In Altum

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Réconciliation et pénitence

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 137)

Exhortation apostolique de Saint Jean Paul II

(extraits des n° 28 à 31)

« Le sacrement de la confession est en butte à de nombreuses menaces :

> d'un côté, l'obscurcissement de la conscience morale et religieuse, la diminution du sens du péché, la déformation de la notion de repentir, l'élan insuffisant vers une vie authentiquement chrétienne ;

> d'un autre côté, la mentalité répandue ici ou là selon laquelle on pourrait obtenir le pardon directement de Dieu, même de façon ordinaire, sans s'approcher du sacrement de la Réconciliation, et aussi la routine d'une pratique sacramentelle qui manque parfois de ferveur et de spontanéité spirituelle (…)

Il convient donc de rappeler les principaux aspects de ce grand sacrement.

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 À la plénitude des temps, le Fils de Dieu, venant comme l'Agneau qui enlève et porte sur lui le péché du monde, apparaît comme celui qui possède le pouvoir aussi bien de juger que de pardonner les péchés, et il est venu non pour condamner mais pour pardonner et sauver. Or, ce pouvoir de remettre les péchés, Jésus l'a conféré, par l'Esprit Saint, à de simples hommes, eux-mêmes sujets aux assauts du péché, à savoir à ses Apôtres : « Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus ». C'est là une des nouveautés évangéliques les plus formidables ! En conférant ce pouvoir aux Apôtres, Jésus leur donne la faculté de le transmettre, comme l'Eglise l'a compris dès l'aube de son existence, à leurs successeurs. »

Saint Jean Paul II ajoute quelques convictions de foi :

 « La première conviction est que, pour un chrétien, le sacrement de Pénitence est la voie ordinaire pour obtenir le pardon et la rémission des péchés graves commis après le baptême (…) Il serait donc insensé et pas seulement présomptueux de vouloir laisser arbitrairement de côté des instruments de grâce et de salut que le Seigneur a institués et, en l'occurrence, de prétendre recevoir le pardon sans recourir au sacrement institué par le Christ précisément en vue du pardon. »

 « La seconde conviction concerne la fonction du sacrement de Pénitence pour celui qui y recourt. Selon la conception la plus ancienne de la Tradition, ce sacrement est une sorte d'action judiciaire ; mais celle-ci se déroule auprès d'un tribunal de miséricorde, plus que d'étroite et rigoureuse justice, ce tribunal n'étant donc comparable aux tribunaux humains que par analogie (…) Mais, en réfléchissant sur la fonction de ce sacrement, la conscience de l'Eglise y voit, en plus du caractère judiciaire dans le sens déjà évoqué, un aspect thérapeutique ou médicinal. »

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 « La troisième conviction concerne les réalités ou les éléments qui composent le signe sacramentel du pardon et de la réconciliation (…) Une condition indispensable est, avant tout, la rectitude et la limpidité de la conscience du pénitent. On ne s'achemine pas vers une véritable pénitence tant qu'on ne se rend pas compte que le péché est contraire à la norme éthique inscrite au plus intime de l'être, tant qu'on n'avoue pas avoir fait l'expérience personnelle et coupable d'une telle opposition, tant qu'on ne dit pas seulement « c'est un péché », mais « j'ai péché », tant qu'on n'admet pas que le péché a introduit dans la conscience une rupture qui envahit tout l'être et le sépare de Dieu et du prochain (…) L'acte essentiel de la Pénitence, de la part du pénitent, est la contrition, à savoir un rejet net et ferme du péché commis, en même temps que la résolution de ne plus le commettre à cause de l'amour que l'on a pour Dieu et qui renaît avec le repentir (…) On comprend donc que, dès les débuts du christianisme, l'Eglise ait inclus dans le signe sacramentel de la Pénitence l'accusation des fautes. Celle-ci paraît si importante que, depuis des siècles, le nom habituellement donné au sacrement a été et est toujours celui de confession (…)

 L'autre moment essentiel du sacrement de Pénitence est, cette fois, du ressort du confesseur juge et médecin, image du Dieu-Père qui accueille et pardonne celui qui revient : c'est l'absolution. La formule sacramentelle : « Je te pardonne ... » et l'imposition de la main suivie du signe de la croix tracé sur le pénitent, manifestent qu'en cet instant le pécheur contrit et converti entre en contact avec la puissance et la miséricorde de Dieu (…)

 La satisfaction est l'acte final qui couronne le signe sacramentel de la Pénitence. Les actes de la satisfaction sont l'indice de choses importantes : ils sont le signe de l'engagement personnel que le chrétien a pris devant Dieu, dans le sacrement, de commencer une existence nouvelle ; ces actes de la satisfaction incluent l'idée que le pécheur pardonné est capable d'unir sa propre mortification corporelle et spirituelle, voulue ou au moins acceptée, à la Passion de Jésus qui lui a obtenu le pardon ; ils rappellent que, même après l'absolution, il demeure dans le chrétien une zone d'ombre résultant des blessures du péché, de l'imperfection de l'amour qui imprègne le repentir, de l'affaiblissement des facultés spirituelles dans lesquelles agit encore ce foyer d'infection qu' est le péché, qu' il faut toujours combattre par la mortification et la pénitence. »

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