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Le petit déjeuner du physicien

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 126)

Vous n’imaginez pas tout ce qu’un grille-pain peut apporter à votre vie spirituelle !

 

Le petit-déjeuner est, dit-on, le repas le plus important de la journée. Tartines de pain grillé, chocolat chaud, rien de tel ! Mais si votre grille-pain était un supraconducteur et votre chocolat au lait un superfluide, votre tartine en ressortirait aussi blanche qu’elle y est entrée, et votre boisson finirait sur vos genoux… en passant à travers votre bol ! Rassurez-vous, même en Carême, on ne risque pas de vous faire ce genre de plaisanterie, car ces états de la matière, supraconductivité et superfluidité, ne se rencontrent qu’à très basse température : aux alentours de 0 Kelvin, soit environ -273°C !

 Commençons par la supraconductivité. Tout matériau conducteur d’électricité s’oppose à la circulation de l’électricité : c’est ce que l’on appelle la résistance. Plus celle-ci est élevée, plus l’électricité se dissipe en chaleur. Le grille-pain est donc, en termes de physicien, une résistance. La matière est composée d’atomes, eux-mêmes constitués d’électrons. Lorsqu’un courant électrique traverse la matière, ceux-ci se déplacent d’atomes en atomes de manière désordonnée, provoquant des chocs en se heurtant. Ce sont ces chocs qui provoquant une émission de chaleur. Dans l’état de supraconductivité, les électrons se comportent de façon totalement différente. Au lieu de se déplacer aléatoirement, ils se groupent par paires et forment une onde synchronisée que les défauts de la matière ne peuvent plus perturber. Ainsi, le supraconducteur laisse passer l’électricité sans aucune perte. Plus de perte, plus de dissipation en chaleur, plus de tartine de pain grillé !

 La superfluidité est aux liquides ce que la supraconductivité est aux matériaux. Si les solides résistent au passage du courant électrique, les fluides, eux, résistent à l’écoulement. Cela signifie que quand de l’eau, par exemple, coule dans un tuyau, on observe comme des frottements de l’eau contre les parois. Si l’on met de la crème dessert à la place de l’eau, elle aura plus de mal à s’écouler car elle est plus visqueuse : il y a plus de « frottements ». À très basse température, la viscosité disparaît pour une raison similaire à celle rencontrée dans les supraconducteurs : les atomes du fluide n’ont plus un mouvement désordonné, mais se coordonnent et semblent agir « comme un seul homme ». Plus de frottements donc, et c’est ce qui confère aux superfluides la capacité de couler à travers des tuyaux très fins ou des trous de la dimension de quelques atomes : le chocolat au lait superfluide ne restera donc pas dans votre bol, mais coulera tout simplement à travers.

 Le monde créé n’a donc pas fini de nous étonner. Ces matériaux sont un peu représentatifs de notre propre existence. Si nous vivons à température ambiante, c'est-à-dire selon le monde, notre résistance naturelle à la grâce demeure. Si nous nous rapprochons de Dieu, le zéro absolu, que l’on ne peut atteindre mais néanmoins approcher, nous vivrons de cette vie nouvelle, inconnue jusqu’alors, mais connue des saints, qui laissent couler à travers eux la grâce de Dieu sur le monde.

 

 

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