Le drame de Malpasset
La rupture du barrage du Malpasset fut l’une des catastrophes civiles
les plus meurtrières du XXe siècle.
Le 2 décembre 1959 à 21h13, une vague de 50 millions de mètres cubes d’eau déferle brutalement dans le vallon du Reyran, au Nord-est de Fréjus, dans le Var. En quelques minutes, l’eau ravage la plaine agricole toute proche et atteint les faubourgs de la ville, faisant 425 morts et détruisant des dizaines d’immeubles.
En 1952 débutent les travaux de construction d’un barrage, dont la finalité première sera d’alimenter Fréjus en eau potable. La région, très sèche habituellement, est cependant régulièrement frappée de fortes et brusques précipitations.
La conception du barrage pèche dès les débuts. Ainsi, les sondages de la roche sont réduits au minimum, ce qui ne permet pas aux ingénieurs de constater que celle-ci est très fissurée et altérée en profondeur. Au contraire, elle est estimée solide, et suffisamment étanche pour que l’on puisse se passer de réaliser un voile d’étanchéité dans le terrain alentour, au moyen d’injections de ciment, qui assureraient la sécurité des fondations.
Par ailleurs, le type de barrage retenu est une voûte mince, dont l’arc est sensé reporter les efforts dus à la poussée de l’eau sur les parois de la montagne. Pour que cette technique soit efficace, il faut que celles-ci soient perpendiculaires à la voûte ; or, à Malpasset, sur l’un des côté, la paroi est quasiment parallèle…
Vers la fin du chantier, pris d’un doute, et constatant par ailleurs, au moment du terrassement, la fragilité de la roche, les ingénieurs renforcent la butée de la voûte sur ce côté par la construction d’un gros massif en béton.
En 1954, le chantier est terminé, et la mise en eau du barrage débute. L’ouvrage devrait être étroitement surveillé. Cependant, la montée des eaux nécessite l’expropriation d’une société minière qui rechigne à abandonner ses installations. La formation du lac, retardée, va donc prendre cinq ans, ce qui rendra la surveillance relâchée.
Le 2 décembre 1959 est marqué par des pluies diluviennes, qui entraînent une forte crue. Les eaux du lac atteignent rapidement un niveau alarmant, tandis que des « sources » abondantes apparaissent en aval du barrage. Il serait nécessaire, par sécurité, d’en faire baisser le niveau, mais ce lâcher d’eau risquerait d’endommager le pont autoroutier en construction quelques centaines de mètres plus bas. La décision est repoussée le plus tard possible, mais la crue est telle que le résultat est inquiétant. Le lac est sur le point de déborder.
A 21h13, le barrage se rompt. Une vague de 50 m de haut déferle à 70 km/h. Elle emporte les baraquements du chantier du pont avec les ouvriers qui s’y trouvent, puis se répand dans la plaine, détruisant 15 fermes, et se charge de boue. Aux abords de Fréjus, elle dévaste les transformateurs d’EDF qui assurent l’alimentation électrique de la ville. Plongés dans le noir, ses habitants entendent un sourd grondement ; c’est l’eau qui envahit la nationale, les immeubles et la gare, puis vient se jeter dans la mer.
De nos jours, les impressionnants vestiges du barrage sont toujours visibles.
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