Edmond Michelet (1899-1970) (I)
« Désarmons la haine ! »
« Il nous demandera si nous avons employé nos forces à rendre service au prochain. » Cette phrase du Curé d’Ars, inscrite au-dessus de la tombe d’Edmond Michelet, résume bien toute sa vie. Au service de ses frères, il le fut particulièrement en tant qu’homme politique chrétien. Comment la divine Providence le prépara-t-elle à cette difficile mission ?
Né à Paris en 1899, de parents commerçants, Edmond a passé son enfance et sa jeunesse à Pau. Au cours de son service militaire à Brive-la Gaillarde (Corrèze), il rencontre Marie Vialle, qu’il épouse en 1923. C’est à Brive qu’ils s’installent et élèvent leurs sept enfants. Edmond, qui était courtier en alimentation, s’engage très jeune dans la vie associative chrétienne. C’est donc en chrétien qu’il entre dans la résistance contre le nazisme. Espagnols en 1936, Juifs Allemands, Autrichiens, tous les réfugiés se sentent chez eux dans la maison des Michelet. Il écrira en 1950 : « J’ose dire que l’esprit de la Résistance était à l’extrême opposé de la haine et de la vengeance. Et je ne crains pas d’en appeler au témoignage de tous nos morts. C’est d’une France maternelle pacifiée et réconciliée avec elle-même qu’ils rêvaient. » Le 17 juin 1940, il diffuse un tract tiré de Péguy, pour appeler les Brivistes à combattre le nazisme. Trahi, il est arrêté par la Gestapo le 25 février 1943. 6 h 30 : angélus, lever, exercices physiques. 7 h : jus avec casse-croûte, grande toilette. 8 h : prière du matin, chapelet. 8 h 45 : lecture de la Bible jusqu’à 10 h, messe chantée, chemin de Croix, litanies de la Ste Vierge. Midi : angelus, soupe. 12 h 45 : sieste ou lecture. 16 h : jus puis relecture. 19 h : collation, rosaire, vêpres chantées, cantique à la Ste Vierge, chant du Salut, prière du soir. 22 h 30 : grande toilette ; étendu sur sa paillasse, complies et angélus. Non, vous ne venez pas de lire la règle de vie d’un moine, mais l’emploi du temps qu’Edmond s’est fixé pendant ses six mois d’incarcération à Fresnes ! On retrouvera sur le mur de sa cellule, gravé avec la pointe d’une fourchette : « Ma grâce te suffit. ». A sa femme il écrit : « Je te demande de ne parler à personne des gens de Brive qui m’ont envoyé ici. Je leur pardonne de tout mon cœur et je te supplie d’en faire autant (‘Et Moi je vous dis : aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous maltraitent.’). N’oublions pas que c’est à un travail de réconciliation que nous sommes appelés. N’élargissons pas les fossés. Calme, discrétion, charité chrétienne». « Ah ! que je voudrais pouvoir dire avec autant de foi que le héros claudélien : ‘Je n’ai faim que de la volonté de Dieu.’ » (Lettre d’Edmond Michelet à sa femme, depuis la prison de Fresnes, 1943 »). Lorsqu’après la libération le Général de Gaulle sera critiqué pour avoir gracié un ancien agent de la Gestapo, Edmond écrira pour le défendre un article intitulé : « La haine, c’est l’hiver du cœur. » Il nous reste à découvrir comment Edmond a continué à vivre à fond l’Evangile au camp de Dachau puis dans sa carrière politique… Pour la suite cliquez ici