Peut-on encore parler de sport ?
Réflexion chrétienne sur le sport aujourd’hui...
Le 27 septembre 2012, Benoît XVI s’adressait en ces termes au 32ème congrès international de médecine du sport. « Le succès, la célébrité, les médailles et l’appât du gain deviennent parfois, le premier, voire le seul objectif dans le monde du sport. Il a pu aussi arriver que parfois l’idée de gagner à tout prix ait pu remplacer le véritable esprit du sport et ait conduit à des abus et à des utilisations incorrectes des moyens dont dispose la médecine moderne. » Eh oui ! Notre pape a bien raison, aujourd’hui on ne peut pratiquement plus parler de sport de haut niveau, sans associer les mots argent, dopage et idoles. Nous en avons eu encore la preuve récemment avec l’affaire du meilleur handballeur français. La société, en effet, a érigé en divinité païenne le pauvre Nikola Karabatic, qui n’est qu’un champion de handball, un homme comme les autres. On produit en permanence des idoles, sportifs, chanteurs, comédiens, animateurs qui, en réalité, ne s’avèrent être que des hommes, pas souvent très exemplaires… Jadis, les modèles du saint, du héros, de l’“honnête homme”, du savant, du sage, équilibraient la fascination pour le riche. Désormais, l’argent est l’étalon unique de la société, des joueurs de foot en arrivent à dire qu’ils sont « très fiers d’être les joueurs les mieux payés du championnat français ». Aujourd’hui, le sport de haut niveau vise essentiellement une chose : la performance, l’obtention de résultat de plus en plus faramineux afin d’être « le meilleur ». La logique sportive est donc devenue une logique de l’efficacité ; seul compte le résultat, la fin, et, dans une telle logique, la fin finit souvent par justifier les moyens, aussi répréhensibles puissent-ils être aux yeux de la morale. Bien évidemment, il y a des règles, une loi qui met d’emblée tout le monde à égalité, et interdit justement d’utiliser n’importe quel moyen pour parvenir à ses fins, et il y a des arbitres pour veiller à ce qu’elle soit respectée, mais puisque seule la fin , le résultat, compte vraiment, on passe au dessus de tout cela sans problème…Ou est passé l’âme du sport ? Où sont les vraies valeurs du sport ? A l’origine, pratiquer un sport, faire travailler son corps au même titre qu’on doit faire travailler son esprit, quoi de plus légitime et éducatif ? Le sport, quand il n’est pas dénaturé par l’argent, le dopage ou autres, est porteur d’une vraie morale. Il nous enseigne à être plus fort, plus courageux, à savoir imposer sa volonté à son corps, et donc à être un « gagneur », un « battant ». D’un autre coté il nous aide à connaître et accepter nos limites, à savoir perdre, être « fair play » et respecter l’autre. Comme le disait notre pape : "à travers l'activité sportive, une personne comprend mieux que son corps ne peut pas être considéré comme un objet (...) mais qu'il lui permet de s'exprimer et d'établir des relations avec les autres. De cette manière, l'équilibre entre la dimension physique et spirituelle porte à ne pas idolâtrer le corps mais à le respecter."