De Mgr Nassar, archevêque maronite de Damas

Il semble que la guerre syrienne soit le drame le plus cruel qu’ait vu le monde depuis la deuxième Guerre mondiale. Après le recul des violences, une guerre économique des plus dures s’installe pour étouffer tout espoir et redoubler la souffrance du petit peuple.

 Une scène chaotique :

1) 950 000 morts ont plongé nos familles dans le deuil et l’instabilité familiale ;

2) plus de 200 000 disparus dont deux évêques et quatre prêtres, un cauchemar pour les parents et amis qui ignorent le sort de leurs bien-aimés ;

3) 13 000 000 de réfugiés plongent la Syrie dans l’angoisse et l’incertitude ;

4) 95 000 mains coupées et pieds amputés ou paralysés créent un problème épineux aux conséquences psychologiques et médico-sociales si lourdes ;

5) 2 500 000 logements démolis ou détruits, des ruines qui prolifèrent, des scènes de villes mortes… ;

6) Le blocus et les sanctions étouffent surtout le petit peuple privé de l’aide de sa nombreuse diaspora. L’effondrement de la monnaie locale, l’inflation galopante et le Covid-19 font le reste.

 Qu’il est facile et rapide de détruire un pays, et très difficile et si long de le reconstruire ! Devant ces scènes de désolation, l’Église de Syrie, bien que minoritaire, ne se résigne pas à un rôle de spectateur : elle lance un Synode de renouveau et contribue à la lumière de l’Esprit en apportant une présence et un témoignage dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la pastorale des jeunes, de la médiation familiale, de l’accompagnement des foyers fragiles, du soutien aux plus démunis  et des soirées d’adoration.

 Le petit peuple qui gère ses problèmes et soigne ses blessures en silence crie au Seigneur :  « Maître, nous périssons ! Cela ne te fait rien ? » (Mc 4, 35.) Si le monde oublie la Syrie, le Seigneur veille, et ne laissera pas couler la barque…

Carême 2021

Samir NASSAR

Archevêque maronite de Damas

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Crédit photos :

En-tête : auteur Zscout370 ici le lien 

Article : auteur Hamed Nafarnejad ici le lien