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La Micheline

Publié le dans la rubrique (In Altum n° 148)

Beaucoup de personnes (moins peut-être aujourd’hui), ont entendu parler de la « Micheline », ce fameux autorail bicolore qui a sillonné les chemins de fer français pendant des décennies. C’est improprement que le terme a cependant été employé ; il désignait initialement la gamme très originale des autorails sur pneus, mis au point et commercialisés par Michelin dans l’entre-deux-guerres.

En 1929, la firme clermontoise, qui cherche de nouveaux débouchés pour ses produits, dépose le brevet du pneu-rail, inspiré par l’inconfort lié au bruit et aux vibrations, des longs trajets en train. L’idée est d’utiliser les pneus de voiture, alors très étroits, pour assurer le roulement, tandis que le guidage est assuré par une excroissance de la jante. Dès le début, deux inconvénients majeurs apparaissent : d’une part, les pneus acceptent des charges beaucoup plus faibles que les roues métalliques classiques, ce qui implique leur multiplication, d’autre part, le caoutchouc, non conducteur, ne permet pas de déclencher les circuits de signalisation au passage de l’autorail, impliquant l’ajout d’un dispositif spécial.

Les premiers modèles sont très originaux : une voiture dont la direction est bloquée est couplée à une carlingue d’avion (légère), le tout monté sur les fameux pneus. Pour lancer son produit, Michelin en assure la publicité par l’organisation d’un voyage Paris-Deauville, qui est un succès. L’autorail démontre ses performances en termes d’accélération-décélération et de vitesse de pointe (107 km/h).

Dès lors, la production est lancée, car les commandes affluent. Pour les honorer, Michelin est même obligé de recourir à des sous-traitants. Le modèle initial se modernise, s’allonge pour accueillir jusqu’à une centaine de passagers, gagne en puissance et, surtout, adopte les codes du gabarit ferroviaire. Les équipes de Michelin se chargent de la conception et de la fabrication, excepté celle du moteur, toujours emprunté à un fabricant spécialisé. Un certain nombre d’autorails sont commandés pour les colonies, où, bien souvent, le chemin de fer est le seul moyen de transport digne de ce nom. Ces machines sont alors adaptées aux écartements de voie plus faibles qu’en métropole.

Au total, Michelin aura livré cinquante et un autorails entre 1934 et 1937. Après la guerre, il n’y en a cependant presque plus aucun en service, et les six derniers furent retirés du service en 1953. Seul, à Madagascar, un modèle restauré resta en service jusqu’en 1980. L’autorail sur pneus, doté d’indéniables qualités de confort et de conduite liées directement à sa spécificité, eut en fait comme principal obstacle, outre les limites mentionnées plus haut, d’être né à l’aube d’une guerre, qui rime toujours avec pénurie de carburant et de pneumatiques. Il fut aussi confronté à la concurrence directe de Dunlop à partir de 1935. Le fabricant anglais développa un ingénieux système rail-route pour les véhicules ordinaires, mais aussi, pour les autorails, un couplage roues à pneus/roues ferroviaires permettant de cumuler les qualités des deux types. Retiré du service en 1949, ce type d’autorail a légué son système à de nombreux métros, jusqu’à aujourd’hui.

Crédit photo : https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23096480 - Par Auteur inconnu — old image, CC BY-SA 3.0

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