« Père Pélican »
Vous connaissez bien évidemment cette fameuse hymne latine de l’Adorote devote à St Thomas d’Aquin. Mais pourquoi identifie-t-on Notre-Seigneur à un pélican ? Découvrons d’abord cet oiseau curieux.
Toute espèce animale ou végétale se classe en famille, genre puis espèce. Ainsi, le pélican est de la famille des Pélicanidés, composée de trois espèces : le pélican frisé, très rare et localisé dans le sud-est du paléarctique occidental, le pélican gris, espèce introduite en Afrique et le pélican blanc, notre sujet.
Il se nomme en latin Pelicanus onocrotalus, et fait partie des espèces rares et localisées. Les marais côtiers et les lacs sont son milieu de vie. Il ne vit qu’en Europe, dans le delta du Danube ; lors de sa migration (c’est-à-dire en automne et au printemps), il passe par la Mer Noire, la Palestine et la Mer Rouge. Il hiverne majoritairement au nord-est de l’Afrique et en Inde, d’où il revient en groupe vers les lieux de nidification, s’établissant dans les endroits où le poisson abonde. Il en consomme en effet quelque 3kg par jour environ ! Les pélicans pêchent en groupe, forment un demi-cercle comme un filet et, parce qu’ils ne savent pas plonger, ils se servent de leur gosier comme d’une nasse et accumulent les poissons avant de les capturer.
Notre oiseau aquatique mesure 140 à 175cm de long et 245 à 295 d’envergure ! La femelle pond le plus souvent deux œufs entre avril et juin, les couve pendant trente-trois jours, relayée parfois par le mâle. Et oui, la galanterie se vit aussi chez les oiseaux ! Les oisillons réclament leur nourriture seulement deux fois par jour. L’adulte dégorge les poissons qu’il a pêchés, digérés et conservés dans sa poche extensible, appelée poche jugulaire, en pressant son bec contre sa poitrine, sans se ménager, à tel point que l’on croyait, particulièrement au Moyen-âge, qu’il perçait son flanc pour nourrir ses petits de sa propre chair et de son sang. C’est ainsi que cet oiseau majestueux fut choisi par les premiers chrétiens pour représenter Dieu le Père qui nourrit ses enfants, ou Jésus Lui-même qui s’offre en Sacrifice sur la Croix, et dont le côté fut transpercé. Le pélican représente également le sacrement de l’Eucharistie ; symbole d’infinie charité et de résurrection, il est aussi la figure de la pureté de l’Amour divin de Jésus par sa blancheur. St Augustin fut le premier à faire le rapprochement avec Jésus, Notre-Seigneur.
L’image du pélican est déjà présente dans les psaumes, précisément dans le Ps 101, bien que certaines traductions évoquent le « corbeau du désert » : il s’agit, en hébreu, du pélican, pouvant figurer Jésus.
Soulignons par ailleurs que, étymologiquement, si on décompose le nom ABRAHAM, on retrouve le terme pélican : AB = père, RARHAM = pélican. C’est pourquoi Abraham, dans la symbolique hébraïque, était appelé « Père pélican » ou « Père miséricordieux ». Nous comprenons ainsi mieux pourquoi il est aussi l’image de Dieu le Père.