In Altum

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Pontmain et la France

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 103)

Janvier 1871, c’est la guerre. Il fait très froid, l’armée découragée est en déroute et l’ennemi nous talonne. Les Prussiens sont aux portes de Laval, dernier « verrou ». Avant la Bretagne, et se voient déjà déferlant jusqu’à la côte… La France se trouve dans la situation déplorable annoncée par Marie à la Rue du Bac et à La Salette. D’ailleurs, remarquons que toutes nos grandes défaites ont lieu un dimanche, jour de repos et de prière que les Français ne respectent pas, malgré le commandement de Dieu (7 août 1870 : défaites de Reichshoffen et de Forbach ; 4 septembre : capitulation de Sedan ; 2 octobre : Strasbourg tombe ; 16 octobre : Soissons capitule ; 27 novembre : capitulation de la Fère et défaite d’Amiens ; 4 décembre : les Prussiens entrent dans Orléans ; 29 janvier 1871 : Paris cède devant l’ennemi…). Les responsables, ce sont les Français : ils ont lancé les hostilités dans un vent de folie et d’orgueil. Maintenant, de toutes parts, s’élèvent des supplications vers le Ciel. Depuis Poitiers où ils sont réfugiés, quatre amis, avec l’autorisation de Mgr Pie, font le vœu de l’érection à Paris d’une église monumentale dédiée au Sacré-Cœur, comme acte d’expiation, d’amende honorable et de demande de protection de la ville : ce sera la basilique de Montmartre, érigée après que le cardinal Guibert, archevêque de Paris, soutenu par l’Assemblée nationale – au titre d’œuvre d’utilité publique ! – en aura choisi le lieu en 1872 ! À Paris, les églises se remplissent et on organise une grande neuvaine à Notre-Dame des Victoires. À Tours, on supplie St Martin. À Laval, Rennes, Saint-Brieuc, on fait le vœu de restaurer les sanctuaires (Laval), de faire des processions en l’honneur de la Reine de France (Rennes)... À quelque 50 km de Laval, les habitants de Pontmain sont sans nouvelle des trente-huit hommes partis au front. Avant de partir, monsieur le curé les avait bénis et consacrés à la Sainte Vierge, prophétisant que tous rentreraient. Le 17 janvier 1871, on ignore encore combien est grande la déroute de notre armée. Eugène et Joseph Barbedette, douze et dix ans, aident leur père. La nuit étoilée attire Eugène, qui s’approche de la porte entrebâillée et voit… Notre-Dame, et un message écrit sur une banderole : il commence par « mais », mot d’insistance qui vient souligner la suite, mot de commandement aussi. Ce « mais » restera plus de dix minutes seul, suspendu dans les airs, comme pour en souligner le poids et inviter à la persévérance… L’abbé Guérin invite ses paroissiens à prier et, au même moment, un messager apporte la terrible nouvelle : « Vous n’avez qu’à prier, les Prussiens sont à Laval ! » On entonne alors le Magnificat. La Sainte Vierge confirme : « Priez mes enfants ». La fin : « Dieu vous exaucera en peu de temps » est tout de suite comprise comme une intervention du Ciel pour que la guerre finisse. Quant à « Mon Fils se laisse toucher », on peut l’interpréter comme un signe de la Miséricorde du Cœur de Dieu ! Le lendemain, on apprend que le général prussien, pourtant aux portes de Laval, a reçu dans la nuit un contre-ordre l’obligeant à retirer ses troupes. Le 28 janvier, l’armistice est signé après six mois de combat. Les trente-huit soldats revinrent sains et saufs.

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