Le concept UNIMOG
S’agit-il d’un OVNI, d’un nouveau ministère échappé de chez Orwell ou du nom du dernier plan de l’ONU pour diffuser la théorie du genre ? Vous n’y êtes pas ! En 1948, une petite entreprise allemande créait un véhicule à mi-chemin entre le camion et le tracteur agricole, pour répondre à certains besoins polyvalents et exigeants que camions ou tracteurs ordinaires ne pouvaient satisfaire. Trois ans plus tard, en 1951, le concept était racheté par Mercedes, qui en fera l’un des véhicules les plus connus au monde pour ses performances techniques exceptionnelles. Jusqu’au début des années cinquante, le meilleur camion tout-terrain existant était, de l’avis des spécialistes, le légendaire « GMC » de l’armée américaine, arrivé par milliers des États-Unis en Europe à partir du débarquement en Normandie. Mais le célèbre véhicule de 6t à six roues, allait être bientôt détrôné. L’« Universalmotorgerät » (Unimog), ou « engin motorisé universel », produit depuis plus de soixante-dix ans, s’est progressivement imposé, d’abord en Europe puis comme succès mondial. À l’origine, il s’agit d’un petit camion 4x4 compact, de 2,4t avec un moteur à essence de 25ch, donc guère plus imposant qu’une voiture. Au fil des années, le concept du véhicule va se développer. Aujourd’hui, son poids est au minimum de 7,5t et de 9,3t au maximum, et son moteur diesel peut développer jusqu’à 290ch. Les années ont aussi permis au camion de gagner peu à peu de nombreux « titres de noblesse » à faire pâlir la concurrence : 50 cm de garde au sol, possibilité de fixer une multitude d’équipements derrière la cabine, y compris à la façon d’un tracteur agricole, pour les éventuels travaux des champs, versions spéciales avec quatre roues directrices, avec variation de la pression des pneus en temps réel selon la portance du sol, passage du poste de pilotage de gauche à droite en un tour de main, possibilité de prises de force à l’avant, à l’arrière et/ou sur les côtés, pour l’adaptation d’outils à mouvement circulaire, capacités de franchissements extrêmes en tout-terrain : gués de 1,20 m, rampes de 45°, dévers jusqu’à 38°… Les « croisements de pont » extrêmes sont rendus possibles par un châssis qui, tout en étant robuste, peut-être fortement vrillé pour suivre le relief. La motricité du véhicule est assurée par une boîte de vitesse pouvant avoir jusqu’à seize vitesses en marche avant, dont deux extra-lentes, et huit en marche arrière, pour une vitesse maximale de 90 km/h. Le véhicule est aujourd’hui présent dans quasi tous les pays du monde ; trente-cinq armées l’utilisent, dont la France, et il a la part belle chez les pompiers, en particulier comme camion-citerne de lutte contre les feux de forêts. Des versions surprenantes existent : équipement de lame de bulldozer à l’avant, pour combler les fossés infranchissables, pelle chargeuse à l’avant, bras de tractopelle à l’arrière, dispositif rail-route permettant de tracter jusqu’à 1000t de wagons sur des installations ferroviaires, faucheuses multi-bras pour l’entretien des routes, treuil, système de débardage pour les travaux forestiers… Le camion arbore une silhouette caractéristique inimitable, à la fois ramassée et haut perchée sur ses gros pneus crantés, avec un capot proéminent à l’avant du pare-brise. Ayez l’œil !