Les chrétiens à l'école du courage
Rencontre du Pape François avec des élèves
Lors d’une rencontre avec quelques 9.000 représentants des écoles jésuites d’Italie et d’Albanie, le Pape François, mettant de côté son discours préparé, a improvisé un dialogue spontané avec les jeunes présents à cette occasion. In Altum vous en propose ici deux extraits. La grandeur de l’école ? « Chers jeunes, si je vous demandais à présent : pourquoi allez-vous à l’école, que me répondriez-vous ? Il y aurait probablement de nombreuses réponses selon la sensibilité de chacun. Mais je pense que l’on pourrait résumer le tout en disant que l’école est l’un des milieux éducatifs dans lequel on grandit pour apprendre à vivre, pour devenir des hommes et des femmes adultes et mûrs, capables de marcher, de parcourir la voie de la vie. Comment l’école vous aide-t-elle à grandir ? Elle vous aide non seulement à développer votre intelligence, mais ce en vue d’une formation intégrale de toutes les composantes de votre personnalité. Selon ce que nous enseigne saint Ignace, dans l’école, l’élément principal est d’apprendre à être magnanime. La magnanimité : cette vertu du grand et du petit (Non coerceri maximo contineri minimo, divinum est), qui nous fait toujours regarder l’horizon. Que signifie être magnanimes ? Cela veut dire avoir un grand cœur, avoir une grandeur d’âme, cela veut dire avoir de grands idéaux, le désir d’accomplir de grandes choses pour répondre à ce que Dieu nous demande, et précisément pour cela, bien accomplir les choses de chaque jour, toutes les actions quotidiennes, les engagements, les rencontres avec les personnes ; faire les petites choses de chaque jour avec un cœur grand ouvert à Dieu et aux autres. Il est important alors de soigner la formation humaine visant à la magnanimité. L’école n’élargit pas seulement votre dimension intellectuelle, mais également humaine (…) » Etre libre pour le bien « Avant tout : soyez des personnes libres ! Qu’est-ce que je veux dire par là ? On pense peut-être que la liberté signifie faire tout ce que l’on veut, ou bien s’aventurer dans des expériences extrêmes pour ressentir une sensation d’ivresse et vaincre l’ennui. Mais cela n’est pas la liberté. La liberté signifie savoir réfléchir sur ce que nous faisons, savoir évaluer ce qui est bien et ce qui est mal, quels sont les comportements qui font grandir, cela signifie choisir toujours le bien. Nous sommes libres pour le bien. Et en cela, n’ayez pas peur d’aller à contre-courant, même si cela n’est pas facile ! Être libres pour choisir toujours le bien est exigeant, mais cela fera de vous des personnes courageuses, qui savent affronter la vie, des personnes animées de courage et de patience » Vendredi 7 juin 2013
A contre courant...
À vous les jeunes, je dis : N’ayez pas peur d’aller à contre-courant, quand on veut nous voler l’espérance, quand on nous propose ces valeurs qui sont avariées, des valeurs comme un plat qui n’est plus bon, et quand un plat n’est plus bon, il nous fait mal ; ces valeurs nous font mal. Nous devons aller à contre-courant ! Et vous les jeunes, vous êtes les premiers : allez à contre-courant et ayez cette fierté d’aller précisément à contre-courant. En avant, soyez courageux et allez à contre-courant ! Et soyez fiers de le faire ! » (Angélus du 23 juin 2013) "La vie chrétienne n'est pas une thérapie terminale pour rester en paix jusqu'au ciel" Aux « privilégiés » assistant à la messe en semaine à la chapelle sainte Marthe du Vatican, le Saint Père a proposé cette courte et décapante méditation. «La vie chrétienne n’est pas une thérapie terminale pour rester en paix jusqu’au ciel. La vie chrétienne se vit sur la route, sur la vie, avec cette hâte de Saint Paul. L’amour du Christ possède, pousse, presse » le croyant, avec cette « émotion » de voir combien « Dieu aime » l’homme. Le zèle apostolique ne consiste pas à devenir « prosélytes » ni à « faire des statistiques » sur l’augmentation des catholiques : « Les statistiques sont bonnes, elles aident, mais devenir des prosélytes n’est pas ce que Dieu attend [des baptisés] ». « Ce que le Seigneur veut, c’est l'annonce de la réconciliation, qui est le noyau de son message : Christ s’est fait péché pour moi et les péchés sont là, dans son corps, dans son âme. Ceci rend fou mais c’est beau : c’est la vérité. C’est le scandale de la croix ». Samedi 15 juin 2013
Le Pape prêche...la révolution !
En inaugurant le 17 juin au soir le congrès de fin d’année pastorale de son diocèse, l’évêque de Rome a adressé à ses fidèles une exhortation quelque peu « révolutionnaire »… Les chrétiens sont « révolutionnaires » : « un chrétien qui n’est pas révolutionnaire n’est pas chrétien » : « la grâce que le Père donne à travers Jésus-Christ fait [des chrétiens] des révolutionnaires », des hommes qui sont « tous pécheurs (…) et transformés en saints ». Pour devenir saints, a-t-il poursuivi, nul besoin d’avoir « un visage d’image pieuse : une seule chose est nécessaire : accueillir la grâce que le Père donne en Jésus-Christ », grâce qui « ne s’achète pas et ne se vend pas » mais qui est donnée « gratuitement ». De même, le chrétien doit la donner gratuitement. Dans cette « société cruelle », le pape a exhorté à « offrir l’espérance chrétienne par son témoignage » : le chrétien « ne peut pas être indifférent ». Mais il ne doit pas non plus être « prosélyte ». L’Evangile « est comme une semence ; tu le sèmes... C’est Dieu qui le fait grandir ». Pour semer l’Evangile, il s’agit d’aller « aux frontières », d’aller « vers la chair de Jésus qui souffre », c’est-à-dire non seulement « les pauvres », mais aussi « ceux qui ne connaissent pas » le Christ, ceux qui vivent « aux périphéries existentielles de l’intellect, de la culture… l’Evangile est pour tous », a insisté le pape. « Le chrétien doit être courageux » et « aller de l’avant » sans se lamenter, a-t-il mis en garde. Il ne peut se contenter d’être « fermé », a-t-il poursuivi, car aujourd’hui, à la différence de la parabole de la brebis perdue, l’Eglise a « une brebis » et il « en manque 99 ! ». Il est donc urgent de « sortir » pour « trouver les 99 autres ». C’est une « grande responsabilité », qui exige de la « générosité », car il est « plus facile de rester chez soi avec la brebis unique… de la caresser, de la brosser … mais le Seigneur nous veut pasteurs, pas brosseurs de brebis ». Ce travail d’évangélisation « n’est pas facile » car l’adversaire, l’ennemi, instille dans les cœurs la « déception », des « graines de pessimisme et d’amertume », a ajouté le pape, exhortant à « se préparer au combat spirituel : on ne peut prêcher évangile sans une lutte de tous les jours ». Lundi 17 juin 2013