Sainte Jeanne Jugan (1792-1879)
Fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres, une sainte qui attend tout de Dieu et le loue à chaque instant.
« Dieu me veut pour Lui, pour une œuvre qui n’est pas encore fondée. » C’est la conviction de Jeanne Jugan lors de la Mission de 1816. La future fondatrice attendra plus de 20 ans avant de connaître précisément la volonté divine ! Cette œuvre verra le jour l’hiver de 1839 quand Jeanne revint à la maison, avec l’accord des 2 amies qui partageaient son logement, en portant sur son dos une pauvre vieille aveugle et infirme abandonnée par tous. Elle lui donna son lit et dormit au grenier. Peu après, une seconde femme âgée fut aussi accueillie au foyer. Jeanne et ses amies, confiantes dans l’aide de Dieu, décidèrent d’accueillir d’autres pauvres. « C’est vrai. C’est une folie, ça paraît impossible… Mais si Dieu est pour nous, cela se fera ! » Le nombre de leurs protégés augmenta rapidement ainsi que celui des jeunes filles qui vinrent les aider. Le travail de Jeanne et de ses compagnes ne suffit plus pour nourrir toutes ces bouches. Elle décida alors d’aller quêter. Cela lui coûte mais elle le fait « pour le bon Dieu et pour ses chers pauvres » Elle fait de la quête une évangélisation : « Je voudrais un peu de bois pour soulager un membre de Jésus-Christ. » Elle réveillait la conscience des gens et invitait à un changement de vie. A un riche avare qui lui refusait un don parce que la veille, il lui avait déjà donné, elle répond : « Monsieur, mes pauvres avaient faim hier, ils ont faim aujourd’hui et demain aussi ! » A celui qui la gifle : « Merci, c’est pour moi. Et pour mes pauvres ? » Ces deux hommes deviendront de fidèles donateurs. Elle sait aussi en tirer le meilleur profit spirituel : « Quand on vous reçoit avec de mauvais procédés, c’est du bien pour nous et quelque chose à offrir à Dieu. » Jeanne va connaître une terrible épreuve : un prêtre qui s’occupe de la petite communauté va décider, de son propre chef, de lui enlever son rôle de supérieure. Il la laissera cependant quêter et fonder de nouvelles maisons puis, 9 ans plus tard, alors qu’elle était en pleine activité et forme physique, il l’enverra à la maison mère, où, elle vivra pendant 27 ans sans aucune responsabilité. Elle obéit humblement: « Vous m’avez volé mon œuvre mais je vous la cède de bon cœur. » Là, elle mènera une existence cachée. La plupart des sœurs ignoreront qu’elle est leur fondatrice mais elle aura une grande influence sur les novices en les formant par son seul exemple. Elle saura les réconforter : « Quand vous n’en pouvez plus, allez à la chapelle. Dites à Jésus : « vous savez bien ce qui se passe, vous qui savez tout. Venez à mon aide. » Et puis, ne vous inquiétez plus. Vous l’avez dit à Jésus, il a bonne mémoire. Jeanne sera exigeante avec ses jeunes sœurs mais pleine de bonté, sachant les distraire à la récréation. Elle leur apprendra à être délicates avec les pauvres. « Vous faites trop de bruit en travaillant. Plus tard, vous fatiguerez les pauvres malades et vous les ferez souffrir. » « Soyez toujours de bonne humeur. Nos vieillards n’aiment pas les figures tristes. » « Soyez petites, petites, petites. Si vous deveniez grandes et fières, la congrégation tomberait. » Avec l’âge, elle devint presque aveugle : « Je ne vois plus que Dieu. Lui me voit, cela suffit. » Morte le 29 août, elle fut enterrée sans aucune solennité.