A la découverte d'Honoré d’Estienne d’Orves
De l’ancre à la croix
Quand noblesse et foi guident une âme de résistant
Honoré d’Estienne d’Orves naît le 5 juin 1901 à Verrières-le-Buisson dans une famille catholique de vieille noblesse provençale. Officier dans la Marine nationale, il épouse Éliane de Lorgeril dont il aura cinq enfants.
En 1940, il refuse la défaite et rejoint Londres. Affecté aux services secrets de la France libre, il rejoint la France pour y organiser un réseau de résistance, mais il est arrêté avec d’autres résistants à cause d’un espion infiltré. Incarcéré à Fresnes pendant sept mois, il se rapproche de Dieu par des rencontres régulières avec l'aumônier de la prison, l'abbé Franz Stock, qui lui apporte ainsi qu'à ses compagnons, un soutien spirituel notamment par la réception des sacrements et l’apport d’écrits spirituels.
Le 13 mai 1941, le procès débute devant la Cour martiale allemande de Paris ; Honoré d'Estienne d'Orves prend sur lui les accusations, cherchant à couvrir ses compagnons.
Le 26 mai, le verdict tombe : avec huit de ses compagnons, ils sont condamnés à mort, les autres subiront la prison. Le conseiller juridique Keyser ira jusqu’à Berlin pour obtenir la grâce des condamnés. Le résultat sera infructueux. Le 28 août, ordre est donné d’exécuter le lendemain les principaux membres du réseau : d'Estienne d'Orves, Barlier et Doornik.
Tôt le 29 août, l’abbé Stock célèbre la messe. Les trois hommes communient, récitent la prière des agonisants. Sur la route menant au Mont-Valérien, d’Estienne d’Orves et ses compagnons chantent et prient. Arrivés au Mont-Valérien, l’abbé leur donne l’absolution. Honoré dit à l’homme qui l’a condamné : « Monsieur, vous êtes officier allemand. Je suis officier français. Nous avons fait tous les deux notre devoir. Permettez-moi de vous embrasser ». Honoré d’Estienne d’Orves tombe, ayant pardonné à ses bourreaux.
« Ils sont morts tous les trois en héros, refusant le bandeau, refusant de se laisser lier les mains; ils ont accueilli la mort au garde-à-vous en priant pour leur famille et pour la France. J’eus l’occasion ultérieurement de parler d’eux avec l’abbé Stock, aumônier de la prison, et aussi avec le feldwebel qui commanda le feu. Tous les deux furent unanimes à me dire qu’ils avaient vu de très nombreuses exécutions, mais que jamais ils n’avaient été témoins d’autant de courage et d’autant de crânerie française » écrira M. Le Gigan, témoin de la scène.
Concluons avec ces extraits de lettre de notre héros à l’abbé Stock :
« Je vous remercie du fond du cœur de ce que vous avez fait pour moi. Au début de nos relations, j’ai vu en vous le prêtre qui pouvait m’apporter le bon Dieu et ainsi le secours dont j’avais besoin. C’était le principal. Mais par la suite, j’ai appris à vous apprécier et aimer comme homme.
Je prie le bon Dieu de donner à la France et à l’Allemagne une paix dans la justice, comportant le rétablissement de la grandeur de mon pays. Et aussi que nos gouvernants fassent à Dieu la place qui lui revient.
Je remets mon âme entre les mains de Dieu, et un peu entre les vôtres qui l’avez ces derniers temps représenté auprès de moi. »