Ça plane pour môa-a-a !
Voler en s’appuyant sur l’air, pas si simple que ça en à l’air !
Bonjour à tous et bienvenue sur In altum !
Rien de plus simple que de voler pour un oiseau ? Oui, parce qu’il est fait pour ça. Mais en fait, rien de moins facile. Voler est même un exercice très compliqué, et ce n’est pas pour rien qu’il a fallu attendre tant d’années afin qu’un homme parvienne, non plus à se briser au sol, mais à s’élever dans les cieux. Ceci, la nature l’a fait, depuis longtemps, et de manière inégalable (émerveillement SVP !).
En effet, bien des animaux pratiquent cet art, et de manière très variée. Quelle différence technique entre le vol de la libellule et celui du merle... Mais il s’agit toujours de s’appuyer sur l’air en glissant sur lui, et/ou en le propulsant.
Le cas de Dudule, le vautour fauve, peut nous aider à mieux saisir ce que peut signifier « voler ». Il semble à première vue un oiseau puissant, type Mirage 2000. En fait, il est faible et se fatigue très vite, du fait d’un cœur trop petit pour un corps trop grand. En définitive, Dudule est beaucoup plus proche d’un planeur que d’un jet…
Jips l’araignée a donc cherché à tirer les vers du bec de ce volatile aux apparences flegmatiques.
- Alors, on ne s’improvise pas planeur professionnel ?
- Mmoui, il faut aux petits jeunes nombre d’essais avant d’atterrir sur la falaise avec une voilure de 2,70 m d’envergure, et pas mal de crashs…
- Mais le vol n’est-il qu’une question d’entraînement et d’intuition ?
- Il s’agit de tirer parti de tout, et nous sommes largement équipés pour cela. Je ne fais pas ici allusion au design exceptionnel de nos ailes ou de chaque plume qui a sa place propre sur la ramure, mais à tous les appareils de bord dont nous sommes munis.
- À quoi servent-ils ?
- Essentiellement à… calculer ! Le but est de s’appuyer sur l’air, en particulier sur les flux d’air chaud, qu’on appelle « thermiques » dans le métier. Je choisis le thermique en fonction de sa force ascendante et de sa taille, ce qui me permet de monter haut et vite. De même, il faut aussi que je me trouve bien au cœur du thermique, et que je choisisse le moment le plus propice pour passer d’un thermique à l’autre en battant le moins possible de mes lourdes ailes. Je peux m’élever ainsi à 2000 ou 3000 m de haut.
Un exemple, que je vous livre ici : mes rémiges, ces longues plumes qui terminent les ailes, sont chacune reliées à un nerf. Ainsi, je sais précisément et instantanément vers où, avec quelle force, et comment, me porte le courant dans lequel je me trouve. Ajoute à cela un altimètre, un variomètre et autres gadgets, et tu auras ainsi fait le tour du cockpit.
- Mais comment faire le bon choix ?
- C’est d’abord le bon sens qui me guide. Ainsi, je préfère attendre que les premiers rayons du soleil aient chauffé la paroi rocheuse et qu’un courant m’élève vers le ciel. Ma vue exceptionnelle me permet en outre d’évaluer où sont les courants ascendants. Tout à l’heure, dans le ciel, mine de rien, je continuerai à observer très attentivement l’évolution de mes congénères, toujours afin d’évaluer les flux aériens, mais aussi de me renseigner sur la présence éventuelle d’une charogne : en résumé, ça plane pour môa-a-a !
- Alors, à + sur In altum,
Jipsou
Crédit photos :
En-tête : source pixnio > ici le lien
Article: auteur Aline Deflorenne > ici le lien