Bienheureux Karl Leisner (1915-1945) (2/3)
(Voir le début publié en février 2014) Karl a donc 19 ans lorsqu’il commence ses études. Physiquement, c’est un garçon carré, athlétique, mesurant 1m 80. Intellectuellement, il dépasse le lot commun par sa croissance spirituelle rapide. Le 5 mai 1934, Karl entre au Collegium Borromäum de Münster, « une boîte où tout est net et bien réglé », selon ses propres termes. Après y avoir passé deux ans, Karl choisit, pour y étudier durant une « année libre », l’université de Freiburg im Breisgau, où il arrive le 30 mars 1936. C’est à la Pentecôte de la même année qu’il va à Rome avec deux camarades. Un de leurs professeurs leur a remis une lettre de recommandation pour le Pape. Alors que Karl et ses deux amis se promènent, une limousine s’arrête à leur hauteur. Son occupant, le cardinal Caccia, les interpelle par leurs noms et les invite à déjeuner à la Secrétairerie d’Etat pour le lendemain. En les voyant entrer dans son bureau, Pie XI s’écrie : « Fioretti Germaniae ! Des fleurs d’Allemagne ». Le lendemain, les trois compagnons assistent à la Messe pontificale. Karl vit un des moments les plus intenses de sa vie. De retour à Freiburg, un matin à la messe, une dame lui propose de loger chez elle, demandant en contrepartie que le séminariste s’occupe de ses neuf garçons, dont six deviendront prêtres. La fille aînée, Elisabeth, aide sa maman dans les tâches quotidiennes. Pour Karl commence alors un combat douloureux, car il se demande si sa vocation ne serait pas plutôt de fonder un foyer avec la jeune fille. Lorsque celle-ci l’apprendra, elle encouragera Karl à choisir le sacerdoce. En mars 1937, le jeune homme est convoqué au Service du travail. Il doit assainir les marécages du Nord de l’Allemagne. Les deux années de station dans l’eau boueuse, le froid, les nuits à même le sol, déclenchent des rhumatismes qui s’aggravent. Karl retourne alors au Borromäum, pour sa dernière année avant l’entrée au Grand Séminaire. Le 25 mars 1939, il est ordonné diacre et devrait recevoir l’Ordination Sacerdotale la même année. Mais des examens à la clinique universitaire prouvent qu’il a la tuberculose. Karl entre alors au Sanatorium de Sankt Blasien, en Forêt Noire. Au dehors, la guerre commence. Le 9 novembre 1939, un attentat contre Hitler a lieu à Munich. Un camarade rapporte la nouvelle à Karl, ajoutant : « Hitler est sain et sauf ! » Un seul mot va alors sceller le destin de Karl : « Schade ! » Dommage ! Le camarade rapporte le propos de Karl à la direction. Le soir même, celui-ci se retrouve en prison à Freiburg. A Noël, il reçoit un colis d’Elisabeth : le cingulum, ceinture des vêtements sacerdotaux, sur lequel elle a brodé « vinctus Christi », prisonnier du Christ. Le 16 mars 1940, il est interné à Sachsenhausen. Le 13 décembre 1940, un convoi de déportés, tous prêtres ou séminaristes, dont fait partie Karl, se dirige vers Dachau, où Himmler, chef des SS, a décidé de les y regrouper pour les exterminer. 2600 prêtres vont s’y retrouver. (À suivre - Merci à Anne-Françoise!)