.

Dans l’évangile, nous avons entendu l’appel des premiers disciples. Là encore, quelle fraicheur ! Les disciples sont saisis par Jésus : « Où demeures-tu ? » Jésus les invite, en respectant infiniment leur liberté : « Venez, et vous verrez. »

Jésus est le Fils de Dieu. Il est venu nous donner la paix avec Dieu, la paix qui vient de Dieu. Or, comme tout ce qui a de la valeur, cette paix a un prix. Dans l’oraison de ce dimanche, nous demandons : « Dieu éternel et tout-puissant, qui régis le ciel et la terre, exauce, en ta bonté, les supplications de ton peuple et donne à notre temps la paix qui vient de toi. » Les faux prophètes ont cherché la paix qui vient du monde – c'est-à-dire la tranquillité qui se tait sur le péché, ou qui l’approuve. Samuel, lui, a compris qu’il devait rechercher la paix qui vient de Dieu. Benoît XVI disait : « La parole du Christ ne fut en rien banale, aimable, gentille, comme veut nous en convaincre un faux romantisme. Elle fut âpre et cinglante comme l’amour véritable, qui ne se laisse pas diviser d’avec la vérité : et cela lui a coûté la croix. À toutes les époques elle a été insupportable pour l’opinion publique. Et cela n’a pas changé. » [Joseph RATZINGER, Église et théologie, Mame, Paris, 1992, page 135]

Prions pour que les pasteurs de l’Église aujourd’hui n’aient pas peur de remplir cette belle mission de coopérateurs de la vérité, qui est une œuvre de miséricorde. Que, comme Samuel, ils sachent avertir les pécheurs avec amour et avec courage, en appelant à la conversion. Que la Vierge Marie nous donne ce courage, source de la véritable paix et de la vraie joie.

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