Délice, l’odeur de tes parfums (Ct 1, 3)
Toute petite et discrète, c’est la fleur de l’humilité, et c’est souvent par son parfum qu’on la découvre bien avant que de la contempler ! Pourtant là encore, elle brille par son humilité car, pour envoûtant qu’il soit, à l’état naturel son parfum est très éphémère : en effet, il a la particularité d’endormir en partie les récepteurs olfactifs, ce qui oblige à attendre quelques minutes pour pouvoir à nouveau le respirer. Elle ? C’est la violette, vous l’aurez deviné !
La violette possède bien des vertus. Dès l’Antiquité, on la transformait en pommade et en tisane afin de lutter contre les problèmes respiratoires et la toux. Et après leurs longues festivités, il n’était pas rare que les Romains arborent une couronne de violettes, permettant d’apaiser les migraines. On a découvert plus tard qu’elles contenaient en fait de l’acide salicylique, principal composé de l’aspirine… (cf. In Altum n°125 !) Entre autres propriétés, la violette est également reconnue comme un très bon anti-inflammatoire.
Très prisées à la Cour depuis Henri IV, les violettes se retrouvèrent tout naturellement dans le Potager du Roy à Versailles, en bordure des carrés de légumes, et, de là, sur les tables du palais (car la violette est aussi comestible !). La Quintinye (photo) a rapporté comment il en élevait certaines variétés de couleur rose, blanche ou bleue, pour la gloire du grand Roi, Louis XIV.
La violette double et parfumée, dite de Parme, s’est installée en 1755 dans la région de Grasse où elle fut utilisée en parfumerie. Fleur dite « parfaite » – tant pour sa beauté que pour son parfum et ses bienfaits – elle est alors renommée dans toute l’Europe et sa culture devient l’une des plus importantes productions hivernales. Pendant la Révolution Française à Paris, la violette connut un tel succès que les bouquetières qui en vendaient au coin des rues étaient taxées et leur commerce, très réglementé. Quant à la violette de Toulouse, elle a commencé à être cultivée dans les années 1850 au nord de la ville rose.
La violette est une herbacée vivace de la famille des Violacées appartenant au genre Viola, tout comme la pensée. On l’appelle aussi « herbe de la Trinité », peut-être parce que ses graines sont enfermées dans de petits écrins qui s’ouvrent en trois parties reliées au centre à maturité. Il existe de nombreuses espèces de violettes, et toutes ne sont pas parfumées. La violette odorante (Viola odorata) fleurit de mars à juin, un peu partout en France et en Europe : à vous de la chercher !
Dans les légendes que l’on raconte aux alentours de Dinan, on dit que lorsque dans une touffe de violettes il s'en trouve une blanche, c’est que la Vierge l'a touchée de son manteau… Mais la violette est aussi présente dans les enseignements des saints ! Saint François de Sales désirait que les Visitandines soient comme des violettes au pied de la Croix de Notre-Seigneur : de petites fleurs humbles qui exhalent pour Lui leur parfum. Quant à Sainte Faustine, elle écrivait : « Comme la petite violette cachée dans l’herbe ne blesse pas le pied qui la foule, mais exhale son parfum, ainsi, m’oubliant moi-même, je tâcherai de faire plaisir à la personne qui m’a foulée aux pieds. C’est très dur pour la nature, mais la grâce de Dieu me vient en aide. »
Puisse la violette nous enseigner, à nous aussi, l’humilité et l’oubli de nous-mêmes !
Sources : Interflora Petit Journal n°255
Crédit photo : https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=43067407 Par Djampa — Travail personnel, CC BY-SA 4.0