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Les Contes de Perrault

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 141)

« Mais hélas qui ne sait que ces loups doucereux, de tous les loups sont les plus dangereux ? » (morale du Petit Chaperon rouge)

Le Chat botté, Cendrillon ou le Petit Poucet : qui ne peut réciter par cœur ces histoires devenues incontournables de nos écoles maternelles ? Chacun peut aussi évoquer Peau d’Âne, Barbe-bleue ou encore La Belle et la Bête… mais qui pourrait citer les morales en vers de ces contes, ou dire quelque chose de leur auteur, dont le nom reste, après trois siècles, synonyme d’enchantement ?

 

Tour à tour traducteur de la Bible, avocat, commis chez son frère, receveur général des finances, Charles Perrault (à droite) ne peut cacher son goût pour la poésie. Chargé par Colbert de la politique artistique et littéraire de Louis XIV, il distribue des pensions aux écrivains et aux savants, contribuant à la fondation de l’Académie des sciences. Entré à l’Académie française, c’est lui qui donne l’idée des élections par scrutin anonyme.

 

En 1687, Charles écrit un poème intitulé Le Siècle de Louis le Grand, qui inaugure la Querelle des Anciens et des Modernes. Perrault, qui est le chef de file des Modernes, y explique par une loi de la nature l’égalité entre les différents âges, qui fait que les grands hommes et les génies se trouvent de tous temps. Il conclut que le XVIIe siècle étant supérieur à tous les autres par la perfection de son roi et de sa religion, les œuvres créées par ses contemporains à la gloire de Louis XIV et de la Chrétienté sont forcément supérieures à tout ce qu'ont produit les siècles passés.  Il s'attaque particulièrement à Homère et aux autres poètes classiques, qu'il juge surestimés et médiocres. À cette lecture, certains académiciens, qui y voient une flatterie pour eux-mêmes, applaudissent vivement. Mais Boileau se lève, furieux, soutenu par Racine…

 

Ayant perdu à la fois sa femme et son poste à l’Académie, Charles décide de se consacrer à l’éducation de ses enfants et écrit Les Contes de ma mère l’Oye, sous le nom de son jeune fils, Perrault d’Armancourt. Son but n’est pas de conter de jolies histoires superficielles, mais de présenter agréablement l’éducation morale. Le genre des contes de fées est à la mode dans les salons : les membres de la haute société assistent aux veillées populaires et prennent note des histoires qui s’y racontent. Son recueil est à la fois d’inspiration orale (la Mère l’Oye est la nourrice qui raconte des histoires aux enfants) et littéraire (Boccace avait écrit une première version de Griselidis). De cette matière déjà existante, Perrault fait des outils d’éducation de la jeunesse : chaque conte s’achève par une moralité pleine d’esprit.

 

On connaît mal la version originale des contes de Perrault. Ainsi, son Petit chaperon rouge et sa grand-mère finissent mangés par le loup : la version où le chasseur les sort du ventre est de Grimm. Chez ce dernier, le baiser du prince éveille la Belle au bois dormant, mais chez Perrault, elle se réveille toute seule après que le prince s'est agenouillé près d'elle. De même, un doute plane sur la fameuse pantoufle de Cendrillon : ne serait-elle pas en vair, c’est-à-dire en fourrure ? Bien que Balzac ait rationalisé le conte en prétendant cela (idée reprise par Littré dans son dictionnaire), il s'agit bien, chez Perrault, d'une pantoufle de verre !

 

Malheureusement, la postérité semble n’avoir gardé de Perrault que ce qu’il appelait le « conte tout sec », c’est-à-dire l’histoire faite pour amuser. Mais en réalité, les moralités de Perrault sont tout aussi essentielles à ses contes qu’aux Fables de La Fontaine...

 

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