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La transmission orale des Evangiles

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 119)

Une tradition méconnue des origines remis au gout du jour

N’étudier les évangiles que comme de simples textes écrits, en jugeant que l’oralité est nécessairement un facteur de désordre, c’est, selon Pierre Perrier, spécialiste de la civilisation orale du temps de Jésus, se condamner à ignorer une grande part de la richesse initiale de ceux-ci.

Cette civilisation orale, qui nous est si étrangère aujourd’hui, s’inscrit dans un contexte politique, social et religieux difficile, du fait des influences grecque, romaine, ou encore religieuses étrangères ou du fait de la corruption des chefs religieux.

Dans ce contexte, le peuple des humbles transmet fidèlement, de génération en génération, le patrimoine oral de la foi de ses pères, selon la méthode du texte oral par ailleurs utilisée pour la transmission de tout souvenir, basée sur un effort soutenu de mémorisation.

La technique mise en œuvre pour assurer la plus grande fidélité aux paroles originales est celle du « collier ». Par ce mot, on désigne un assemblage de récitatifs, petites unités de paroles « cristallisées », c'est-à-dire fixées avec certitude et définitivement, formant un tout autonome, enfilées les unes à la suite des autres, comme pourraient l’être des perles sur un collier. Si ce terme désigne avant tout, par analogie, une réalité orale, des colliers « physiques » ont aussi été utilisés en guise d’aide-mémoire par les récitateurs.

Il faut dire que les compositeurs oraux créent des récitatifs tissés d’aide-mémoire divers : structures de phrases particulières, répétitions de mots ou expressions, utilisation de chiffres portant un sens caché traditionnel, comme on en trouve dans l’Évangile, rythme lié à la respiration.

Ils sont aussi tissés de références aux Livres de sagesse ou prophétiques, bien connus de tous. Ainsi, par exemple, le Magnificat est un véritable chef d’œuvre de composition, réussissant l’exploit de compiler ensemble près de cinquante phrases bibliques, les agençant sur le modèle des cantiques d’Anne et de Tobie.

Il faut dire aussi qu’en tradition orale, l’incessante et stricte répétition d’un même témoignage est un gage d’authenticité et de fidélité (ce n’est pas le cas en tradition écrite, où, au contraire, on s’efforce d’enrichir toujours davantage un texte donné). Des récits de miracles, par exemple, doivent pouvoir apparaître aux auditeurs absolument fiables et avérés.

Des litanies de récitatifs ont tôt été employées par l’Église naissante en guise de catéchèses. Elles ont aussi imprégné les membres des familles à l’occasion des longues veillées spirituelles des soirs d’hiver. Le Sermon sur la montagne est un exemple type de catéchèse primitive complète.

L’ignorance de cette oralité omniprésente et la fixation exclusive sur les textes grecs est caractéristique, selon Perrier, des études modernes sur l’Évangile. Pourtant, les textes grecs laissent encore transparaître leurs sources originales araméennes, orales. Il invite les amoureux de l’Évangile à renouer avec elles pour exploiter au mieux les richesses de la Parole. La Bible de Chouraqui est une traduction conçue sur le modèle des récitatifs. Elle constitue une porte intéressante vers l’oralité.

 

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