Il paraît qu’être chrétien, c’est être volontairement « bonne poire » ! Cette expression peu flatteuse semble venir du fait qu’une poire bien mûre tombe toute seule, comme la personne « bonne poire » tombe toute seule dans tous les « pièges » qu’on lui tend ! L’usage de cette expression peut cependant vous coûter cher : le caricaturiste qui a osé représenter le roi Louis-Philippe sous les traits d’une poire (photos) s’est retrouvé en prison… mais depuis, la poire est devenue l’emblème de cette monarchie de Juillet… !

 Originaire d’Asie centrale, le poirier, de son nom latin « Pyrus communis » (photo étiquette), fait partie des arbres fruitiers les plus communément trouvés dans les vergers, et ce depuis l’Antiquité ! Il semble qu’il existait déjà à l’état sauvage au temps de la préhistoire. Un poirier peut facilement vivre plus de cent ans et peut atteindre, si on le laisse faire, plus de 15 mètres de haut.

 C’est un arbre de la famille des Rosacées dont les feuilles vertes, caduques et ovales, prennent généralement de belles couleurs automnales dès octobre. Les nombreuses petites fleurs blanches aux étamines rouges, réunies en grappes corymbiformes (c’est-à-dire aplaties), s'épanouissent d'avril à mai. On récolte les fruits à la fin de l’été (août – septembre).

 On dénombre plusieurs centaines de variétés de poires. La plupart des poires commercialisées aujourd’hui résultent de croisements effectués aux XVII^e et XVIII^e siècles.

 Une des plus connues est la « poire William’s »… Mais saviez-vous qu’avant de passer la Manche à la fin du XVII^e siècle, elle avait pour nom en France « Bon-Chrétien » ? On doit ce nom à saint François de Paule que Louis XI avait fait appeler sur son lit de mort pour le guérir. Saint François de Paule offrit au roi une semence de poirier de sa Calabre natale avec instructions de la planter et d’en prendre grand soin. C’est alors que le poirier fut baptisé «  Bon-Chrétien ».

 La poire Bon-Chrétien deviendra la poire préférée de Jean-Baptiste de La Quintinie, agronome mort en 1688, jardinier du roi Louis XIV et créateur du Potager du Roi à Versailles. Le poirier Bon-Chrétien est très résistant, il peut supporter une température descendant jusqu’à -15°C. Par contre, il n’est pas autofertile, il a besoin d’un poirier pollinisateur planté à proximité pour améliorer sa fructification.

 Avec 85 % d’eau, la poire est un fruit désaltérant, qui contribue à la bonne hydratation de l’organisme. D’où l’expression « Garder une poire pour la soif » : une personne ayant soif et qui n’a pas d’eau pourra satisfaire son besoin en mangeant une poire. L’expression signifie donc « être prévoyant ». La poire est également une source de vitamine C et elle facilite la digestion grâce à ses fibres.

 Dernière petite histoire pour la route : celle du dicton « je l’ai connu poirier » ! Ce dicton, dont on se sert en parlant d’un parvenu orgueilleux, vient d’une ancienne histoire : il y avait, dans une chapelle de village aux environs de Bruxelles, un « saint Jean » fait en bois, auquel les paysans portaient une grande dévotion. Ils y venaient en pèlerinage de dix lieues à la ronde. La statue vermoulue tombant en miette, le curé prit le parti de couper son poirier pour en faire faire une nouvelle… Mal lui en prit ! La dévotion stoppa nette… Interrogé, un paysan répondit : « C’est que je l’avons vu poirier, Monsieur l’curé ! »

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Source : ; © Peter O'Connor aka anemoneprojectors > ici le lien